Orphaned Land a vu son metal folklorique et progressif s’exporter plus que jamais avec le succès de ses derniers albums, à tel point que ces fers de lance venus d’Orient il y’a plus de vingt ans ont acquis aujourd’hui un statut référentiel. Cependant ces succès furent entachés des départs successifs de ses deux guitaristes fondateurs, notamment Yossi Sassi, dont les fabuleux soli ont longtemps fait partie des gros points forts du groupe. Un coup dur, surtout quand on se remémore le précédent
All is One, qui marquait déjà une baisse dans la qualité d’écriture. L’objectif des Israéliens d’augmenter la régularité de leurs sorties ayant vite été visiblement contré, ce n’est qu’en ce début d’année que nous parvient ce
Unsung Prophets & Dead Messiahs, paré d’un artwork « metastazien » reconnaissable à cent mètre.
Comme souvent, Orphaned Land propose un album assez conceptuel se basant sur l’allégorie de la caverne de Platon, censée représenter notre condition actuelle, attachée à notre demeure souterraine sans lumière et notre difficulté d’accès, voire refus, de la réalité du monde. L’histoire devient alors celle d’un personnage parvenant à sortir de cette « caverne » pour découvrir le monde extérieur (la vérité donc), et meurt, assassiné par ses frères qu’il tentait de ramener à la raison à leur tour. Ajoutez à cela de multiples références à plusieurs personnages historiques (les fameux « unsung prophets ») et à des œuvres d’anticipations aujourd’hui bien ancrées dans notre présent, et vous obtenez un contenu franchement intéressant et actuel, mais à charge non pas contre une minorité d’individus, mais nous-même. Si on ne reprocher à Kobi Farhi de vouloir donner du sens et du fond aux textes de son groupe, son propos un tantinet moralisateur aura vite fait de lasser (« Avez-vous entendu parler de Kim Kardashian ? » « Mais savez-vous qu’il y’a 75,000 enfants en Inde enlevés chaque année par des réseaux pédophiles… ? »). Voilà pour les paroles. Mais pour la musique les choses ne sont pas aussi simples.
On annonçait un album plus ambitieux, et la promesse n’est pas totalement tenue. Certains morceaux plus longs et progressifs pourraient rassurer les fans des
Mabool et
The Nerver Ending Way of ORwarriOR, comme le très bon « The Cave » qui ouvre l’album et convainc sans effort par sa richesse, ou encore « Chains Fall to Gravity », longue ballade de presque dix minutes illuminée par un solo tout en délicatesse de Steve Hackett (ex-Genesis). Malheureusement cela s’arrête là. La grande majorité restante du disque, si elle s’attelle à présenter une synthèse de la musique d’Orphaned Land, est marquée par la direction plus accessible, voire commerciale selon certains, d’
All is One. La surenchère orchestrale, où violons et chœurs pullulent, ne suffit pas à masquer des morceaux souvent bien trop mou, manquant cruellement de riffs ou de lead inspirés. Seules les efficaces « We Do Not Resist » et « Only the Dead Have Seen the End of War» (avec Tomas Lindberg en guest pour la caution metal) redonnent un peu de mordant (le retour timide du growl est d’ailleurs salutaire), mais c’est bien insuffisant pour réveiller l’attention de l’auditeur, surtout quand on se trouve aussi loin du death metal mélodique et progressif pratiqué encore il y’a peu. A la rigueur le single « Like Orpheus », qui retrouve les plus beaux éclats du groupe, parvient à séduire, et c’est par la suite une poignée de morceaux facilement oubliables qui occupent la seconde moitié de l’album. Et la prestation du toujours excellent Kobi Farhi ne suffit clairement pas pour porter tout cela, tant, trop régulièrement après l’écoute aucun passage ou presque ne reste en tête ou ne donne envie d’approfondir encore.
Si la production et l’interprétation sont irréprochables, l’ensemble cohérent et dénué de véritable faute de goût, ce sont bien les compositions fades qui plombent la plupart du temps ce
Unsung Prophets & Dead Messiahs que l’on ne pourrait surement pas qualifier de mauvais, mais de bien peu mémorable et surtout décevant de la part d’un groupe qui est (a été ?) capable de bien mieux. Les quelques très bon moments que l’on y trouve laissent espérer un futur plus optimiste pour Orphaned Land, à eux de voir comment ils l’envisageront.
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