Friendship - Hatred
Chronique
Friendship Hatred
Qu'est-ce qui fait un bon disque de grindcore ? L'intensité de sa frénésie ? Sa capacité à rester intéressant même lorsqu'il ralentit le tempo ? S'il arrive ou non à créer le mur de son et de violence qu'on en attend ? S'il tient ou non sur la durée, sans lasser après quelques titres ?Sûrement un peu de tout ça en même temps, et Friendship, groupe japonais à l'identité mystérieuse, s'attaque à l'exercice avec son premier full-length, et autant vous dire tout de suite qu'il remplit le cahier des charges. Prenez une grande inspiration, parce que vingt-cinq minutes la tête sous l'eau, c'est long.
Hatred a l'excellente idée de commencer son assaut de la même façon que le Rudiments Of Mutilation de Full Of Hell. Ces quelques mesures de blast débridé sur fond de larsen avant le premier hurlement rappellent à mon bon souvenir cet immense disque à chaque écoute, et ont le don de me coller un grand sourire masochiste en travers de la face avant même que ça n'ait commencé. Copie, hommage ou hasard, je ne sais pas, et on n'a de toute façon pas vraiment le temps de se poser la question : Friendship rentre dans le vif du sujet, toutes dents dehors, sans jamais (ou si peu) freiner la brutalité de son agression ni donner à qui que ce soit l'occasion de souffler.
La recette de base est simple : alterner entre gros blasts hystériques et ralentissements bas du front qui fleurent bon le hardcore et le beatdown, c'est vu et revu, et si on a l'habitude d'écouter du grind, on espère trouver un peu plus pour pouvoir réellement s'intéresser à un énième disque du style. Seulement, voilà : vous vous rappelez du premier album de grind (ou d'un autre genre extrême) que vous avez entendu ? Cette excitation mêlée à la surprise de se manger un truc aussi violent ? Eh bien, Friendship a su réveiller ce sentiment chez moi. Ils jouent de cette recette basique avec une furie et une rage qui les tirent vers le haut et qui font qu'on se laisse simplement marteler avec joie (si l'on peut dire) ; une furie et une rage qui font de ce premier album une leçon à suivre pour bon nombre de formations évoluant dans ce style. Riffing acide, batterie constamment sur les nerfs, voix arrachée et hargneuse à souhait, le combo fonctionne à merveille, enchaînant les éclats de violence les uns après les autres.
Quelques petites variations apparaissent tout de même çà et là, permettant de garder une oreille attentive. 'Regiside' termine par une "longue" plage lancinante et noisy, 'Corrupt' traîne la patte, lourde et plaintive, 'Blue Berry' prend le temps de se terminer en s'enfonçant lentement dans une épaisse boue sludge... Sans oublier 'Compton', sûrement la meilleure piste de l'album, encadrée par son riff torturé sur tapis de blast, qui fait durer le plaisir juste ce qu'il faut sur sa fin. Quelqu'un a vu mes vertèbres ?
Servis par une production au poil, chaude et moite, qui rappelle que le grindcore n'a pas le temps de s'encombrer du mot "propre", Friendship n'ont absolument rien d'amical, et ne tentent même pas un sourire forcé en attendant de vous planter dans le dos. Bien nommé, Hatred n'est qu'agression pure et frontale, et c'est de loin une des meilleures sorties grind de cette année.
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