Nidingr - The High Heat Licks Against Heaven
Chronique
Nidingr The High Heat Licks Against Heaven
Depuis ses débuts il y’a déjà un quart de siècle la formation menée par le très occupé Teloch n’a jamais eu les honneurs ni la reconnaissance au sein de la très prolifique et qualitative scène Norvégienne, il faut dire que chacun de ses trois albums sans être ratés manquaient singulièrement d’attrait et d’accroche, alors qu’on sentait bien qu’il fallait peu de choses à celle-ci pour accéder à un cap supérieur. Cinq années ont passé depuis le mitigé
« Greatest Of Deceivers », et alors que le guitariste Blargh a mis les voiles, son leader quant à lui est très souvent sur la route avec MAYHEM et a donc pris son temps pour offrir cette quatrième livraison, qui comme les précédentes ne restera pas dans les mémoires (même si de légers progrès sont là).
Car les défauts récurrents sont toujours là, ça joue bien et ça a la pêche mais rapidement on s’ennuie car rien ne se passe et ça devient très vite redondant, et ce dès le départ avec le court et furibard « Hangaguð » qui malgré sa courte durée se montre très répétitif. La faute à un tempo rapide qui ne varie pas pendant deux minutes (qui en paraissent bien plus), mais qui heureusement à la bonne idée de se poser un peu à la fin pour proposer un mid-tempo plus agréable mais finalement vite expédié. Heureusement « Surtr » permet de regagner un peu d’intérêt, car il aurait être la seconde partie du morceau précédent, et propose plus de mélange entre vitesse et partie plus lourdes, ce qui permet à celui-ci de passer bien mieux que son prédécesseur, bien que n’étant pas d’une accroche folle. Et puis curieusement on se met à écouter avec plus d’attention « The Ballad Of Hamther » tout en variété et variations de rythmes, où l’on sent quelques petits relents épiques ici et là pas désagréables, pour un résultat satisfaisant à l’instar de la plage suivante « On Dead Body Shore » qui se fait plus entrainante et écrasante, sans perdre en agressivité et en intérêt, même s’il n’est pas sûr que l’on se souvienne de l’ensemble dans une fois l’écoute terminée. Cependant si le premier tiers de l’opus était relativement convaincant la suite va surprendre et même ennuyer, car l’expéditif « Sol Taker » se révèle sans surprises et plat, tout comme « Valkyries Assemble » d’une grande platitude et répétition, qui donne l’impression que ça dure des heures.
Cependant afin de donner plus de profondeur et de densité à l’ensemble le quatuor a décidé de surprendre avec des plages plus posées et douces, qui font figure d’ovnis au milieu de ce déferlement d’énergie, en premier lieu avec « Glepinir » où ici la douceur, le calme et un léger côté fantasmagorique sont mis en avant. Le groupe retrouve ici les mythes et légendes nordiques qu’il a souvent utilisé par le passé, et dont la portée trouve plus de force et de grâce via un côté spatial et un tempo volontairement bridé, d’ailleurs la batterie se fait très calme et posée entre les nappes de guitares et la voix moins criarde de son chanteur. D’ailleurs cette dernière se met même à susurrer au début de « Ash Yggdrasil » où l’ambiance se fait plus angoissante et cotonneuse, mais toujours en conservant sa lenteur et sa froideur tout en y ajoutant des petits passages plus animés et électriques, pour un rendu là-encore original et réussi, à l’instar de « Naglfar Is Loosed » qui termine l’ensemble et se montre sous une facette plus Doom et glaciale, où l’on ressent beaucoup de tristesse et de mélancolie. Ce sentiment prédomine notamment via l’apport de la voix douce et religieuse de la controversée Myrkur, qui retrouve ici une bonne part de son groupe live, et qui amène une touche agréable à la fin d’un disque finalement bancal et très mitigé.
Malgré des efforts pour bien faire et une recherche d’originalité que l’on ne peut pas leur reprocher (et que l’on retrouve sur quelques idées intéressantes via un début d’écoute prometteur), il n’y a pas grand-chose de mémorable tant les structures musicales se ressemblent toutes et se montrent interchangeables les unes avec les autres, quand les mecs décident de s’exciter un peu et de monter un peu en température. Autant dire que ce n’est pas encore cette fois-ci que la notoriété du combo va augmenter, et l’ensemble de cette galette (à la pochette très moche et peu motivante) confirme qu’on peut être un excellent musicien de session, un mercenaire reconnu dans son milieu de prédilection, mais sans être forcément un compositeur de haute volée, ceci pourrait donc s’appliquer parfaitement à Teloch qui semble être bien plus à l’aise dans ses activités extérieures.
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