Adaestuo - Tacent Semitae
Chronique
Adaestuo Tacent Semitae (EP)
Suite à une cuvée 2015 riche en bonnes sorties, beaucoup pensait – moi y comprise – que 2016 allait être décevante. Mais, force est de constater que les groupes nous ont donné tort avec des nouvelles entités arrivant de nulle part et balayant tout sur leur passage (Ustalost notamment). Adaestuo fait donc partie de ces formations fraîchement formées, débarquant avec son premier EP, intitulé Tacent Semitae, comme mise en bouche. Délivrant un univers tant dark que torturé et jouant sur le mystère, le trio a néanmoins signé chez World Terror Committee Productions pour la parution de ce court format. Ajoutez à cela que parmi ses membres se trouvent l'artiste polonaise Hekte Zaren (également vocaliste dans Hexenwolf ou encore Hoarfrost) ainsi que VJS (Sargeist, ex-Nightbringer, ex-Incursus) et voilà votre curiosité piquée au vif.
Le nom du groupe laissait présager un lien avec Incursus (cité plus haut), faisant le rapprochement avec leur EP Adaestuo. L'écoute de Tacent Semitae va rapidement conforter cette première impression. En effet, vous retrouvez ici ce même mélange entre Black Metal et Dark Ambient (renvoyant au premier album de Spektr) porté par des riffs dissonants, des guitares grésillantes à souhait, des alternances entre rage incontrôlée et accalmies à la fois douces mais menaçantes, morceaux black (« The Abyss (Otchłań) ») et morceaux purement ambient (« Cicatrices Plexae (Scar-Braids) »). Bref, Adaestuo semble reprendre les affaires là où Incursus les avaient laissées, en y apposant toutefois sa touche personnelle. Un fait qui vous saute aux oreilles d'entrée de jeu sur le titre introductif avec cette production toujours organique mais davantage puissante et métallique, faite pour vous éprouver, couplée à une réverbération omniprésente ainsi que des ambiances funestes plus grandiloquentes – me rappelant personnellement le Satanic Art de Dødheimsgard. Le trio souhaite vous pousser dans l'antre de la folie et y met les formes, ne tablant pas uniquement sur les passages raw et ravageurs (cf. « The Abyss (Otchłań) » et « Destroyer of Constellations (Niszczyciel Gwiazdozbiorów) »).
En effet, aux côtés de mélodies accrocheuses ainsi que de riffs incisifs et dissonants tournant en boucle viennent donc se greffer des ambiances spectrales prenantes, des passages low tempos occultes entêtants mais également des parties dark ambient personnifiant vos démons intérieurs – à l'image de l'artwork. En résulte un ensemble paradoxal, à la fois horrifique et terriblement enjôleur, surligné par les parties vocales de Hekte Zaren. Passant avec aisance du chant black au chant clair, cette dernière étonne par ses variations de timbres, renforçant les aspects singulier et hypnotique dégagés par les compositions du groupe. Durant l'écoute de Tacent Semitae, elle paraît revêtir divers costumes allant de la prêtresse démoniaque à une aliénée (m'évoquant Diamanda Galas) ou encore à une revenante – proche de Aghast – avec ses vocaux froids et désincarnés (notamment sur « Tacent Semitae (Silent Paths) »), tout en restant cohérente. Cet atout majeur permet à Adaestuo d'approfondir davantage son propos et de donner du relief à son œuvre, tirant ainsi un peu plus son épingle du jeu. Une œuvre d'un noir profond, malsaine et dérangeante, qui sonde votre âme afin d'en faire jaillir sa part la plus sombre.
Malgré l'influence assez prononcée de Incursus, la formation arrive par de petits éléments à se forger sa propre identité, délivrant un premier EP complexe et prometteur. Seules ombres au tableau : un dernier titre tirant en longueur et la courte durée (20 minutes tout de même) ne seyant pas vraiment au style, laissant un léger sentiment de frustration.
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