Nidingr - Greatest of Deceivers
Chronique
Nidingr Greatest of Deceivers
Ce brave Teloch est sujet à l'hyperactivité.
Si le bonhomme semble miser beaucoup sur le fait de faire partie de Mayhem (en réalité, seulement depuis 2011 comme guitariste...) comme le prouvaient aisément les stickers faisant la promotion de l'album de NunFuckRitual, il enfile aussi les projets annexes comme des perles... Son groupe, Nidingr, s'est bâti une petite renommée dans l'underground Black metal notamment grâce à son premier disque qui proposait un univers digne de la longue tradition norvégienne. Après un Wolf-father aussi court qu’inaperçu malgré son changement d'orientation musicale, la bande repart à la charge. En plus de Teloch, on notera la présence de Blargh, guitariste de Dodheimsgard depuis 2010, et du batteur des lives de God Seed... Malgré cet effectif qui sonne un peu comme une joyeuse troupe de seconds couteaux misant sur leur notoriété toute relative pour se vendre, « Greatest of Deceivers » se paye quand même une sortie chez Indie Recordings (Vreid, Enslaved, 1349...) et un artwork signé Metastazis.
Alors Nidingr sort t-il enfin l'album de la révélation ? Abrégeons le suspense tout de suite : Non... Si Nidingr s'enfonce dans une veine Black/Death teintée de satanisme (l'esthétique et les paroles du disque toutes tirées des écrits de Crowley...) en proposant quelques points réussis, la teneur générale du disque est un tantinet décevante. D'accord le riff de « All Crowns Fall » dépote, d'accord certains breaks (« O Thou Empty God ») sont intéressants mais on ne peut pas s'empêcher de voir en ce groupe un immense melting-pot d'influences brassées sans trop de recherche. Un soupçon de 1349 par là, un poil de Shining par ici et beaucoup de Dodheimsgard saupoudré pour arrondir les angles... Certes, les compositions sont plutôt bien construites et exécutées avec précision mais cette pratique de qualité n'empêche pas de trouver un fond plutôt vide de sens... Sur des riffs et des mélodies peu attractives viennent se greffer des rythmiques faussement complexes déjà entendues sur un « 666 International » ou dans un album de Deathspell Omega... Décidément, malgré toute la bonne volonté des musiciens, rien de véritablement positif ne se détache de ce « Greatest of Deceivers ».
Le problème, c'est aussi cette relative absence d'ambiance et pourtant, ce n'est pas faute d'avoir essayé (le milieu de « Vim patior » et ses enchaînements plutôt intéressants...). Nidingr construit son album comme un gros gâteau de pâtissier à étages. Un étage de guitares-génoises, un étage de crème d'ambiance congelée, un étage de bruitages aux fraises, deux tranches de bananes dissonantes et on recommence ainsi jusqu'à atteindre l'indigestion... Si beaucoup de groupes de Black Metal ont compris que l'ambiance doit s'imbriquer dans la violence, la formation norvégienne se contente d'alterner les deux sans aucun liant, ce qui est fort ennuyeux surtout lorsque l'on a la prétention de proposer un album conceptualisé sur Aleister Crowley. « Greatest of Deceivers » passe en gare comme un train de marchandises : il est long, il fait beaucoup de bruit mais au final, il n'avance à rien, les wagons se ressemblent tous et on ne sait pas du tout où il va...
Sachons tout de même être juste car cet opus n'est pas non plus une catastrophe musicale et humaine qui devrait être censurée par le CSA. Le déjà cité « All Crowns Fall » s'impose comme le meilleur titre combinant efficacité et chemins sinueux. « The Worm is Crowned » s'en tire également très bien grâce à quelques solis ambitieux, à un chouette passage en chant clair souligné de lignes de basse un peu exaltées et quelques riffs tortueux plutôt bien foutus. « Greatest of Deceivers » n'est pas un massacre auditif intégral, le problème c'est qu'il en promet bien trop sur le papier au vu de ce qu'il peut offrir. La réalité s'impose brutalement sur ce disque, à tel point qu'on imagine aisément que les trucs les plus idiots auraient pu enjoliver l'album... J'ai par exemple écouté l'opus quand ma compagne jouait à la Wii et j'ai trouvé que les bruitages de la console rendaient le disque bien plus fou et imprévisible... Tristesse, quand tu nous tiens.
Voilà l'immense problème dont souffre Nidingr... Des promesses faites par l'artwork, le concept, le label et la production du disque (tout bonnement excellente : organique et puissante) qui servent au final des compositions manquant cruellement d'identité, de force, d'émotions et de puissance... Paroles, paroles et encore des paroles...
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