Paradise Lost - Medusa
Chronique
Paradise Lost Medusa
Toi, petit scarabée, toi qui aime le doom, tu connais nos amis anglais mieux que personne. Tu les écoutes depuis les débuts du doom, tu les a vus évoluer du doom death classieux au gothic doom en passant par des trucs que tu as jugés bien peu catholiques. Et je ne t’en voudrais pas tellement j’ai pu, moi aussi, être déçu par leur manque d’inspiration passé, par cette volonté de dénaturer une base pour simplement prétendre que l’évolution, c’est la non-stagnation. L’évolution vers le néant, ça reste le néant. Alors quand mon petit doigt (toujours bien renseigné) m’a dit que nos amis british amorçaient un retour au source, j’ai frémi (d’horreur). Puis j’ai écouté. Et j’ai aimé. Beaucoup.
Medusa amorce en effet un vrai virage dans la discographie du groupe, plus accentué encore que sur The Plague Within. Car, de fait, c’est à une plongée dans le doom death des débuts, mâtiné d’une grosse louche élégante de gothic, que tu vas assister.
L’ouverture ne trompe pas. Ferless Sky nous embarque en terrain connu, trop tôt abandonné, avec ses rythmiques sombres, ses ambiances austères et son brouillard funèbre qui enveloppe le titre. La lourdeur est de retour, vraiment, comme ces nappes menaçantes qui donnent l’impression de progresser dans le maelström. Seule la voix trahit un brin d’évolution, moins profonde, moins death, moins… convaincante, sauf sur les passages clairs où la marque Holmes est reconnaissable entre mille. La lenteur insuffle ici un je ne sais quoi de suffocant, de rampant comme aux meilleurs heures d’Icon ou de Shades of God. D’autant que les petits soli, fondus dans la masse, apporte des traits de lumière ci et là, qui enrichissent considérablement la structure. Mackintosh se régale, ça s’entend et sa touche est également reconnaissable entre tous : délicate, mélancolique, presque aérienne (From the Gallows ; Medusa).
Le retour très marqué à des riffs massifs (vraiment, sur The Longest Winter !) et à une rythmique lourde est un vrai bonheur, qui se traduit dès les second et troisième titres, Gods of Ancients et From the Gallows. Le rythme lent, abandonné sur trop de productions antérieures médiocres, redevient la norme, sur des titres qui s’étirent sur plus de 8 minutes pour le premier nommé notamment. Les longs arpèges, entrecoupés de breaks mélancoliques, emprunts de nostalgie, replacent le morceau dans son époque Grand Siècle sans jamais lui faire perdre de sa dynamique. L’ambiance ténébreuse, humide et très londonienne du groupe transpire par tous les pores du morceau. Les Grands Ancients sortent du brouillard… A noter encore que la basse d’Edmondson est ici très audible.
Paradise Lost retrouve cette science de la rythmique écrasante, lente et incroyablement dynamique à la fois, sublimée par le chant clair impeccable de Holmes et les soli majestueux de Mackintosh (No passage for the Dead, Until the Grave). Ecoute The Longest Winter, morceau fabuleux, qui regroupe en quelques minutes tout ce qui fait l’alpha et l’omega du doome death à l’anglaise. Du doom death planétaire donc. Les structures sont denses, formidablement chargées en informations, traversées d’idées lumineuses (le beau piano en ouverture de Medusa, les accélérations plus punk sur Blood and Chaos) et jamais futiles.
Tu noteras pour finir que, dans la version digibook, deux titres bonus figurent (Shrines et Symbolic Virtues), dans la même veine mélancolique que tout l’album.
Paradise Lost sort ici un produit certes calibré, certes estampillé 90’, mais tout simplement un produit de toute beauté, qui doit réconcilier les amateurs de doom death avec l’essence même de ce style exigeant et surtout qui permet au groupe de renouer avec sa grandeur passée.
| Raziel 2 Décembre 2017 - 2963 lectures |
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