Sektarism - Et Facta Est Lux
Chronique
Sektarism Et Facta Est Lux
Si tu me fais le plaisir de suivre mes chroniques depuis VS, tu sais que je ne suis pas un très grand fan de Sektarism et de son funeral doom qui, sur le papier, aurait pourtant bien des atouts pour me plaire. La faute a un côté ritualiste souvent très ampoulé et finalement fort peu prenant. La faute encore à des morceaux souvent très longs, sans suffisamment de reliefs pour happer l’auditeur ou d’idées pour le retenir. La mort de l’infidèle m’avait laissé sur le bord du chemin. Fils de Dieu était passé sous mon radar. Qu’en est-il du nouveau venu Et Facta Est Lux (Et la lumière fut, pour les latinistes) ? Un peu comme d’habitude, avec des idées, du potentiel et… du gâchis.
D’abord, il n’y a que deux titres, pour près de 42 minutes de musique. 21 minutes en gros par morceau, une durée longue durant laquelle il est particulièrement délicat, dans le style, de conserver l’attention de l’auditeur, sauf à être un ténor du genre. Une durée encore plus difficile à tenir quand ton funeral doom est davantage axé sur la musique rituelle et le drone, Sunn O))), aussi grand soit-il, l’ayant expérimenté, parfois à ses dépens.
Fiat Lux, le premier morceau, près de 22 minutes, entame les hostilités de manière classique pour le combo français. Des boucles electro menaçantes, planantes et lointaines dressent le décor en arrière-plan. Puis les incantations interviennent, lancinantes, déclamées, accompagnées de boucles drone tournoyantes, lentes et aériennes. Il faut attendre près de 7 minutes pour que les guitares et la batterie apportent leur lourdeur au propos, donnant un tour nouveau au morceau, plus funeral doom, plus drone doom, sans que celui-ci ne perde en obscurité et en mysticisme. Le tout est bien construit, relativement plaisant mais, de nouveau, manque un peu d’idées neuves, d’accroches réelles pour susciter un intérêt qui irait au-delà de l’agréable. La structure demeure assez classique pour le style et les aspects rituels ne sont pas suffisamment originaux ou mis en avant pour emporter la conviction. Le pont vers les 15’, où la voix se fait plus obscure, plus mystique, plus menaçante, est l’une de ces idées qu’il eut été opportun de développer davantage tant elle apporte une dimension différente au titre. Il en va de même, sur la fin du morceau, de cette basse sourde, comme tapie dans l’arrière-plan, qui ronronne dangereusement dans l’ombre.
Le vent des serpents repose sur des ressorts identiques mais d’emblée, la lourdeur s’impose plus largement. Le son, profond, donne de l’ampleur aux guitares et à la rythmique, en l’enfonçant dans les abysses, comme la voix, ultra caverneuse. L’impression n’est plus d’assister à un rituel mais de descendre à la rencontre des Grands Anciens dans les tréfonds de la Terre. Le contexte est de nouveau intéressant mais la mise en œuvre plus délicate car le manque de relief pèche encore à retenir totalement l’attention. Passées les 5 premières minutes, on tourne un peu en rond faute de rebondissements, de changement de direction ou simplement d’évolution du morceau. Le pont central, presque totalement atmosphérique, repose sur une économie de notes qui ne permet pas, de nouveau, d’emporter la conviction. Quelques frappes sourdes lointaines, un petit bourdonnement, quelques frappes de tambours et guère plus durant de longues, très longues minutes… Certes, cela coupe le titre, apportant une respiration mais sans le relancer, sans charrier une dynamique qui lui aurait permis de grandir, de s’enrichir. Ce n’est que 4’ avant la fin que le tempo repart, que la batterie revient sur le devant de la scène pour moduler les contours du titre, lui donner une autre direction. C’est mieux que rien mais c’est trop tardif à mon sens. L’essentiel du morceau est déjà passé, l’énergie s’est envolée.
Ce nouveau Sektarism est finalement identique aux précédents. Doté d’un potentiel évident, il n’accouche que de morceaux mitigés. S’il devrait plaire aux amateurs d’occulte et de rituel, il ne convaincra pas ceux qui attendent plus de consistance de ce type de musique.
| Raziel 28 Octobre 2023 - 688 lectures |
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