Ghoulgotha - The Deathmass Cloak
Chronique
Ghoulgotha The Deathmass Cloak
Avouez quand même qu’elle a de la gueule cette pochette? Avouez aussi que si vous êtes ici en train de lire ces lignes ce n’est probablement pas parce que vous êtes familier de ce jeune groupe américain au doux nom de Ghoulgotha mais plutôt parce que vos yeux se sont littéralement sentis attirés par le travail de Mattias Frisk, guitariste/chanteur de Vangheld et gribouilleur professionnel pour quelques artistes plus ou moins connus (Entrapment, Ghost, King Of Asgard, Miasmal, Vampire...). N’ayez pas honte, moi aussi je me suis fait avoir...
The Deathmass Cloak est donc le premier album de Ghougotha, jeune trio formé en 2012 autour de l’infatigable Wayne Sarantopoulos (Beyond Hell, Decrepitaph, Encoffination, Father Befouled, Fester, Howling...). Celui-ci est sorti il y a quelques semaines sur Dark Descent Records et fait suite à un split en compagnie des Italiens d’Into Darkness, un EP paru sur Blood Harvest Records et une démo deux titres autoproduite. Parcours tout ce qu’il y a de plus classique mais néanmoins assez condensé puisqu’en l’espace de quelques mois le groupe a sorti plus de trucs qu’en presque deux ans de carrière.
Avec un tel patronyme, aussi ridicule qu’imagé, il est plutôt facile d’imaginer ce à quoi s’attendre en posant ses oreilles sur la musique de Ghoulgotha. Si vous avez l’esprit ralenti ou quelques neurones récalcitrantes, sachez alors que les trois américains pratiquent ni plus ni moins qu’un Death Metal particulièrement massif aux très fortes accointances Doom. Ce faisant, le groupe va d’ailleurs aller marcher sur les plates-bandes d’un certain Hooded Menace tout en apportant sa propre pierre à l’édifice. Ainsi, même si la comparaison semble parfois inévitable, le groupe évite néanmoins le plagiat éhonté grâce à une approche tout de même très différente.
En fait, ce lien avec les Finlandais, Ghoulgotha l’entretien principalement par l’ajout de certaines mélodies sur ces séquences plombées et massives ponctuant The Deathmass Cloak. Des séquences qui, à l’inverse d’Hooded Menace, ne sont pas ici en majorité mais plutôt dans un rapport équilibré avec l’autre visage de Ghoulgotha. Ces mélodies revêtent alors le même caractère que chez Lasse Pyykkö et sa bande, illuminant ainsi des passages souvent lourds et/ou répétitifs ou contribuant tout simplement à rendre l’atmosphère moins viciée en y apportant un côté épique et mélancolique particulièrement prenant. D’ailleurs les parties Doom ne s’étirent jamais outrageusement en longueur. Hormis un "Prophetic Oration Of Self" qui culmine à un petit 7:09, les autres morceaux durent en moyenne entre 4:30 et 5:30 pour un total avoisinant les cinquante-cinq minutes (les onze minutes de "Levitate Within The Curse" ne comptent pas puisque dedans se cache une reprise de Mythic, groupe de Doom américain du début des années 90). Cela ne rendra pas ceux qui ont le Doom en horreur plus enclin à apprécier cet album mais pour les gens qui comme moi ont plus de mal lorsque les choses se répètent et s’éternisent inutilement, ce format assez court pour le genre se veut presque providentiel malgré toujours quelques longueurs inévitables.
Mais là où Ghoulgotha tire finalement son épingle du jeu, c’est dans son approche particulière au Death Metal. Les groupes de Death/Doom ne sont pas nouveau et la recette qu’ils utilisent est souvent identique: des riffs pesants et lancinants auxquels vient s’associer un growl profond assez monotone. Si Ghoulgotha n’échappe pas à ce genre de construction, il vient néanmoins y apporter une touche bien plus personnelle. En premier lieu grâce à quelques séquences rythmiques (guitare/batterie) assez inattendues (un peu à la Demilich) dont la mise en place quelque peu alambiquée a de quoi surprendre ("Gazing Into Melted Night" à 1:09, "A Neck For The Nameless Noose" à 2:21, "Austere Urns" à 1:33, "Prophetic Oration Of Self" etc...). Ensuite aussi parce que ces séquences qui débarquent parfois comme un cheveu sur la soupe (rompant brusquement avec une certaine dynamique) s’accompagnent de riffs/leads tordus aux mélodies dissonantes n’ayant parfois rien de très musical. Si cela fonctionne plutôt bien sur l’ensemble de The Deathmass Cloak, on constate quand même quelques ratés, le plus insupportable pour mes oreilles étant ces affreuses petites mélodies sur "Prophetic Oration Of Self". Pour le reste, le Death Metal rampant de Ghoulgotha se montre tout ce qu’il y a de plus classique dans son genre même si certains passages mid-tempo se montrent parfois plus soutenus que d’autres.
Pas forcément très évident à cerner de prime abord, ce premier album de Ghoulgotha est loin d’être aussi ennuyeux ou anecdotique qu’il n’y paraît. Certaines constructions rythmiques ainsi que ce riffing étrange et dissonant donnent à la musique des Américains une personnalité évidente à double tranchant. En effet, il y a fort à parier que cette même identité sera son principal défaut pour d’autres oreilles que les miennes. Néanmoins, on ne peut pas reprocher à Ghoulgotha de vouloir non pas sortir des sentiers battus mais au moins chercher à proposer quelque chose qui sorte de l’ordinaire. Pour le coup, c’est assez réussi et The Deathmass Cloak est plutôt un bon album dans son genre malgré des passages pas toujours très captivant. A découvrir néanmoins pour tous les amateurs de Death/Doom.
| AxGxB 6 Mars 2015 - 802 lectures |
|
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo
Par Jean-Clint
Par Troll Traya
Par alexwilson
Par Sosthène