Sektarism - La mort de l'infidèle
Chronique
Sektarism La mort de l'infidèle
On va tout de suite apporter quelques précisions. D’abord, ce nouvel album de Sektarism ne comporte que trois titres et oui, il contient 1 heure et 2 minutes de musique. On pressent déjà que les titres devront être particulièrement envoûtants pour éviter tout ennui ou toute redondance inutile. Ensuite, pour avoir chroniquer sur VS les albums et EP précédents, j’avoue nourrir une approche « timide » du groupe dont les propos prétentieux/pédants/vides de sens (rayer la mention inutile) m’ont toujours laissé de marbre. Enfin, n’étant pas hermétique à leur musique, j’ai toujours tenté de rester ouvert à leurs propos musicaux, les bonnes idées ne manquant pas à leur black funeral doom ritualiste. C’est donc avec une certaine curiosité que j’ai découvert La mort de l’infidèle, leur dernière offrande.
Comme avant, la musique de Sektarism ne se laisse pas aisément appréhender. Le funeral comme le black ne sont souvent que des prétextes, une toile de fond sensée servir un propos religieux ou apparenté, à forte connotation rituelle. Leur force tient essentiellement, pour ma part, à leur capacité à immerger l’auditeur dans leur univers. A lui faire ressentir la peur (les bruitages sonores, les boucles drones sont nombreuses, comme sur leurs précédents efforts), l’angoisse, la suffocation parfois, la menace toujours.
Ô Seigneur, le premier titre de 12 minutes est de cette trempe. Les paroles sont déclamées bien plus que chantées, presque scandées la plupart du temps. Le chant, quant à lui, reste possédé. La basse gronde, elle martèle littéralement la structure, la parsème de points de repère sonores lourds, poisseux, caverneux. La voix adoube des moines, leur fait prêter allégeance au Seigneur et leur indique que la sanction suprême sera leur inéluctable issue en cas de trahison à la cause. Il n’y a là aucun refrain, aucune structure logique, aucun fil conducteur. La musique suit le rituel, les instruments accompagnent la voix, en retrait, juste là pour ponctuer la cérémonie de leurs atours menaçants. L’instrumentation est réduite au minimum, seuls les arrangements apportent une épaisseur au morceau avant que la voix, possédée, ne s’emballe en délire fanatique après plus de 6 minutes de déclamation. Les instruments changent alors de visage, métamorphosent leur grondement lent en boucles drones, lourdes, noires. Le titre avance alors comme un serpent, rampant, par soubresauts nerveux, montant régulièrement en puissance. La production limpide, qui met en valeur le moindre arrangement, aide particulièrement à l’immersion, il faut être honnête.
Brûle l’hérétique, le second titre de plus de 20 minutes, reprend sans coupure après Ô Seigneur, donnant le sentiment d’une cérémonie globale. La tonalité est ici nettement plus doom, sludge, avec une basse accordée sous la Terre, qui égrène ses arpèges mortifères au rythme du croisement de plaques tectoniques. Le morceau est plus dynamique. Mais voilà. Au-delà de ces premières bonnes impressions, on retombe sur ce qui m’avait déplu dans leurs productions précédentes, soit des titres qui tournent un peu en rond, des idées qui font mouche sur 10 minutes…une fois mais pas sur chaque titre, un délire qui est sans nul doute pertinent en live mais qui demeure assez inoffensif sur disque. Bref, dans le funeral doom, il y a mieux. Infiniment. La répétition offre une figure stylistique dont je loue souvent les vertus immersives ou hypnotiques (jurisprudence Burzum) ; elle ne fonctionne pas très bien ici de mon point de vue, essentiellement parce que les riffs ne sont pas suffisamment marquants. Quant à la batterie, elle sonne trop cheap en regard des autres instruments pour véritablement porter la structure d’un point de vue strictement rituel. Dommage.
Conscience, révolte et perte du moi, le dernier morceau ferme gentiment la marche avec ses 30 minutes au compteur. Et là encore, sur une telle durée, les idées doivent fuser sous peine de lasser – ou pire de faire fuir – l’auditeur. Le bruit de tam-tams ouvre le titre, comme un appel à la chasse tout autant qu’au recueillement. L’ensemble de la structure est portée par des rythmes quasi drones, des guitares sourdes et une voix lointaine, bourrée de réverbération. Ce titre est plaisant mais là encore, les innovations comme les relances et les ponts font défaut pour maintenir l’attractivité du titre. L’instrumentation elliptique souffre de trop gros défauts, pour ma part, pour rendre la musique vraiment palpitante.
Aujourd’hui comme hier, la musique de Sektarism ne me touche pas avec suffisamment de force pour que je puisse la recommander. Si elle mérite sans doute d’être vécue live, pour les aspects cérémoniaux évidents qu’elle dégage, elle souffre d’un manque d’attractivité sur disque qui l’amène à n’être recommandée qu’aux purs initiés.
| Raziel 21 Octobre 2017 - 1395 lectures |
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