chargement...

haut de page
Remontez pour accéder au menu
94 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer

Jerry Cantrell - Degradation Trip Volumes 1 & 2

Chronique

Jerry Cantrell Degradation Trip Volumes 1 & 2
L’accueil pour le moins mitigé réservé à Boggy Depot à sa sorti en 1998 n’aura pas entamé la motivation d’un Jerry Cantrell toujours bien décidé à ne pas subir l’arrêt forcé des activités d’Alice In Chains en se lançant corps et âme dans une carrière solo à laquelle il avait pourtant toujours rechigné jusque-là. C’est pourquoi peu après la parution de ce premier album, Cantrell choisira d’aller s’isoler plusieurs mois dans les montagnes pour tenter de donner une suite un peu plus consistante à ce premier galop d’essai jugé à l’époque relativement anecdotique par beaucoup de gratte-papier et plus récemment par certains tape-clavier investi par une mission d’utilité publique bien qu’à la base très personnelle, celle de (re)mettre en lumière sur Thrashocore tous ces artistes de la scène Grunge / Alternative ayant marqué de leurs empruntes les années 90 ainsi que bon nombre d’adolescents de l’époque.

Malgré cette motivation restée intacte, la composition, l’enregistrement et la sortie ce deuxième album intitulé à juste titre Degradation Trip n’auront pas été une mince affaire. En effet, si Jerry Cantrell a choisi d’aller s’isoler dans la chaîne des Cascades c’est pour faire face à ses démons et à tous ses problèmes. Un processus qu’il exprimera d’ailleurs en ces mots : "I got into a writing session which lasted for three or four months where I just continued to spew and pour all of this shit out of the depths of myself from every level and aspect of my life. I dealt with a lot of issues that aren't easy for me to verbally get across. I think it's easier for me to do it in a musical venue. But it was the hardest thing I've ever done in my life. I'm glad I did it and I'm glad I went through the experience, but it's certainly something I don't ever want to do again".
Cette expérience très forte aura permis à Jerry Cantrell de composer une trentaine de titres (dont "Died" et "Get Born Again" qui deviendront finalement par la suite les deux derniers morceaux d’Alice In Chains avec le regretté Layne Staley au chant). Pour les coucher sur bande, celui-ci fera appel cette fois-ci à Mike Bordin de Faith No More, Robert Trujillo d’Ozzy Osbourne (bien moins démonstratif ici que chez Suicidal Tendencies ou Infectious Grooves) et au producteur Dave Jerden déjà responsable de la production des deux premiers albums d’Alice In Chains. Malheureusement, les choses ne se passeront pas comme prévu entre les trois musiciens et le producteur qui sera finalement remercié après seulement deux jours passé en studio. Il faudra attendre alors plusieurs mois avant que les trois puissent être à nouveau réuni sous la direction d’un Jerry qui bon gré mal gré et en compagnie de Jeff Tomei assurera en effet le rôle de producteur. En parallèle, Cantrell est lâché par Columbia Records et doit donc assumer l’intégralité des frais d’enregistrement et de production de sa poche. Et quand celui-ci réussit à signer un contrat avec Roadrunner Records pour la sortie de ce nouvel album, on lui fait comprendre que dans un premier temps une quinzaine de morceaux serait amplement suffisant histoire de ne pas effrayer le chaland. Résultat des courses, il existe aujourd’hui deux versions de Degradation Trip. La première dont il n’est pas question ici propose effectivement quatorze morceaux alors que la seconde intitulée Degradation Trip Vol 1 & 2 parue quelques mois plus tard avec un artwork différent propose quant à elle vingt cinq compositions avec, pour le premier volet, un tracklisting quelque peu remanié.

