En 2003, on avait déjà plus de 10 ans d’existence du black dans les pattes, et pourtant on avait encore des sous-genres qui émergeaient. On voyait la fin du black sympho, et d’autres styles venir sur le devant de la scène. Parmi eux, le black metal pagan. Il existait déjà, mais il prenait de l’ampleur, et allait encore se développer, jusqu’à diviser l’opinion et créer à nouveau de nouvelles appellations. En France, c’est
BELENOS qui a pour beaucoup ouvert la voie du style avec en 2001
Errances oniriques. Pourtant il restait encore sage, et défouraillait pleinement. C’est vrai que l’on a eu très vite des excès, et que le pagan a pu trop laisser parler les instruments traditionnels, penchant alors vers le folk... Différence qu’on faisait peu à l’époque, selon mes souvenirs. On écoutait alors
AES DANA,
FINNTROLL,
ENSIFERUM... On savait bien que ce n’était plus exactement du black, mais on s’y retrouvait quand même, même si ça n'a pas duré...
C’est à la même période qu’est apparu
NYDVIND. Le premier album est sorti en 2003, et cet
Eternal Winter Domain avait une très bonne place dans ma chaîne hi-fi de l’époque, côtoyant le dernier album de
WINDIR (
Likferd), ainsi que
HIMINBJORG (
Golden Age). Ah oui, le temps passe, vite...
NYDVIND était promis à un bel avenir, et pourtant, malgré des chroniques très élogieuses un peu partout, il a tout de suite freiné ses activités. Il a mis 7 ans pour sortir une suite et c’est ainsi en 2010 qu’est paru
Sworn to the Elders. Une sortie qu'on n'espérait plus ! Dans ces cas-là, on est toujours optimiste. On se dit qu’on va avoir un retour à la
ARCKANUM, qui s’était absenté une dizaine d’années entre
Kampen et
Antikosmos et qui avait ensuite enchainé les sorties, 4 albums en 4 ans ! Eh bien non.
NYDVIND nous a même fait patienter encore plus longtemps, car même si des titres avaient été dévoilés sous forme de singles digitaux, c’est 8 ans plus tard qu'a émergé
Seas of Oblivion, en 2018 donc.
Mais que les fans se rassurent, le temps a beau être passé, le groupe n'a pas changé. Ou si peu. Déjà du côté du line-up, Hingard est toujours là pour poser sa voix et ses guitares, dont l’acoustique. Il a aussi joué pour
BRAN BARR,
MONOLITHE et
DESPOND. A ses côtés, l’autre membre originel : Nesh, que certains ont pu découvrir au sein de
AZZIARD, dont le petit dernier,
Metempsychose, a été chroniqué par Jean-Clint il y a quelques semaines. Chez
NYDVIND, il se charge de la basse, de guitares, et du bouzouki. L’espèce de luth là ! Aux deux infatigables héros se greffe Eric Tabourier à la batterie, déjà présent lors du split de 2011 avec
BORNHOLM et connu pour avoir servi
TEMPLE OF BAAL, gage de talent.
Et c'est aussi musicalement que le groupe est toujours le même. C’est impressionnant de constater à quel point il parvient à rester fidèle à ses ambiances, à sa ligne de conduite et à reproduire aussi fidèlement son style de metal. Il est véritablement figé dans le temps. Il arrive à nous replonger à ses débuts, et à nous redonner les sensations de notre jeunesse, tant est qu’on ait connu le groupe à ses débuts. Les mélodies agressives qui s’emballent comme des tempêtes déchainées, la noirceur qui émane de l’ensemble des morceaux, de l'épique noir… Mais surtout, surtout, ce qui différencie
NYDVIND des autres, ce sont les vocaux. C’est eux qui ont toujours donné une forte personnalité au groupe, et ils sont toujours aussi bons ! Pas seulement les vocaux principaux. Le hurleur est doué, mais ce sont surtout tous les vocaux annexes qui sont marquants. Des chœurs épiques, des petits passages déclamés, une voix plus claire qui vient nuancer les ténèbres. Avec la guitare acoustique, ils transforment, et transportent, les compositions. Ce sont eux qui ont toujours donné envie de faire des rapprochements avec
BELENOS et
HIMINBJORG.
Si ce nouvel album ne déroge pas à l’esprit
NYDVIND, il propose cependant des longueurs de titres à rapprocher du second. Les pistes prennent le temps de se développer, et quatre d’entre elles avoisinent ou dépassent les 10 minutes. A part l’introduction qui est un instrumental de 2 minutes, seuls deux morceaux sont « courts » : « Skywrath » et « The Dweller of the Deep », qui sont du coup plus tourmentés que les autres puisque plus directs. Comme la rencontre d’eaux troubles en pleine mer. La mer, qui est d’ailleurs le thème principal de cet album, loin des montagnes enneigées qui décoraient les livrets des essais précédents. Les titres sont alors évocateurs : « Sailing Towards the Unknown », « Sea of Thalardh », « Through Primeval Waters »…Quelques sons ajoutés comme le bruit des vagues essaient d'ailleurs de renforcer les ambiances maritimes désirées. Sincèrement, je vois toujours plus des montagnes que la mer à l'écoute de ces 8 pistes, sauf quand je me mets le nez sur la pochette...
Le travail est soigné, et le charme opère. A moins d’être hermétique au genre, ou alors d’être exigeant. Car effectivement, depuis tout ce temps où des groupes ont repris ce style, on peut être devenu légèrement blasé, et ne plus s’extasier face à un bon album. On peut réclamer de la surprise. Ce serait être un client entré dans la mauvaise boutique. Ce n’est pas un album qui cherche la surprise, mais qui a l’honnêteté de reprendre là où le précédent s’était arrêté, et de faire du bien aux oreilles de celui qui a envie que le temps se soit arrêté. Il faut prendre le temps avec
Seas of Oblivion, et se mettre dans les conditions pour savourer ses 65 minutes de jeu. Le plaisir est réel, et le voyage est assuré.
On a compris que le groupe n'est pas des plus rapides, donc on va écouter et savourer encore tranquillement quelques années. Au revoir
NYDVIND, et on se retrouve en 2026 !
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