Beyond Mortal Dreams - From Hell
Chronique
Beyond Mortal Dreams From Hell
From Hell, ce n'est pas qu'un film avec Johnny Depp. C'est aussi un petit joyau de l'underground taillé par les mains d'orfèvres d'un groupe australien méconnu et pourtant si talentueux, Beyond Mortal Dreams. Moi-même, je n'ai appris son existence que l'année dernière. Le combo d'Adélaïde n'en était pourtant pas à son coup d'essai puisqu'avant de livrer ce premier full-length en auto-production, il avait déjà sorti trois démos. Heureusement il n'est jamais trop tard et je peux vous dire que je me suis bien rattrapé en l'écoutant de nombreuses fois, avec toujours le même résultat: la bave aux lèvres et du foutre plein le caleçon.
Qu'a donc Beyond Mortal Dreams de plus que les autres pour mériter un tel emballement? Un nom et une pochette cools déjà. Des détails mais ils démontrent la volonté du quatuor de se démarquer de la masse. Une volonté qui se prolonge dans sa musique. On sent certes bien les influences (Immolation, Hate Eternal, Morbid Angel, Nile, Mithras...), rapprochant le groupe des Tchèques de Heaving Earth, mais les Australiens possèdent clairement leur propre patte. Beyond Mortal Dreams nous propose ainsi ce qu'on pourrait qualifier de brutal dark death metal, du death metal basé à la fois sur une brutalité conséquente et sur l'instauration d'une atmosphère ténébreuse plus raffinée. Côté brutalité, on notera déjà des rythmiques souvent rapides avec des riffs bouillonnants portés par bon nombre de blast-beats. Bref, ça bourre! Petit bémol toutefois, le batteur Hellaeon, qui a depuis quitté le navire, ne les joue qu'en courtes rafales entrecoupées de descentes de toms, et ne les tient donc jamais très longtemps. Dommage également que le son de batterie manque de relief, seul reproche qu'on émettra sur une production sinon exemplaire. L'autre aspect "brute épaisse", c'est le chant du guitariste Doomsayer. Ultra caverneux, son growl semble sortir tout droit des entrailles de la Terre. Ça sonne cliché mais pourtant, c'est exactement ça! Les shrieks criards se sont également vus accordés une permission, plus restreinte toutefois et souvent sous le chaperonnage des growls. Classique mais efficace!
Les vocaux ne servent pas qu'à la brutalité de l'opus. Ils contribuent aussi à la facette atmosphérique de l'opus, l'autre point fort de Beyond Mortal Dreams. C'est même cette ambiance à la fois dark et majestueuse qui fait tout le charme de From Hell et le groupe prend bien soin de nous y plonger dès les première secondes du titre éponyme d'ouverture introduit par un sample de plus en plus menaçant. On en retrouvera d'autres sur "Desolation Hymn" et "The Earth Belongs To Hell" qui nous proposent aussi quelques nappes de claviers, tout comme "In Agony Everafter". Samples et claviers restent cela dit discrets et c'est bien sûr surtout avec leurs guitares que la paire Bloodspawn et Doomsayer posent le climat. D'abord par le biais d'excellents riffs, rapides ou non (le groupe ne fait pas que blaster et varie suffisamment le tempo), toujours habillés d'un voile mélodique sombre et émanant une odeur de soufre, et qui semblent bien provenir d'où nous l'indique le titre de l'album. Et ensuite grâce à un travail énorme sur les leads, pour moi l'élément qui fait vraiment la différence ici. Rarement, en effet, ai-je entendu de si beaux solos sur un album de death metal. Pour l'amateur de heavy que je suis, c'est un véritable régal. Plus habitué aux motifs chaotiques dans ce style, j'ai été très agréablement surpris par le toucher et le feeling du combo, qui conserve néanmoins souvent les allures rapides et torturés typiques du death. Mais quand Beyond Mortal Dreams se pose vraiment, il nous transporte littéralement vers d'autres mondes. Et quel meilleur exemple que "Desolation Hymn", instrumental de près de cinq minutes qui prend le temps de poser son ambiance, sublimé par des solos extraterrestres absolument divins? C'est aussi un véritable festival auquel se livrent les Australiens sur "In Agony Everafter", pièce de résistance de l'album qui affiche plus de onze minutes au compteur! Onze minutes pour du death?! Quand je vous dis que ce groupe n'est pas tout à fait comme les autres! D'autant plus impressionnant qu'on ne les sent pas passer, le quatuor enchaînant les bons plans, que ce soit les riffs, les solos qui gazouillent, les parties de blasts, les ralentissements, les samples atmosphériques, j'en passe et des meilleurs. Sur ce morceau, Beyond Mortal Dreams n'est pas loin d'inventer le brutal melodic atmospheric dark death metal! Bon, c'est peut-être un peu lourd mais vous avez compris l'idée!
Véritable pépite négligée, From Hell mériterait bien plus d'attention. Et Beyond Mortal Dreams une signature sur un gros label afin que son talent éclate au grand jour. Riffs énormes, ambiance sombre immersive, chant ultra caverneux jouissif, quotient de brutalité élevé, solos virevoltants, ce premier full-length des Australiens a pratiquement tout pour plaire. Il y a même un peu de groove! Seul un son de batterie un peu plat, des blast-beats qu'on aurait voulu tenus plus longuement et un côté parfois répétitif (mêmes riffs répétés trop longtemps comme sur "From Hell", "Where The Unbelievers Burn" ou le début de "The Earth Belongs To Hell" et "In Agony Everafter") viennent tempérer notre engouement. Des défauts qu'on mettra vite de côté tant les qualités hors du commun du combo sautent aux oreilles. En espérant que le groupe nous honore un jour d'un nouvel album. C'est que 2008, ça commence à dater! Pas grave, on ne se lassera pas d'écouter ce petit chef-d'oœuvre jalousement gardé par l'underground.
| Keyser 6 Mars 2012 - 3099 lectures |
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