A Portrait of Flesh and Blood - Gallery of Sorrow
Chronique
A Portrait of Flesh and Blood Gallery of Sorrow
Si je me suis intéressé à A PORTRAIT OF FLESH AND BLOOD, ce n’est absolument pas grâce à son créateur. Je ne connaissais même pas Neil Andersen, l’Américain qui joue aussi dans A CURSED SPIRIT IN THE MIRROR et HOMOPHOBIC FECALPHELIAC. Je n’ai pas non plus écouté le premier album sorti en 2015, alors qu’il était encore le seul membre officiel, aidé uniquement d’un guitariste de session.
Si je me suis intéressé à A PORTRAIT OF FLESH AND BLOOD, c’est parce qu’il y a désormais un Japonais qui l’a rejoint, et pas n’importe qui puisqu’il s’agit de Yusuke Hasebe, celui-là même qui a sorti en 2018 une encyclopédie ultra complète sur le DSBM. C’est en japonais, mais bon, ceux qui veulent juste une sorte de dictionnaire du black metal suicidaire pourraient se contenter des pochettes des albums... Yusuke Hasebe est donc à la bases un véritable fan du style, et il s’amusait déjà à reproduire son genre favori tout seul, dans son projet NO POINT IN LIVING, qui fait de la concurrence à VARDAN en sortant album sur album, 11 en 2017 et 2018... Bref, sorti de nulle part, le Nippon est maintenant omniprésent dans sa scène, en tant que musicien et commentateur.
A PORTRAIT OF FLESH AND BLOOD ne regroupe pas que ces deux visages. Si Neil Andersen s’occupe des vocaux et Yusuke Hasebe des guitares, de la basse et de la batterie, c’est le célèbre Stefan Traunmüller qui est aux claviers. Et si le nom ne vous dit rien, sachez qu’il s’agit de Dreamlord, vénéré pour GOLDEN DAWN et également actif au sein de WALLACHIA, RAUHNÅCHT et THE NEGATIVE BIAS.
Un Américain, un Japonais, un Autrichien. On n’a pas seulement affaire à une formation internationale, mais véritablement intercontinentale ! Et la musique est elle aussi un beau mélange des genres. Au sein d’une même piste les ambiances peuvent varier et passer du dépressif au mélodique, du symphonique à l’atmosphérique. On va alors avoir des parties endiablées, bougrement rapides et envolées. On va avoir une batterie qui s’élance avec hargne, des guitares qui saturent, et des vocaux torturés, stridents au possible. Mais à côté de tout cela, on trouve également beaucoup de passages qui caressent l’âme, beaucoup de douceurs. Ce sera des parties au piano, des chœurs éthérés, des riffs envolés...
En fait, l’image qui s’impose est celle d’un paradis. Des paysages magnifiques, une couleur blanche prédominante et aveuglante. Mais ce paradis est touché par les flammes. Le feu s’est déclaré ici et là, et il est en train de brûler. C’est évidemment encore plus beau. Parce qu’on saisit que toute cette beauté est sur le point de disparaître, qu’elle est en sursis, qu’elle est fragile et en sursis.
L’album me laisse cette impression du début à la fin, malgré les énormes différences d’atmosphères d’un moment à l’autre. Je vais penser à FORGOTTEN TOMB ici, à HORNA là, à SHINING ailleurs. Sans que cela ne ressemble finalement totalement à l’un ou l’autre. Mais en tous cas on sent que les musiciens ont des tas d’idées, qu’ils ont certes emprunté à droite à gauche, mais qu’ils parviennent à mélanger délicieusement. Sans trop en dévoiler, il y a un break vers la fin de « Hopeless » où le chanteur nous balance d’une voix d’outre tombe : « Do it... Do it... Gnanannannnnnnn », on sent véritablement qu’il tient à ce qu’on passe à l’acte ! Et il est convaincant. Je me surprends toujours à sortir un cutter et à me retenir in extremis de m’en servir contre mon pauvre poignet innocent !
Du coup cet album est une bonne surprise, qui aurait eu un peu plus de points s’il n’y avait pas eu quelques parties trop poussives, trop répétitives. Car oui, comme sur « Lost », on trouve par moment le même riff employé avec un peu trop de générosité.
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