Si les Australiens de Nocturnal Graves nous ont offert un court mais très sympathique EP il y a de cela deux ans (l’excellent
Lead Us To The Endless Fire/Sharpen The Knives passé en ce qui me concerne complètement inaperçu lors de sa sortie), beaucoup attendaient néanmoins une véritable suite au redoutable
...From The Bloodline Of Cain paru en 2013 sur Hells Headbangers Records. C’est désormais chose faite avec la sortie de
Titan en mai dernier chez les Français de Season Of Mist (le groupe rejoignant par la même occasion leurs compatriotes et amis de Deströyer 666). Un album illustré cette fois-ci par l’australien Jai Raphael à qui l’on doit également les artworks de Coffin Lust (dont j’espère pouvoir vous parler un jour) et Cerekloth.
Particulièrement excité et enthousiaste à l’idée de découvrir ce troisième album, il faut bien avouer que j’ai rapidement déchanté à l’écoute du premier extrait dispensé en début d’année par le label marseillais. Pourquoi ? Et bien parce que tout laissait à croire que les Australiens étaient partis pour suivre le même chemin que Deströyer 666, ralentissant malheureusement la cadence là où cinq ans auparavant le groupe s’imposait comme l’un des fers de lance de la scène Black/Thrash australienne et internationale (un statut que ne semblait d’ailleurs pas vouloir démentir ce fameux EP sorti en 2016). Les deux autres extraits dispensés par la suite se montraient toutefois nettement plus encourageants (notamment "Silence The Martyrs") même s’il semblait dès lors évident que de l’eau avait été versée dans le vin. Une impression très vite confirmée lors de ma première écoute de ce
Titan.
Forcément, après un
…From The Bloodline Of Cain mené l’aiguille dans le rouge pendant près de trente-cinq minutes, cette baisse de régime a un peu de mal à passer. D’autant plus qu’après celle de Deströyer 666 il y a deux ans, Nocturnal Graves était l’un des derniers fleurons de la scène Black/Thrash australienne portant encore une certaine véhémence dans son propos (on attend toujours une suite du côté de Gospel Of The Horns et Razor Of Occam). Une déception qui explique pourquoi cette chronique arrive si "tardivement" alors que l’album est déjà dans les rayons depuis plusieurs semaines. En effet, il a fallu avant de se pencher sur cette chronique se faire à l’idée que ce nouvel album ne serait pas aussi bon que les deux précédents, trouver ensuite l’envie d’y revenir puis finalement accepter que malgré ses défauts,
Titan était tout de même un album plutôt solide dans l’ensemble.
Le seul et unique objet de mécontentement à l’égard de ce troisième album concerne donc cette cadence revue à la baisse au profit de séquences mid-tempo auxquelles je n’ai finalement rien à reprocher si ce n’est de faire quelque peu chuter l’intensité de l’ensemble. Car entendons-nous bien, celles-ci ne sont pas mauvaises en soit, ni même exécutées sans feeling ni talent (au contraire même puisque ce sera souvent pour le groupe l’occasion de poser quelques solos toujours aussi bien sentis et d’étayer ses ambiances). C’est juste qu’elles viennent ramollir une musique qui, par nature, se doit d’être jouée le couteau entre les dents, la tête dans le guidon et la rage au ventre. De fait,
Titan souffre à mon goût d’un petit problème de rythme et se retrouve quelque peu handicapé par des morceaux qui, pris à part se révèlent fort sympathiques, mais viennent tout de même me gâcher un petit peu la fête. Si "Resistance" fait encore illusion en guise d’opener, "Ecdysis, Shedding Weak Flesh" et ses six minutes ont un peu plus de mal à passer. Et il y en d’autres des passages de ce genre où, même si les Australiens ne manquent pas d’arguments pour convaincre grâce à une attitude finalement toujours assez belliqueuse (à ce titre la voix hargneuse de Jarro Raphael est toujours aussi redoutable dans un registre assez proche d’un certain Pete Helmkamp), perdent tout de même en efficacité et en immédiateté à cause de passages plus en retenu ("And Hell Followed Them" de 2:16 à 3:48, "Bow Before None" qui malgré son atmosphère menaçante ainsi que quelques passages plus appuyés semble traîner sur un faux rythme, même chose pour "Titan" qui oscille entre mid-tempo et moments explosifs menés pied au plancher).
Mais si les proportions ont donc été revues, certains titres témoignent encore de cette urgence qui caractérisait jusque-là pleinement le Black/Thrash de Nocturnal Graves. "Roar Of The Wild", "Souls Tribulation", "Silence The Martyrs" ainsi que ces franches accélérations également présentes sur des titres tels que "Resistance" à 2:19, "And Hell Followed Them" à 1:13, "Bow Before None" à 1:51 ou "Titan" à 1:46 traduisent encore de cette volonté de tout démolir à coup de riffs éclairs et de cavalcades ininterrompues. Un savoir-faire et une efficacité toujours aussi redoutable qu’il est donc quelque peu dommage de voir empiétés par ces moments évoqués un peu plus haut (même si encore une fois, force est de constater qu’ils sont eux aussi rondement menés).
Malgré toutes ses qualités, il y a fort à parier qu’un grand nombre de ceux qui attendaient une suite au redoutable
…From The Bloodline Of Cain sorti il y a maintenant cinq ans soient quelque peu déçus par ce
Titan en demi-teinte. Pourtant, les titres qui le compose sont tout de de très bonne facture mais il est vrai qu’après autant d’années d’absence on attendait des Australiens qu’ils nous reviennent plus énervés que jamais. Car si certains titres font évidemment encore écho aux précédentes sorties de Nocturnal Graves, d’autres manquent par contre de cette folle et furieuse intensité qui faisait alors jusque-là tout le charme de leur Black/Thrash. Aussi, malgré toute la sympathie que j’éprouve à l’égard des Australiens, mon intérêt vient quelque peu d’en prendre un coup. Encore plus dommage dans la mesure où cette baisse de régime opérée par Deströyer 666 m’avait déjà largement suffi.
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo
Par Jean-Clint
Par Troll Traya
Par alexwilson
Par Sosthène