Putrid Pile - Paraphiliac Perversions
Chronique
Putrid Pile Paraphiliac Perversions
Quatre ans après nous avoir revivifiés dans un bain de jouvence façon comtesse Bathory avec l’excellent « Blood Fetish », le one-man band le plus dégueulassement groovy du Midwest américain nous revient cette année avec un nouveau recueil plein de poésie. Cinquième opus de Putrid Pile déjà, « Paraphiliac Perversions » perpétue la douce filiation de ses prédécesseurs sans beaucoup dévier la ligne de visée. Si vous vous intéressez à cette chronique vous savez donc probablement déjà de quoi il retourne mais approfondissons quelque peu ce condensé de bon goût à la pochette (signée Tony Koehl) encore une fois fort engageante.
S’il n’y a aucune révolution à attendre ici sur le plan strictement musical, évacuons d’emblée une différence malheureuse qui constituera le principal point noir de la galette : la production s’avère moins bonne que précédemment (pourtant enregistrée au même endroit) avec un son un peu maigre, des guitares manquant un brin d’épaisseur et vous obligera à monter le son de quelques crans pour un rendu meilleur. Rien de rédhibitoire certes mais le propriétaire des lieux nous avait habitué à mieux. En dehors de ça ce nouvel opus est en tout point recommandable pour tout fan des précédentes livraisons du bonhomme tant on y retrouve tous les éléments essentiels de ce qui reste le meilleur one-man-band brutal actuel. C’est donc presque trois-quarts d’heure d’une brutalité débridée qui vous attend ici servi avec tout le savoir-faire d’un musicien aguerri à la chose depuis maintenant près de dix-sept ans. Pas de révolution donc dans le brutal death de Shaun LaCanne qui n’est toujours pas là pour faire dans le détail : c’est bien gras, ça latte à grands coups de blasts beats (encore une fois brillamment programmés) arrosés de vocaux naturels alternant l’ultra-guttural et les shrieks comme à son habitude agrémentés ici et là de quelques éructations du plus bel effet (« Human Stress Reliever », « Onward The Dogs Of War »). Bref c’est bœuf et c’est très bien comme ça, « Paraphiliac Perversions » regorgeant bien évidemment de passages ultra lourds à vous enfoncer le crâne six pieds sous terre tout en évitant soigneusement les écueils slam neuneus. Mais le petit plus qu’a toujours eu Putrid Pile c’est ce groove salement irrésistible qui rend ses compos si accrocheuses et transforme un pit en dancefloor instantanément, pas de soucis là non plus le nouveau bébé ne déroge pas à la règle (« Death Décor » à 1’26, le début de « Gutter Sludge Tramp », de « Humiliation Modus Operandi », de « Necro Pack Rat » et de « You Dead = Me Satisfied »). Séance remuage de popotin obligatoire ! Toutefois si les changements ne sont pas flagrants, le riffing s’est naturellement enrichi avec le temps, beaucoup plus travaillé qu’il pourrait n’y paraitre au premier coup d’oreille (et on s’en rend aisément compte en live). Au-delà de la formule habituelle ‘’tremolo-blast’’, on y retrouve bien sûr son lot de riffs de bûcheron en power chords mais nombre d’entre eux se voient agrémentés de petits gimmicks ‘’mélodico-techniques’’ (quasi tous en fait mais celui du début de « A Necrophiliac’s Pastime » est assez représentatif de ce dont je veux parler, quand on n’aura pas droit carrément à un passage aussi court que franchement technique sur « Humiliation Modus Operandi » à 2’01) voire de ponctuations mélodiques (les arpèges de « Death Décor » à 2’26 ou de « Kiss Of Death »). Que les choses soient bien claires je ne vous parle en aucun cas d’une orientation véritablement mélodique, simplement de nuances discrètes mais qui viennent étoffer les compositions.
Dans la continuité des précédentes sorties, « Paraphiliac Perversions » ne surprendra évidemment personne et c’est même l’autre principal reproche que l’on pourra lui faire en dehors d’une production un peu moins puissante et d’une durée un poil longue (on aurait ainsi peut-être pu faire l’économie d’un ou deux titres afin de gagner en efficacité). Une forme de redondance inévitable et quasi inhérente au style mais qui ne viendra pas ternir plus que ça l’écoute de ce cinquième full-length qui ne fera pas tache dans la discographie de l’Américain. Putrid Pile continue de faire du Putrid Pile et c’est tout ce qu’on lui demande.
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