Évidemment, si j’ai tant traîné à la rédaction de cette chronique ce n’est pas pour des histoires de planning chargé (des chroniques à rédiger j’en ai et j’en aurai toujours un paquet) mais plutôt parce que ce quatrième album solo de Jerry Cantrell m’a laissé lors de mes premières écoutes une impression plutôt mitigée dont j’ai eu du mal à me départir. D’ailleurs, n’est-ce pas toujours le cas aujourd’hui ?
Sorti le 18 octobre 2024, il y a déjà presque un an,
I Want Blood fait suite au très sympathique
Brighten sur lequel le célèbre guitariste d’Alice In Chains avait choisi dix-neuf ans après l’excellent
Degradation Trip 1 & 2 d’opter pour une approche plus douce en opérant effectivement un retour vers des sonorités Country / Southern Rock cette fois-ci mieux digérées. D’ailleurs le coup de foudre n’avait pas non plus été immédiat, loin de là, mais au fil des écoutes j’étais tout de même parvenu à apprécier ces compositions plus optimistes et lumineuses (surtout après deux premiers disques encore largement hantés par la disparition tragique de Layne Staley). Ce quatrième album solo, comme le suggère là encore son titre et son illustration, est à l’inverse un pied de nez à
Brighten et voit monsieur Cantrell revenir à des choses beaucoup plus lourdes mais aussi beaucoup plus sombres. Un postulat qui sur le papier avait de quoi faire frétiller l’indécrottable fan d’Alice In Chains que je suis mais qui finalement s’avère plutôt décevant...
En effet, l’idée de laisser du temps au temps afin d’y revenir avec une oreille fraîche et de voir son avis évoluer n’y a rien changé (même si j’y ai cru lorsque j’ai reposé mes oreilles dessus il y a de cela quelques jours) et c’est bien cette impression mitigée qui domine une fois de plus à l’écoute de ces neuf nouvelles compositions. Pourtant, le début de l’album s’avère plutôt engageant avec trois compositions ("Vilified", "Off The Rails" et "Afterglow") assez efficaces qui, à défaut d’être véritablement remarquables, ont pour elles à travers différents gimmicks un petit côté Alice In Chains forcément pas déplaisant. De ces guitares poisseuses à ce rythme lancinant et chaloupé en passant par ces mélodies sombres et pessimistes, ces refrains accrocheurs mais pas putassiers associés au timbre de voix si familier et reconnaissable entre mille de Jerry Cantrell il y a tout de même de quoi se réjouir, en tout cas dans l’instant de ces premières minutes plutôt satisfaisantes. Malheureusement, c’est après que ça se gâte…
Il y a d’abord ce morceau-titre assez quelconque dont le riff principal et la dynamique globale transpirent le titre Rock indépendant certes entrainant mais tellement passe-partout et calibré pour la Radio qu’il en devient complètement anecdotique et inoffensif. Changement de registre avec "Echoes Of Laughter" qui opte pour un mélange de guitare électrique et de guitare acoustique pour un titre plus sombre et atmosphérique dont le seul véritable intérêt de ses cinq minutes réside surtout dans ces refrains il faut bien le reconnaître assez efficaces. Néanmoins, comme le titre précédent, il y a là encore une dimension "radio friendly" façon tube électro-acoustique un peu sombre et introspectif qui me gêne un peu. Alors vous allez me dire qu’Alice In Chains passait également en son temps à la radio et vous aurez parfaitement raison mais à mon sens le groupe le faisait à l’époque avec beaucoup plus de panache et de flamboyance alors que là et bien on s’ennuie ferme... Même constat sur "Throw Me A Line" dont les riffs peu inspirés et le manque relatif de relief ne font malheureusement qu’enfoncer encore un petit peu plus le clou. Encore une fois, le refrain parvient à nous tirer quelque peu de notre torpeur mais on ne peut pas dire que ça soit particulièrement convaincant malgré tout.
Après ces trois titres assez pénibles, Jerry Cantrell vient redresser un tout petit peu la barre tout d’abord avec un sympathique "Let It Lie" dont le principal défaut est d’être encore une fois un poil trop long et redondant. "Held Your Tongue" malgré une introduction assez peu engageante sur laquelle monsieur Cantrell la joue « a cappella » renoue quant à lui avec l’ADN d’Alice In Chains pour un titre plus enlevé sur lequel on va retrouver ce riffing, cette rythmique et cette voix typiques du groupe de Seattle mais dans une version quelque peu aseptisée. Les quelques inserts plus mélodiques, s’ils permettent de varier les plaisirs, sont évidemment loin d’être indispensables mais après trois titres particulièrement transparents on s’en accommodera bien volontiers. Vient finalement "It Comes" dont la charge émotionnelle portée par le refrain et ce solo plutôt sympathique (sans être exceptionnel, loin de là) parviennent à conserver le semblant d’intérêt suscité depuis "Let It Lie" malgré là encore beaucoup de longueurs et de répétitions à vide... Comme à son habitude, Jerry est une fois encore bien accompagné avec les participations ici et là de Mike Bordin, Duff McKagan, Gil Sharone, Robert Trujillo, Vincent Jones, Greg Puciato... mais pour le coup cela ne suffit pas à faire de
I Want Blood un album de choix.
Alors évidemment, cela m’ennuie un petit peu de tirer à boulets rouges sur un artiste comme Jerry Cantrell que je respecte et apprécie énormément mais au-delà du fait qu’il se fout bien de ma chronique et de ce que je pense de son album, il convient d’être honnête face à ce quatrième longue-durée particulièrement limité. Certes, quelques moments font effectivement écho au Alice In Chains de la période William DuVall mais cela n’est clairement pas suffisant pour faire de
I Want Blood un disque brillant sur lequel l’envie de revenir persiste écoute après écoute. À dire vrai, maintenant que cette chronique est derrière moi, je ne pense clairement pas y revenir tant je m’ennuie face à des compositions pour la plupart inoffensives, trop longues et dénuées de fond... Tant pis, ça arrive à tout le monde de se planter. L’important maintenant est de relever le niveau et ne pas se contenter de ce genre d’échec...
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