Depuis déjà une décennie la formation menée par l’inoxydable Weddir ne cesse de faire parler d’elle dans l’underground, divisant autant que fascinant elle continue sa route n’ayant que faire des critiques positives comme négatives. Ayant vu défiler dans ses rangs un grand nombre de musiciens réputés au sein de la scène nationale cela ne l’a pas empêché de sortir des albums de manière régulière, même si elle a un peu à se faire pardonner suite à un
« Pillars Of Detest » en deçà de ce qu’elle a pu proposer par le passé. Car malgré toute la bonne volonté de ses membres celui-ci se révélait décevant et moins accrocheur que les excellents « Loi Martiale » et « Terribilis Est Locus Iste », tout en étant plus court et moins crade que par le passé, mais surtout qui manquait de titres se détachant de la masse, même si l’ensemble restait d’un niveau élevé et bien au-dessus de la plupart de la concurrence. Si pour n’importe quel autre groupe la copie rendue aurait largement fait l’affaire, pour les parisiens cela était un peu juste quand on connait le potentiel de son leader et de ses acolytes, qui semblent avoir rectifié le tir en continuant dans leur style bien à eux.
Voyant toujours l’apparition de nombreuses et diverses influences, où se mêlent le Progressif, le Post-Black et un soupçon d’Orthodoxe, ce quatrième album semble être à la fois dans la continuité de son prédécesseur tout en n’oubliant pas le côté plus direct et cru des deux premiers. On obtient donc un disque habile et très fouillé, qui en conservant une direction relativement classique réussit à surprendre et à laisser le temps à chacune des compos de se révéler sans jamais trop s’étirer en longueur. Et pourtant après avoir un peu raccourci son propos précédemment le combo est revenu à des longs moments musicaux pour atteindre presque une heure d’écoute, comme cela était le cas au début de sa carrière, confirmant ainsi le mélange entre l’ancien et l’actuel MOONREICH. D’ailleurs la doublette d’ouverture « Fugue, Pt. 1 : Every Time She Passes Away » et « Fugue, Pt. 2 : Every Time The Earth Slips Away » va montrer ces deux facettes, avec pour la première quelquechose de très froid et éthéré où la violence est certes présente mais contenue. Oscillant à la fois entre des breaks doux et aériens et des passages plus lourds, l’ensemble se révèle très varié et comporte de nombreuses cassures, ce qui demande une bonne attention de la part de l’auditeur, le tout étant parfaitement bien produit tant la basse est audible et les notes de guitares précises et détaillées. Si ce démarrage est excellent ça n’est pas le cas en revanche de la seconde partie bien trop longue et répétitive, qui met d’ailleurs beaucoup trop de temps à entrer dans le vif du sujet, se contentant lors de cette longue introduction d’essayer de décoller vers les étoiles sans y parvenir totalement, tout comme sur la suite qui manque de pêche et a du mal à captiver totalement sur la durée.
Heureusement cette erreur de parcours sera la seule, car les compos suivantes vont être plus inspirées, et bien qu’étant différentes les unes des autres vont conserver une trame et un style relativement semblables. Après un début où la brutalité a été un peu mise de côté, celle-ci revient en force sur l’excellent et classique « With Open Throat For Way Too Long » où les blasts prédominants au départ vont progressivement s’effacer devant le mid-tempo, avant que les deux ne s’équilibrent et permettent ainsi de varier les débats tout en voyant l’ajout d’une petite dose de mélodie qui fait du bien. Ce point-ci va d’ailleurs trouver son summum sur la fin du disque, avec d’abord le somptueux « Carry That Drought Cause I Have No Arms Anymore » à la fois d’une froideur extrême et d’une lourdeur massive, tout en jouant le grand-écart en proposant des passages ultra-rapides. Proposant ici un des titres les plus ambitieux de cette galette, les gars se font plein de mélancolie (notamment via un soli très léger) tout en montrant leur palette technique, et prouvant surtout qu’ils savent rester efficace même quand l’obscurité et la noirceur se font plus éloignés, à l’instar de « The Things Behind The Moon » au nom bien trouvé. Car ici les ambiances prennent plus de place qu’entendu jusque-là, et même si on retrouve toute l’énergie du quatuor et sa force écrasante, celles-ci se font plus discrètes à mesure qu’on s’approche de la conclusion de ce titre où le côté cotonneux et apaisant prend le pas sur le reste, malgré une fin qui traîne un peu trop en longueur.
Au milieu de ces passages marquants le groupe se montre plus direct et bas du front, sans pour autant dépouiller sa musique, car le court et rapide « Heart Symbolism » va être remuant comme il faut via un riffing imparable aux relents épiques. Nul doute que ça va être un incontournable scénique des prochains concerts, tant c’est entraînant et l’alternance vitesse et mid-tempo fait mal, bref c’est parfait pour garantir une totale cohésion entre ses créateurs et leur public. Ce constat sera le même pour « Rarefaction » plus martial et technique qui n’hésite pas à partir dans de nombreuses directions où le côté massif et étouffant côtoie les passages plus doux et souples, tout en ajoutant un soupçon d’explosivité, afin d’obtenir un rendu superbe qui mélange avec brio l’ensemble des influences de cette galette.
Pratiquement sans fausses notes ni redondance, cette fugue confirme le retour en force de la bande après une précédente livraison en demi-teinte, et montre surtout son éventail très large d’idées pour créer une musique très personnelle et de plus en plus ambitieuse. Sans renier son passé, elle s’ouvre à de nouvelles perspectives plus grandiloquentes mais jamais pompeuses, le tout avec une production qui rend vraiment grâce à ces 54 minutes qui ne faiblissent que très rarement. Autant dire que le projet de Weddir reste bel et bien à part au sein de la scène nationale, continuant son petit bonhomme de chemin envers et contre tous, sans faire de bruit et en restant intéressant de bout en bout, avec ce disque où classicisme et originalité seront de mise, et qui sans être parmi les bilans de l’année possède suffisamment d’atouts intéressants pour qu’on y prête une attention des plus pointues.
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