Probablement à l’écoute des critiques qui n’ont pas toutes été tendres à l’époque, Jerry Cantrell a choisi ici de revoir sa copie. Si Boggy Depot s’éloignait assez significativement de l’univers d’Alice In Chains ce n’est pas le cas de Degradation Trip Vol 1 & 2 dont la grande majorité des titres aurait très bien pu figurer sur un album du groupe de Seattle. Un choix qui me va plutôt bien (et a priori je suis loin d’être le seul) puisque monsieur Cantrell a toujours été le principal compositeur derrière les albums d’Alice In Chains. Moins enclin à explorer de nouveaux horizons que son prédécesseur sur lequel on pouvait notamment distinguer quelques digressions Country relativement marquées, ce deuxième album renoue avec cette approche beaucoup plus « Metal » à laquelle le chanteur/guitariste nous avait jusque-là habitué avec son projet principal. Un constat flagrant dès que résonnent les premiers accords de "Psychotic Break" servit en effet par une production beaucoup plus lourde et abrasive que celle de Boggy Depot. Malgré un contenu pour le moins intimidant (il y a en quand même pour plus de deux heures de musique ici), ces quatre minutes et neuf secondes suffisent à rassurer (pour ne pas dire enthousiasmer) l’amateur jusque-là probablement un petit peu échaudé par un premier album mi-figue mi-raisin n’ayant clairement pas fait date dans la carrière de Jerry Cantrell. Et le plus beau dans tout ça c’est que la suite ne faiblit pas d’un poil avec notamment une quantité indécente de compositions marquées par ces riffs sabbathiens à la signature rythmique et à la couleur si particulières (avec notamment cet usage de la pédale wah wah), par cette noirceur qui faisait également pas mal défaut à son prédécesseur et par ce sens inée de la mélodie sombre et désabusée. De "Bargain Basement Howard Hughes" à "Owned" en passant par "Mother's Spinning In Her Grave (Glass Dick Jones)", "Hellbound", "Spiderbite", "Pro False Idol" et tout un tas d’autres titres présents sur le second volume de cet album fleuve (à l'image de ce "Anger Rising" absolument tubesque), difficile de ne pas tomber sous le charme du travail incroyable et particulièrement conséquent de Jerry Cantrell. Outre tous ces titres marqués par ce riffing lourd et abrasif, on va trouver également quelques chouettes balades acoustiques (ou électro-acoustiques) au ton introspectif, sombres et désabusées qui auraient tout à fait pu trouver leur place sur les excellents Sap ou Jar Of Flies. Parmi elles, mentionnons notamment la superbe "Gone" avec (même si je n’ai trouvé aucune information officielle permettant de l’attester) la voix grave et abimée de monsieur Mark Lanegan en renfort de celle d’un Jerry Cantrell impeccable de bout en bout. Une petite pépite qui vient clore ce premier volet d’une bien belle façon, en vous donnant tout simplement la chair de poule...
Alors oui, sur vingt-cinq morceaux proposés ici, certains comme "Feel The Void", "What It Takes", "Hurts Don't It?" ou "She Was My Girl" peuvent paraître un petit peu plus faibles ou tout simplement un peu moins intéressants de prime abord (notamment à cause de leur construction étrange ou en dehors des sentiers battus) mais en toute honnêteté, il n’y a quand même pas grand chose à reprocher ni même à jeter sur ce double album aussi généreux et ambitieux que réussi et captivant.

Pour conclure, si Degradation Trip Vol 1 & 2 s’avère effectivement moins "expérimental" et "surprenant" que son prédécesseur, il est surtout bien plus abouti et cela à tous les niveaux. De cette production lourde et abrasive à cette noirceur retrouvée en passant par ces riffs plombés et cette filiation avec Alice In Chains désormais évidente, ce deuxième album (et accessoirement le dernier en date) est ce que l’on peut appeler une franche réussite qui malgré sa durée intimidante se laisse écouter avec grand plaisir, sans jamais broncher ni même montrer un seul moment de lassitude. Jerry Cantrell semble ici embrasser pleinement cette carrière solo, prenant ainsi conscience du fait que l’aventure Alice In Chains touche désormais à sa fin et que par conséquent il est alors totalement libre de s’exprimer sans avoir à se dire que tel riff ou telle séquence aurait trouvé sa place sur un hypothétique prochain album de son groupe qu’il relancera finalement quelques années plus tard avec l’arrivée de William DuVall dans la formation. Bref, si Boggy Depot n’a rien d’indispensable, ce n’est pas le cas de Degradation Trip Vol I & II qui plaira à tous les amateurs de Jerry Cantrell et de son jeu si personnel.

