Née d’un sentiment de frustration et d’impuissance lié à la sensation désagréable de se sentir pieds et poings liés au sein d’un groupe, son propre groupe, pourtant en pleine ascension mais néanmoins contraint de faire du surplace pour des raisons que vous connaissez tous, la carrière solo de Jerry Cantrell n’avait de fait plus véritablement lieu d’être lorsqu’en 2006 lui et le reste d’Alice In Chains prenaient la décision de poursuivre l’aventure après la disparition tragique de Layne Staley quatre ans plus tôt. En effet, le guitariste avait toujours dit jusque-là ne pas éprouver le besoin de se lancer dans ce genre de carrière en solitaire, Alice In Chains étant la seule de ses véritables préoccupations musicales…
Dix-neuf ans après l’excellent
Degradation Trip Volumes 1 & 2, le voilà pourtant de retour avec la sortie il y a quelques mois de
Brighten, un troisième album solo qui n’est paru ni chez Columbia ni chez Roadrunner Records mais en autoproduction. Comme à son habitude, le musicien s’est entouré de quelques artistes qualifiés pour l’accompagner dans cette reprise d’activité entamée avant même cette pandémie mondiale... Ainsi, outre quelques musiciens de l’ombre tels que Tyler Bates (Dawn Of The Dead, Halloween 1 et 2, John Wick...), Abe Laboriel Junior (Eric Clapton, Paul McCartney, Johnny Halliday...) ou Michael Rozon,
Brighten est marqué par la présence de son vieux copain Duff McKagan (Guns n’ Roses) que l’on retrouve ici à la basse sur une grande majorité des neuf compositions de ce nouvel album et de manière beaucoup plus surprenante (en tout cas pour n’importe quel amateur de Hardcore Chaotique) par celles de Greg Puciato (The Dillinger Escape Plan, Killer Be Killed, The Black Queen...) et de Gil Sharone (The Dillinger Escape Plan, Stolen Babies, Team Sleep, Marilyn Manson...) respectivement au chant (backing) et à la batterie. La production est quant à elle signées des mains expertes de Paul Figueroa (Amen, Frank Black And The Catholics, Johnny Cash, The Mars Volta, Stone Sour...), Tyles Bates et Jerry Cantrell alors que le mixage a été confié à monsieur Joe Barresi (The Jesus Lizard, Melvins, L7, Queens Of The Stone Age, Fu Manchu, Bad Religion, Isis...).
Alors pour être honnête avec vous, si cette chronique d’un album que j’attendais pourtant beaucoup s’avère aussi tardive c’est tout simplement parce que la première écoute de celui-ci ne m’a pas particulièrement emballé outre-mesure… Séduit par les nombreux parallèles qui existent entre
Degradation Trip Volumes 1 & 2 et les premiers albums d’Alice In Chains, je m’attendais à un album plus ou moins identique. Ors
Brighten, s’il converse bien évidemment de nombreux gimmicks propres à Jerry Cantrell, s’éloigne assez distinctement de ce qui est fait par le monsieur au sein d’Alice In Chains pour y incorporer des sonorités et influences plus personnelles ainsi qu’une couleur naturellement plus lumineuse. Cette conclusion sur "Goodbye", reprise d’Elton John (l’un des artistes de cœur de Jerry Cantrell) adoubée par le Rocket Man himself en est l’une des preuves les plus flagrantes tout comme ce retour à des sonorités Country désormais bien mieux digérées et recrachées qu’à l’époque de
Boggy Depot ("Atone", "Brighten", "Prism Of Doubt", "Black Hearts And Evil Done", "Siren Song", "Nobody Breaks You", "Dismembered"). Bon, on ne va pas se mentir, il y a un côté « daron pleinement assumé » dans ces compositions calmes et contemplatives évoquant le grand ouest américain, ses paysages grandioses et ses rubans d’asphalte à perte de vue (l’usage de cette guitare lap steel avec ses fameuses ondulations métalliques n’y est pas étranger) mais personnellement, ayant désormais passé la quarantaine, j’avoue que je m’en fous un petit peu et que de temps à autre je n’y suis pas insensible. Il en est de même pour monsieur Cantrell qui a fait de
Brighten un troisième album solo né non pas d’un sentiment de frustration mais plutôt d’apaisement et de (relative) sérénité.
Alors certainement que ce celui-ci ne plaira pas à tout le monde avec ce côté Rock / Country FM parfaitement assumé, ces sonorités et autres paroles effectivement bien moins sombres qu’auparavant et ces nombreux arrangements mélodiques (piano, guitare acoustique, synthétiseur, percussions, etc). C’est d’ailleurs très probablement ce qui ne m’a pas plu lors de ma découverte de celui-ci. Sauf qu’en prenant le temps d’y revenir, je suis tout de même rapidement tombé sous le charme du travail de monsieur Cantrell. De ces lignes de chant toujours aussi impeccables (avec certains de ces fameux gimmicks vocaux) à cette sensibilité meurtrie en passant par ce riffing lourd et cadencé qui a fait sa renommée au sein d’Alice In Chains (le refrain d’"Atone" et de "Nobody Breaks You", "Brighten", "Siren Song", "Had To Know") ou bien encore par tous ces solos ni démonstratifs ni forcément hyper techniques mais toujours extrêmement bien sentis et inspirés, les qualités à ce troisième album ne manquent pas et c’est finalement de manière très naturelle que je me plais à y plonger assez régulièrement.
Du haut de ses 56 ans, Jerry Cantrell revient en ces temps mouvementés avec un album apaisé et finalement plein d’espoir. Tous les amateurs d’Alice In Chains et de ses pérégrinations en solo n’y adhèreront probablement pas forcément dans la mesure où l’Américain y explore des sonorités plus personnelles et proches de ses premiers amours avec ici un côté Country / Rock à papa parfaitement assumé (et maitrisé). Pour autant,
Brighten est marqué de bout en bout par son talent d’écriture et certaines de ces caractéristiques inimitables qui font de Cantrell l’un des meilleurs guitaristes et musiciens des années 90. Alors évidemment, ce nouvel album solo ce destine en premier lieu à tous les plus de trente-cinq ans ayant comme moi de quelconques atomes crochus avec ce Rock Alternatif (connu plus vulgairement sous l’appellation Grunge) issu de cette décennie dorée même si pour cela il faudra (pour certains) s’accommoder de ces élans plus intimes et personnels qui font de
Brighten un disque moins sombre et agressif que par le passé. Un disque - attention les clichés - témoignant d’une évidente maturité et d’une vision assagit de la vie et des évènements qui nous entoures. En ces temps troublés, cela ne peut pas faire de mal.
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