Je vous avais parlé il y a quelques semaines du premier et excellent album des Australiens de Beyond Mortal Dreams sorti en 2008,
From Hell. Ça tombe bien, le groupe vient enfin de livrer du frais, malheureusement sous la forme d'un EP baptisé
Dreaming Death. Attention, si je dis malheureusement, c'est parce que quatre ans pour sortir quatre titres dont une reprise, ça ne fait pas lourd. Parce qu'en ce qui concerne la qualité, là c'en est, du lourd!
Quatre ans c'est long et beaucoup de line-ups n'y résistent pas. Comme celui de Beyond Mortal Dreams qui a entre-temps perdu deux membres, le bassiste Ghuul (ex-Intended Victim) et le batteur Hellaeon (ex-Oni, StarGazer et Darklord). Ce dernier est remplacé par Maleficus. Quant à la basse, c'est le maître à penser Doomsayer (One Step Beyond, ex-Oni et Darklord), déjà responsable du chant, des guitares et du synthétiseur, qui la prend désormais en charge. L'autre guitariste Bloodspawn est lui toujours présent.
Des changements relativement mineurs cependant puisque le principal compositeur et frontman demeure fidèle au poste. Preuve en est, ce
Dreaming Death reste strictement dans la même veine que
From Hell. Autant dire que si vous avez aimé l'album, il y a de grandes chances que vous aimiez l'EP dont les trois morceaux originaux auraient très bien pu figurer sur le premier.
Dreaming Death a toutefois un avantage visuel puisque sa magnifique pochette retranscrit bien mieux la musique du combo que celle de
From Hell. Beyond Mortal Dreams pratique ainsi un death metal ambitieux, partagé entre une ambiance des plus ténébreuses et une brutalité impressionnante, qui renvoie à Morbid Angel, Immolation, Nile, Hate Eternal et Mithras. Ça fait rêver, hein? Comme quoi le groupe porte bien son nom! Attendez-vous donc à une avalanche de blast-beats bien mis en valeur par une production puissante mais pas trop propre. Beyond Mortal Dreams frappe également fort niveau riffs, qui, bien que n'apportant rien de nouveau, dégagent une puissance assez incroyable et posent une atmosphère sombre immersive, que ce soit sur les parties rapides ou les séquences plus posées comme le début de "Dreaming Death" qui vous collera à coup sûr des frissons de plaisir morbide le long de votre échine courbée devant une maîtrise et un savoir-faire que seuls les grands groupes déploient. Le growl imposant ultra profond de Doomsayer, un peu à la Karl Sanders, appuie encore davantage ce côté impérial.
Brutalité et ambiance dark à souhait, les Australiens partent déjà avec des bases plus que solides qui les placent directement dans le peloton de tête. Mais comme si cela ne suffisait pas, le trio d'Adelaïde nous offre d'autres joyeusetés. Comme sur l'album, on retrouve ainsi avec grand plaisir ce don unique pour les leads majestueuses. Des solos cosmiques que n'auraient pas reniés Trey Azagthoth et Leon Macey et qui font prendre tout son sens à la pochette. Beyond Mortal Dreams est un des rares groupes cette année à pouvoir concurrencer Hexen en la matière. Orgasmes oraux prévus sur l'enchaînement de "Feast Of Carrion" (1'46, 2'04, 2'30 et l'apothéose à 4'08), titre d'ouverture dantesque qui suffira à lui-seul pour convaincre du caractère indispensable de l'EP, ou sur le passage à partir de 4'17 de "Dreaming Death" sur lequel le groupe tutoie les sommets à coups de blasts, de riffs noirs, de sweeps agiles et mélodieux et de claviers. Claviers oui. Mais pas claviers gay. Des nappes de synthés intelligemment placées qui ne noient jamais les guitares mais viennent en arrière-plan donner de la profondeur à une ambiance déjà très prenante. Dernier cadeau, une reprise de "Beast Of Damnation" de Beherit qui vient conclure le maxi. Beyond Mortal Dreams crée l'exploit en arrivant à me faire aimer un morceau du combo culte de black metal finlandais que je n'ai jamais réussi à considérer autrement que comme du bruit parasite. Les Australiens en font un titre ultra efficace, brutal et noir de chez noir tout en le rendant audible. Mieux joué (avec l'ajout d'un petit solo), mieux produit et death metallisé, "Beast Of Damnation" a ici une toute autre gueule. Voilà une vraie bonne reprise où le groupe s'approprie un morceau et le joue comme s'il était de lui.
Nouveau coup de maître d'une formation méconnue mais ô combien talentueuse? Oui mais... plusieurs détails me font préférer
From Hell d'une courte tête. On peut tout d'abord regretter le manque d'évolution des Australiens alors que quatre ans séparent les deux sorties. Mais plus qu'un manque d'évolution, ce sont les très fortes réminiscences de l'album sur certains passages comme à 0'50 sur "Feast Of Carrion" (le riff et le chant) ou carrément tout "Dreaming Death", quasi-instrumental à la structure calquée sur "Desolation Hymn" (on croit l'écouter dès l'intro) qui interpellent. Un moindre mal puisque le résultat est forcément bon et que "Desolation Hymn" n'est rien moins que le meilleur instrumental jamais composé par un groupe de death metal, mais tout de même, l'auto-clonage n'est jamais bon signe, encore moins pour un groupe à la discographie peu fournie. Et puis ce
Dreaming Death est bien trop court. Quatre années pour moins de vingt minutes de musique, si bonne soit-elle, c'est décevant et frustrant. En parlant de durée d'ailleurs, "The Filth Of Their God", trop vite expédié avec ses 2'49, fait grincer des dents (comme la séquence saccadée, rare réelle faute de goût). Mais rien que pour son ouverture suprême, on excusera le groupe.
Effectivement, difficile d'en vouloir à Beyond Mortal Dreams tant son talent et sa supériorité écrasent tout. Tout juste puis-je me permettre de retirer un demi-point par rapport au full-length. Parce que ni l'absence d'évolution, ni l'auto-plagiat et encore moins l'éphémérité du plaisir créatrice de frustration ne peuvent éclipser la qualité de
Dreaming Death, que le trio a une nouvelle fois sorti en auto-production. Un choix de carrière volontaire à mon avis car je ne peux pas imaginer qu'aucun label n'ait marqué son intérêt pour le groupe. Quoique légèrement inférieur à
From Hell,
Dreaming Death reste en effet une sortie marquante de cette année et il va de soit que tous les fans de Nile, Morbid Angel, Hate Eternal, Immolation, Mithras, Heaving Earth et de death metal label rouge en général, avides de brutalité, d'atmosphère obscure et de virtuosité, doivent impérativement se procurer la bête. Quand on a entendu ça, on peut mourir tranquille.
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