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Jerry Cantrell
notes
Chroniqueur : 8.5/10
Lecteurs :   -
Webzines :   -

plus d'infos sur
Jerry Cantrell
Jerry Cantrell
Grunge - 1996 - Etats-Unis
  

écoutez
vidéos
Anger Rising
Anger Rising
Jerry Cantrell

Extrait de "Degradation Trip Volumes 1 & 2"
  

tracklist
Volume 1
01.   Psychotic Break  (04:08)
02.   Bargain Basement Howard Hughes  (05:38)
03.   Owned  (05:18)
04.   Angel Eyes  (04:44)
05.   Solitude  (04:00)
06.   Mother's Spinning In Her Grave (Glass Dick Jones)  (03:53)
07.   Hellbound  (06:45)
08.   Spiderbite  (06:37)
09.   Pro False Idol  (07:17)
10.   Feel The Void  (06:56)
11.   Locked On  (05:36)
12.   Gone  (05:08)

Volume 2
01.   Castaway  (04:58)
02.   Chemical Tribe  (06:35)
03.   What It Takes  (04:44)
04.   Dying Inside  (06:25)
05.   Siddhartha  (06:02)
06.   Hurts Don't It?  (04:46)
07.   She Was My Girl  (03:59)
08.   Pig Charmer  (08:10)
09.   Anger Rising  (06:13)
10.   S.O.S.  (05:06)
11.   Give It A Name  (04:01)
12.   Thanks Anyway  (05:26)
13.   31/32  (07:25)

Durée : 139:59

line up
parution
26 Novembre 2002

voir aussi
Jerry Cantrell
Jerry Cantrell
Brighten

2021 - Autoproduction
  
Jerry Cantrell
Jerry Cantrell
Boggy Depot

1998 - Columbia Records
  

Essayez aussi
Temple Of The Dog
Temple Of The Dog
Temple Of The Dog

1991 - A&M Records
  
Pearl Jam
Pearl Jam
No Code

1996 - Epic Records
  
Alice In Chains
Alice In Chains
MTV Unplugged (Live)

1996 - Columbia Records
  
Mad Season
Mad Season
Above

1995 - Columbia Records
  
Pearl Jam
Pearl Jam
Riot Act

2002 - Epic Records
  

Maze Of Torment
Hidden Cruelty
Lire la chronique
Reavers
Violator (EP)
Lire la chronique
Forbidden
Twisted Into Form
Lire la chronique
European Assault 2024
Diocletian + Hexekration Ri...
Lire le live report
Darkest Hour
Perpetual | Terminal
Lire la chronique
Terravore
Spiral of Downfall
Lire la chronique
Diabolus In Musica - Exposition Philharmonie de Paris
Lire le dossier
Forbidden
Forbidden Evil
Lire la chronique
Brodequin
Harbinger Of Woe
Lire la chronique
Invocator
Excursion Demise
Lire la chronique
Necromanteum EU/UK Tour 2024
Aborted + Carnifex + Revoca...
Lire le live report
Headless Hunter
The Undertaker
Lire la chronique
Exa
Left in Shards
Lire la chronique
Master
Saints Dispelled
Lire la chronique
Cryptosis + Cynic + Obscura
Lire le live report
Deliver the Suffering
Unleash the Chaos (EP)
Lire la chronique
Dissimulator
Lower Form Resistance
Lire la chronique
The Focus of a Valediction European Tour 2024
Cryptosis + Cynic + Obscura
Lire le live report
No Mercy
Widespread Bloodshed... Lov...
Lire la chronique
Nuclear Eric 50th anniversary show
Blackened + Funeral Desekra...
Lire le live report
No Return
Self Mutilation
Lire la chronique
Campaign for Musical Destruction Tour 2024
Master + Napalm Death + Pri...
Lire le live report
Monolyth + Përl + Nemost
Lire le live report
Electrocutioner
False Idols
Lire la chronique
Kaos 696 Winter War 2024
Helldrifter + Impiety + Nihilo
Lire le live report
Acid Force
World Targets In Megadeaths
Lire la chronique
Eradikated
Descendants
Lire la chronique
Bilan 2023
Lire le bilan
The Bleeding
Monokrator
Lire la chronique
Les Sakrif'or BLACK METAL 2023
Lire le podcast
Endless
Hand of God
Lire la chronique