Déjà un nouvel album de Dehumanized?! Ah on me dit dans l'oreillette que le dernier est tout de même sorti en 2012... Encore un truc qui me rappelle à quel point le temps passe vite! Mais on n'est pas là pour déblatérer sur ça comme des petits vieux. On est là pour rattraper un peu le retard sur les bonnes sorties (brutal) death de l'année passée. En ça, Dehumanized n'a pas fait de la figuration. Les Américains avaient déjà surpris tout le monde en revenant d'entre les morts avec un
Controlled Elite savoureux. Sur ce
Beyond The Mind sorti en octobre dernier via Comatose Music, l'effet de surprise ne jouait plus et le groupe était attendu au tournant. Pas un problème pour la formation qui confirme son retour en forme par une bonne tatane de New York Death Metal dans la tronche.
On peut déjà voir que Dehumanized s'est surpassé pour la pochette d'une laideur assez incroyable. Un concurrent de poids au dernier Metallica pour le titre d'artwork le plus moche de 2016 (je vote les Mets quand même). Une habitude pour le désormais quatuor (le guitariste Paul Tavora, pas remplacé, a pris la tangente) dont le bon goût visuel reste discutable après trois full-length et autant de covers hideuses. Par chance, musicalement, le talent du combo d'outre-Atlantique n'est pas à remettre en cause. Continuant sur la lancée d'un
Controlled Elite moderne, musclé et tapageur, le groupe remet ça sur ce nouveau méfait d'une qualité similaire. C'est à dire qui bute des culs, dans un genre de death metal typique pas le plus populaire mais qui a le mérite de se montrer d'une efficacité à toute épreuve. Depuis le fameux
Prophecies Foretold (1998), Dehumanized est un des plus dignes représentants du courant NYDM, du death de rue teinté de hardcore, orienté groove et gras. Du death qui racaille même si pas autant que papa Internal Bleeding et qu'on pourrait presque qualifier de deathcore si ce n'était pas devenu un gros mot. Sur
Beyond The Mind, les Américains ne réinventent rien, ni même ne surprennent (bon allez, l'intro en arpèges du titre d'ouverture "Worthless Prosperity, et encore). Ils utilisent la même recette que d'habitude, sans dévier d'un poil. Donc non, ce n'est pas original, non, ce n'est pas inventif. Mais peu importe car celui qui recherche ça n'aura pas l'idée saugrenue d'écouter cet album. Celui qui sait à quoi s'attendre et n'attend que ça par contre, il va kiffer grave sa maman! Vous connaissez l'expression c'est con mais c'est bon? Eh bien elle s'applique très bien à Dehumanized et sa nouvelle galette. C'est bœuf, avec tout un tas de semi-blasts et de blast-beats sur une production claire et puissante parfaite pour le style. Le son de batterie se révèle toutefois un poil trop synthétique et je regrette qu'il y ait davantage de semi-blasts que de vrais bons gros blasts. Cela dit, ils donnent un côté nerveux à la musique qui colle très bien à l'ambiance. Les Américains aiment bien aussi le tchouka-tchouka thrashy entraînant, ce qui me va tout à fait. Ça mitraille donc pas mal, tout en restant bien sûr groovy à mort. Rien que par les vocaux pas forcément très puissants mais assez gras et rythmés sans tomber dans l'ultra guttural de bidet qui se débouche inaudible. Rayon chant, on notera d'ailleurs comme sur l'album précédant quelques invités en les personnes de Danny Nelson (Malignancy) sur "Black Market 2099", Eston Browne (Gigan) sur "P.C.C.R." et à nouveau l'ex-membre John Collett (Success Will Write Apocalypse Across The Sky) sur "Drawn By Blod", lui qui donne aussi un coup de main pour le live. La basse n'est pas non plus en reste question groove grâce à un mix en avant et à plusieurs séquences sur lesquelles elle est mise à l'honneur. Mais bien sûr ce sont les guitares qui font la majorité du boulot. Que serait le NYDM sans ces slam parts neuneus à la Internal Bleeding voire Devourment, qui donnent envie de bouger la tête comme si on écoutait du rap. Vite répétitives néanmoins, Dehumanized a la bonne idée de ne pas en abuser (vu que ça balance aussi la masse de passages enlevés), même si la dernière partie de l'opus se montre plus slammy que le reste. Du coup, l'efficacité se fait optimale. Le combo propose aussi des séquences saccadées modernes assez bateaux mais là aussi, utilisées avec parcimonie, elles n'ont quasiment que de bons effets.
J'ai dit que c'était con et c'est vrai que l'on a entendu plus complexe comme musique, qui tourne surtout sur l'efficacité et le groove. Mais d'un côté, ce n'est pas si bas du front que ça. J'entends par là qu'il y a tout de même du boulot derrière et ça s'entend. La vraie différence que propose Dehumanized par rapport aux formations de la sorte, ce sont les riffs. De vrais bons riffs death, souvent en tremolo, travaillés un tant soit peu et avec un minimum de "mélodie". Ceux des slams parts se font bien sûr plus simplistes mais les riffs des moments plus rapides ont vraiment quelque chose à proposer. "Abyss Ambassador" et son ambiance sombre est par exemple très bien foutu. "Beyond The Mind", "The First Immortal" et "Drawn By Blood" ne déméritent pas non plus. Tous les morceaux sont de toute façon réussis. Le groupe évite aussi les éternelles harmoniques sifflées qui ont vite le don de m'irriter. Il y en a bien quelques-unes mais elles restent très discrètes. Pas de samples non plus à part deux-trois qui ne prennent pas beaucoup de place et sont plutôt bien choisis (
Total Recall au début de "Black Market 2099" et
Halloween (2007) sur l'intro de "One North"). Pas de solo non plus par contre (à part un semblant de lead sur "Last Words"). Les morceaux n'en ont de toute façon pas besoin.
Parce qu'ils sont très biens comme ça. Ça tabasse, ça slamme et ça riffe comme il faut sur un peu moins de quarante minutes de NYDM jouissif ultra efficace qui donne envie de casser la gueule du premier mec qui te fera un peu chier aujourd'hui. Ou juste de mosher dans ta chambre si t'es pas très costaud ou que tu sors pas aujourd'hui parce qu'il fait pas beau. Dehumanized avait marqué son retour par un
Controlled Elite réussi, il enfonce le clou sur ce
Beyond The Mind dans la droite lignée de son grand frère et qui ravira les fans de trucs bien costauds comme Internal Bleeding, Dying Fetus, Suffocation ou Devourment. Rien d'original ou de révolutionnaire mais qui attend ça des New Yorkais? Nous, on veut juste du death urbain à gros muscles qui groove et envoie. Et à ce petit jeu, Dehumanized n'a de leçon à recevoir de personne.
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