Hanter Dro - Hanter Dro
Chronique
Hanter Dro Hanter Dro
J'ai parfois un humour potache et je trouve toujours très drôle quand un groupe ou une marque choisit un nom un peu mystérieux, un peu poétique, un peu exotique sans s'assurer qu'il ne signifie pas tout à fait autre chose dans une langue étrangère. Notamment, bien sûr, si l'auteur compte s'exporter dans le pays où cette langue est parlée. Dans l'univers automobile, c'est Renault qui appelle sa voiture Koleos, parce que le grec, ça fait voyager l'esprit, sauf que koleos, ça veut dire vagin en grec moderne...
C'est pareil avec HANTER DRO. Quand ils ont fondé leur groupe de Post Hardcore en 2013, les quatre musiciens de Lucerne (Suisse) ont omis de vérifier si le terme avait une signification différente de celle qu'ils lui donnent (et qui reste pour moi un mystère). Comment auraient-ils pu savoir, ces suisses, que chez nous, le hanter dro est une danse traditionnelle bretonne : biniou, coiffe en dentelle et pas chassé...pour un gang de Folk Metal à la limite, mais rien, vraiment rien à voir avec le fonds de commerce de nos petits suisses.
Car c'est de Post Hardcore qu'il est ici question. Le sous genre le plus galvaudé de la scène est devenu un fourre tout et n'importe quoi. Rares sont les formations qui puissent être associées à ce qu'il était à l'origine, c'est à dire une version plus élaborée, plus mélodique et moins pessimiste du Hardcore. Malheureusement, le music business est passé par là, l'Emo-Post-Hardcore a commencé à sapper l'édifice et trente ans après les balbutiements de FUGAZI, nombre de groupes choisissent l'étiquette Post Hardcore pour son côté "cool" et branché et se contentent de plaquer un screaming sur des mélodies sirupeuses pour justifier leur choix. Vous trouvez que j'exagère ? Allons donc jeter une oreille au debut album de HANTER DRO, voulez-vous ?
HANTER DRO est fondé en 2013 et le groupe passe ses trois premières années d'existence à s'entrainer, se construire et lisser sa musique. Les dix pistes du debut album éponyme sont le fruit de ce travail. Des compos issues des sessions de jamm, lentement retravaillées, enrichies et polies. L'impression d'assister à une session d'improvisation est vivace sur certains titres particulièrement planants comme le final "Headed South" et ses sept minutes d'instru à peine ponctuées par un chant discret. Le reste du travail du gang est à l'avenant. La musique se rapproche plus du Post Rock que du Metal. Des guitares lumineuses et franches, servies sans effets, un tempo moyen, une batterie naturelle, un reverb discret et toujours cette tendance à prolonger un mouvement cool, comme pour voir où ça nous mènera, comme cette outro grésillante sur "Bloody Street" : on a sorti un dernier riff et on a posé les guitares, laissant le son s'éteindre tout seul, en une longue minute chuintante.
Discret, le chant n'est jamais l'hôte de choix des compos, le screaming ne m'a pas vraiment convaincu, car il parait souvent forcé et manquant de personnalité. A contrario, c'est en chant clair que Tim Fischer tire son épingle du jeu, avec des intonations à la Zack De La Rocha et un phrasé engagé. La similitude avec Zack est particulièrement criante sur "Fanboy", un morceau qui ressemble beaucoup à un hommage à RAGE AGAINST THE MACHINE (et je doute que ce soit fortuit car même les plans de guitare ont la sonorité de RATM).
Les compos se suivent et ne se ressemblent pas vraiment, mais à la longue, le propos finit par lasser et l'auditeur à s'ennuyer. Le côté jamm entre potes s'il n'est pas contraint sombre vite dans la complaisance et c'est peut-être le défaut majeur du disque : un manque de modestie, une construction parfois prétentieuse et quelques créations trop étirées. Le disque aurait gagné à plus de concision et ce sont d'ailleurs les titres condensés qui retiennent le plus l'attention comme "Loss And Damage", le morceau le plus Metal de la galette où la batterie s'énerve, faisant écho à une basse ronflante et un screaming enfin brutal et vindicatif comme on est en droit de l'attendre sur un disque de Core.
L'un dans l'autre, la somme des qualités de ce premier essai est supérieure à celle de ses défauts. Si cela ne tenait qu'à moi, je n'aurais pas qualifié le projet de Post Hardcore, mais je respecte le choix du combo. Il y a du bon et du perfectible dans ce projet, mais rien de catastrophique ou rhédibitoire. Les quatre suisses ont mis leurs tripes sur la table et proposent une recette qui a un petit goût de revenez-y.
| rivax 1 Mai 2017 - 589 lectures |
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