Moonreich - Wormgod
Chronique
Moonreich Wormgod (EP)
Dix-huit mois après la sortie du très bon
« Fugue » le projet de Weddir ne s’est pas reposé sur ses lauriers vu qu’il s’est fait particulièrement actif sur scène, tout en trouvant le temps de revenir en studio afin d’y enregistrer quatre nouveaux titres (ainsi qu’une reprise), dont la teneur semble alléchante si elle est du même acabit que ce dernier opus en date. Faisant évoluer sa musique à chacune de ses livraisons le chanteur-guitariste va une nouvelle fois surprendre avec ce court-format où l’on va retrouver un certain classicisme indispensable, mais aussi un prolongement plus personnel et moderne qui ne manquera pas de diviser et faire parler, ce qui devient une habitude pour lui. Mais tout cela il n’en a cure et histoire de brouiller les cartes d’entrée le combo nous balance son morceau le plus long et le plus varié, où l’on retrouve ses nombreuses facettes et influences les plus diverses.
En effet « Wormgod » va mettre directement les pieds dans le plat en matière de brutalité en balançant une série de blasts et parties rapides que l’on pourrait presque croire sorties de chez BEHEMOTH période « Demigod », mais là où les polonais restent en mode rouleau-compresseur les français eux n’hésitent pas à lever le pied histoire de varier leur propos au maximum. En effet la suite va être plus lourde et douce, car entre les passages lents et écrasants (qui se mêlent aux déferlantes de vitesse) on va aussi avoir droit à un break doux et éthéré, où la guitare seule et spatiale va permettre de faire une pause bienvenue au milieu de cette violence, avant que l’ensemble ne remonte en pression et retrouve donc les joies du tabassage intensif afin de finir en beauté. Très travaillé et remuant ce début d’EP se montre franchement intéressant et prometteur pour le reste à venir, tant on sent que les gars en ont encore pas mal sous la semelle. Et effectivement afin de dérouter un peu plus l’auditoire voici qu’ils balancent avec « That Swinging Noose » leur compo la plus radicale et enflammée où ça va frapper extrêmement rapidement en continu… ou presque, car quelques cassures vont apparaître ici et là pour éviter la redondance. Ainsi on retrouve à son début et à sa fin des plans au ralenti et écrasants, histoire d’aérer tout cela au maximum et montrer que même en étant plus frontal et direct le groupe conserve une vraie attractivité sans fausses notes. Celle-ci va rester présente même sur l’interlude « They Burn Without Wings » à la fois planant et apaisant, porté par un rythme au ralenti qui emmène loin en voyage, et permet là-encore de souffler quelque peu avant de repartir à l’assaut via « To Crawl This World » qui déboule dans la foulée.
Prenant là-encore le temps pour s’installer elle reprend le même schéma de base de la plage d’ouverture, tout en affichant sa différence car si son démarrage est mené tambour battant et à fond la caisse, sa seconde partie va être totalement à l’opposé vu qu’ici la rythmique va être foncièrement ralentie afin d’étouffer et annihiler toute forme de concurrence. Avec en prime une ambiance nuageuse et planante on est en présence aussi bien d’une certaine forme de conservatisme conjuguée à une sonorité plus actuelle et presque Post-Black Metal, d’ailleurs ce style hors des sentiers battus va trouver son apogée sur l’étonnante reprise de « Broken » (signée à l’origine par DEPECHE MODE). Ce mot n’est pas usurpé tant on s’éloigne des standards classiques pour arriver vers quelquechose entre le Post-Rock et le Gothique, car bien que contenant sa dose de tabassage cette version va surtout étonner par son chant clair convaincant et étonnement posé, qui trouve facilement sa place dans le rendu global. Celui-ci est en prime complété par une basse ronflante omniprésente qui amène presque des relents de New-Wave dansante (logique en même temps vu ses auteurs), au milieu des gros riffs et d’une pression maximale, afin de jouer encore plus le grand-écart et terminer ainsi de manière improbable mais finalement sans faire tâche avec le reste de cette nouvelle fournée.
Car tout du long on y retrouve une accroche totale et un groove qui ne dit pas son nom, faisant ainsi sortir l’entité des sentiers battus et du secteur Black-Metal pur et simple, même si elle en conserve les racines et l’essence même ! Ce choix ne manquera évidemment pas de diviser mais ce qui est sûr c’est que MOONREICH continue avec succès son expérimentation artistique de plus en plus mature, sans jamais tomber dans les clichés ni le ridicule. Avec en prime une production façon home-cinéma (où chaque instrument mis en avant par une puissance imparable se révèle parfaitement audible), ce format-court comblera facilement les fans de leur période la plus récente qui y trouveront leur dose de radicalité comme d’originalité, contrairement à ceux des débuts qui iront voir d’ailleurs tant ils resteront décontenancés par cette évolution assumée et aboutie. Tant pis pour ces derniers et tant mieux pour les autres, et surtout pour la formation qui s’installe dans un créneau bien à elle où elle excelle désormais, et qu’on espère retrouver prochainement sur une durée plus longue. En attendant ce bouche-trou idéal sera parfait pour patienter vu qu’il ne souffre d’aucun défaut et renferme beaucoup de surprises agréables à découvrir au fil des écoutes, qui seront probablement nombreuses à n’en point douter.
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