Le funeral doom, c’est toujours un peu la même chose. Tempo lent, guitares brumeuses ou poussiéreuses, mélodies austères, voix grave et sentencieuse... Et, toujours un peu, l’impression de bien assister à des funérailles, souvent du côté de l’endeuillé, celui qui s’attriste de la mort, prochaine ou lointaine, de soi ou des autres. Le funeral doom, c’est toujours un peu cela.
Du coup, quand une formation s’extirpe un peu de ces images et trouve, sans trop en faire, une autre vision à partager, elle intrigue forcément, se détache du troupeau et donne envie de parler d’elle. Raison pour laquelle il m’a pris l’envie de vous parler de Stabat Mater. Certainement, les amateurs du genre ont au moins déjà entendu parler de ce projet créé par Mikko Aspa (qu’on ne présente plus), qui n’aura vécu que le temps de quelques splits et d’un album sans-titre. Actif depuis 2001, il sortira sa dernière œuvre huit ans plus tard pour disparaître par la suite sans donner de nouvelles, rejoignant ainsi les nombreuses créations du Finlandais laissées à l’abandon.
Ainsi, cette compilation parue en 2016 sur Northern Heritage a été pour moi l’occasion de me plonger à nouveau dans ce que Mikko Aspa a réalisé sous ce nom, que ce soit à l’occasion de splits partagés avec Mournful Congregation, Worship ou encore A.M. ou lors des collaborations regroupant de nombreux artistes (
Church of the Flagellation ainsi que la fameuse
Crushing the Holy Trinity). Soit plus d’une heure et dix minutes de musique contenant également son lot d’inédits (par la présence d’une première version du titre « Chambers of Torture » et une outro).
Présentés dans un format CD sobre et minimaliste, où seules quelques photographies transparaissent, ces sept titres peuvent donner l’impression de n’avoir rien de nouveau à proposer pour qui recherche des sensations inédites dans un disque de funeral (on lui souhaite bien du courage dans cet objectif tant le style, pour le pire et le meilleur, contient peu d’originalité). En effet, Stabat Mater possède, sur la forme, tout ce qui fait le genre, que ce soit les rythmes linéaires et cycliques ou encore les grognements graves ne changeant jamais de registre. Pourtant, l’oreille attentive pourra noter que Mikko Aspa a bien travaillé sa copie, offrant une patte particulière à chaque morceau ici présent, à la manière des chœurs ouvrant « Above Him », les leads parcourant « Gates » ou encore les samples et sonorités frôlant le psychédélisme sur « Untitled ». Même les deux versions de « Chambers of Torture » sont suffisamment distinctes l’une de l’autre pour s’y retrouver, la version issue du split avec A.M. possédant davantage de corps que la composition d’origine par une production plus ample, des paroles proférées en fond sonore ainsi qu’un final bruitiste concluant parfaitement l’ensemble de cette compilation.
Mais au-delà des qualités formelles trouvables sur
Give Them Pain, c’est bien l’ambiance particulière parcourant cette grosse heure qui marque principalement. Car si Mikko Aspa parle toujours de mort comme tant d’autres, il se situe plus du côté du bourreau que de l’éploré. Là réside l’originalité de Stabat Mater : parvenir, sans sortir des carcans préétablis, à donner une forte personnalité à ce qu’il joue par une atmosphère d’une crudité rare, où les illustrations d’écorchés, de salles de tortures, prennent une vivacité particulière. Un funeral doom sadique, implacable, où l’on erre sans espoir, le Finlandais nous accueillant à l’arrivée avec sa hache, prêt à faire son travail.
Il n’y a que chez
Funeralium que j’ai trouvé un sentiment similaire, cette longue, éreintante et fascinante plongée dans un doom extrême n’en finissant plus de faire couler le sang, qui équarrit plus qu’il s’étale. Stabat Mater laissera clairement sur le carreau ceux pour qui la lenteur est rédhibitoire, de même que ceux cherchant de la nouveauté uniquement dans la forme que prennent les choses, mais les amateurs ne s’étant pas encore penchés sur le projet trouveront ici une autre manière de rendre honneur à la grande faucheuse : en endossant son rôle de la plus besogneuse, sale et jouissive des manières. Faites qu’ils souffrent.
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