Gutslit - Amputheatre
Chronique
Gutslit Amputheatre
Tous les ans il y a des oubliés dans les bilans de fin d’année, faute de temps ou d’une découverte trop tardive. C’est le cas de ce « Amputheatre », qui aurait dû figurer dans le bilan 2017 mais qui ne se trouve pas chroniqué avant ce jour, mieux vaut tard que jamais me direz-vous. S’il est vrai qu’il y a quelques années la scène indienne restait extrêmement confidentielle, elle s’est petit à petit développée et affirmée (à l’instar de ses voisins encore plus confidentiels tels le Bengladesh ou le Népal) à tel point qu’aujourd’hui Metal Archives y recense près de quatre-vingt-dix groupes affiliés death. Ceci est en grande partie dû au travail du label local Transcending Obscurity qui est une nouvelle fois derrière cet album de Gutslit. Si les natifs de Mumbai n’en sont pas à leur coup d’essai puisqu’un premier opus (« Skewered in Sewer ») était déjà paru en 2013 sur le label russe Coyote Records, le groupe m’était totalement inconnu. Il est étonnant de noter qu’il compte déjà onze ans d’activité, se présentant d’ailleurs comme le plus ancien et le plus brutal des groupes indiens, la fiche promo lui associant des noms tels que Dying Fetus, Misery Index, Suffocation, Aborted, Nasum ou encore Cattle Decapitation. Ajoutez à cela une pochette plutôt aguicheuse genre jeux du cirque bien sanglants et il n’en fallait pas plus pour piquer ma curiosité. Tout ça aurait bien évidemment pu déboucher sur une horrible bouse mais heureusement il n’en est rien et Gutslit s’avérera même une très bonne surprise.
Si le label met en avant des influences grind, et même si effectivement de petites touches Misery Indexiennes pourront être perçues çà et là il faut avouer que c’est loin d’être le centre du propos ici, « Amputheatre » prenant plutôt l’aspect d’une bonne grosse mandale brutal death des familles servi sur un plateau par un son en béton armé grâce à une production ultra puissante décuplant la force de frappe d’un album qui n’en demandait pas tant. Les guitares s’appuieront donc sur un son bien abrasif pour vous asséner de véritables coups de masse d’armes en pleine tronche et ce sans aucun répit. Véritable valeur ajoutée de l’album, le travail réalisé ici par Prateek Rajagopal est vraiment à saluer tant la qualité de son riffing sert de ciment à un album qui vient entièrement s’agréger autour. Power chord agressif, tremolo vicieux, accents plus techniques, utilisation judicieusement parcimonieuse des harmoniques, petites pointes mélodiques, in your face ou au groove tranchant le gus fait mouche avec une précision qui fait plaisir à entendre. Même s’il n’y a évidemment rien de neuf dans le fond, l’efficacité et la probité qui en ressortent suffisent à faire d’ « Amputheatre » un bon album, le reste le portera au rang de très bon album. Et le reste c’est quoi ? C’est, pour commencer, le growl puissant et profond du nouveau frontman Kaushal LS qui évolue dans un registre suffisamment large pour ne pas tomber dans le gruik permanent redondant. Alternant un chant growlé classique presqu’un intelligible et très convaincant à des accents bien plus porcins et quelques envolées criardes, ce n’est pas non plus ici qu’il faudra venir chercher un peu de finesse. C’est enfin une assise rythmique à toute épreuve. En effet par-dessus les vrombissements d’une basse présente mais qu’on aurait aimé plus altière encore, Aaron Pinto viendra mettre la dernière couche avec une prestation elle aussi irréprochable qui jamais ne lésine sur la dose de blast et qui laissera là aussi peu de place à la douceur.
Toutefois si l’approche proposée par Gutslit privilégie cette brutalité massive et foutrement jouissive, elle évite habilement l’écueil du blast permanent qui peut vite devenir ronflant en élargissant la palette de tout un tas de réjouissances à type de gros breaks bien lourds (« Brazen Bull » à 1’20) ou de moments purement brise-nuque aux accents core et au groove tellement Dying Fetusien (« From One Ear To The Other » à 2’05, « Necktie Party » à 19’’, « Blood Eagle » à 3’09…). Aucun risque donc de piquer du nez sur « Amputheatre » qui par sa diversité de riffs et ses changements de rythme réguliers (je n’irais pas jusqu’à dire incessant, ce n’est pas « Transcend Into Ferocity » non plus) éloigne aussi loin que possible la crainte de voir l’auditeur bailler aux corneilles.
Excellente surprise de 2017, ce deuxième opus de Gutslit, viendra rassasier tous les affamés de brutalité avec une recette certes éculée mais exécutée ici avec une intensité et une efficacité exemplaires. Alliant l’approche extrême d’un Severe Torture à un groove sauce Dying Fetus, le résultat dépasse largement tout ce que je pouvais en attendre initialement car clairement avec « Amputheatre » Gutslit joue désormais dans la cour des grands et finira de nous prouver qu’il n’y a vraiment aucune frontière dans le metal.
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