Ebola - II
Chronique
Ebola II
S’il y a bien un mot qui m’agace ces derniers temps, c’est le mot « viral ». Putain, Yahoo, YouTube et tous ces sites qui usent et usent encore du terme. C’est rageant. Pour attirer notre attention sur des conneries, il faut maintenant écrire :
« Attention ! La vidéo de ce chat qui joue avec une allumette est ultra virale »
« Cette patineuse se transforme en Sailor Moon et la vidéo devient virale ! »
Vous nous cassez les couilles oui, avec vos incitations à cliquer ! Le mot « viral » est devenu aussi déprimant et donc à bannir que « putaclic ». Et pourtant, là, « viral » est bien le mot qui me vient à l’esprit pour parler du deuxième album d’EBOLA... J’y reviens. J’ai encore envie de l’écouter. Et pourtant la formule, ou plutôt LES formules employées par le one man’s band japonais n’innovent pas vraiment ! Comme sur le premier album, les compositions font dans le black metal dépressif et suicidaire mais ajoutent plus de mélancolie. Très immersif, il ne fait pas que nous mettre la tête sous l’eau mais essaie parfois de nous convaincre qu’il reste de belles choses à voir, à vivre, avant de replonger...
Comment ça vous n’avez pas écouté le premier album ? Il est pourtant sorti sur un label allemand, Winterwolf Records, rare pour une entité nippone ! Bon, c’est sûr que cette sortie a été discrète, et que je l’avais moi-même ratée il y a quelques mois. Voici l’occasion de se rattraper avec II, qui marque d’abord par sa pochette, peut-être classique mais avec de belles couleurs et surtout un paysage très japonais, avec cette particularité de trouver de hautes collines au bord des mers. La photo a été prise à Sadamisaki, dans la préfecture de Ehime. C’est à l’est de l’île de Shikoku, et de là, vous pouvez voir au loin Ôita, qui est sur l’île du Kyushu, et donc proche de là où je vis et suis en train de vous écrire ces lignes. EBOLA est originaire d’Ôita, ce qui en fait, pour la petite anecdote inutile, l’un des groupes les plus proches de moi. Le groupe de black dépressif le plus proche, ça c’est quasiment sûr.
Car ce II est un album de black dépressif et suicidaire composé de 10 titres. Il va falloir faire des parallèles avec KANASHIMI, GERM, SILENCER et LIFELOVER. Le premier est cité pour l’approche, car même s’il est moins sombre et pessimiste, le résultat est assez voisin, surtout quand les rythmes se font lents, aux relents doom, avec la saveur suicidaire éclairée par une lucarne de douceur. Et avec en plus un piano, surgissant à quelques reprises. Il apparaît dès le morceau introductif « Corruption », sur lequel il est même le seul élément, et nous invite dans le monde désabusé du Japonais. Ce monde se développe réellement à partir de « Setting Sun », et c’est là qu’on trouve des ressemblances avec la musique rêveuse et parfois envolée de GERM / AUSTERE. Les vocaux sont à l’opposé, criards et pleurés à la SILENCER. De cette voix qui en irritent beaucoup...
Les pistes ne sont pas toutes en mid-tempo, et peuvent justement aller dans plus d’agressivité, comme sur « Ruin » et ses côtés enragé, révolté et insoumis. On y retrouve le piano, mais au lieu de rendre le morceau plus clair, il lui donne plus de profondeur et de tristesse, et parvient à percer le cœur. On retrouve tout le long de cet album ce genre de dualités. Le mal-être ne s’impose pas toujours, il est contrebalancé par des envies d’espoirs. D’où ces passages d’apparence moins dépressive. Piano mais aussi violon sur le final d’« Enlightenment »), ou encore guitare acoustique sur « November ». Enfin synthé. Utilisé avec parcimonie il termine d’enrober les compositions, sans jamais d’abus.
Du côté des vocaux, il y a quelques surprises, bien que trop rares. Car en plus des cris déchirants, Youta glisse parfois d’autres timbres. Avec « Enlightenment » il tente une voix claire fantomatique sur un break bien amené. Pas un chant clair, mais une voix, qui flotte entre notre monde et celui des morts. Ce titre est l’un des meilleurs et les ambiances s’y développent parfaitement durant 12 minutes, flirtant avec nos regrettés LIFELOVER et leurs ambiances de suicidaire urbain apaisé.
L’album d’EBOLA est vraiment bien travaillé, bien pensé, et bien finalisé avec des intermèdes qui servent les ambiances. « Silence » et à nouveau le piano, mais aussi un rire au loin, un rire malsain, torturé. « Daydream » et juste une guitare acoustique, très folk de crépuscule. Et le dernier morceau, une conclusion à la NORTT, ambiant pesante qui nous plonge dans l’obscurité, comme si tout le chemin parcouru durant 54 minutes avait mené à la mort.
Mais malgré toutes ces qualités, il reste de petites améliorations à apporter, comme la batterie. Elle sonne parfois bien trop synthétique et on aimerait qu’un humain soit derrière elle. Et enfin les pistes terminent pour certaines trop brusquement, comme si Youta n’avait pas trouvé la meilleure façon d’y mettre fin. Ce n’est pas grand chose, mais ça a son importance tout de même.
Allez essayer, vous serez peut-être touché par la sensibilité de ce projet, ça se trouve sur le Bandcamp du groupe et avec un tarif raisonnable.
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