Infuriate - Infuriate
Chronique
Infuriate Infuriate
J'étais ultra hypé par la sortie de ce premier album d'Infuriate. La Demo 2016 des Américains, promue début 2018 par Everlasting Spew Records qui commence gentiment à devenir un label à suivre, avait en effet fort bien capté l'attention du fan de Suffocation que je suis. Je n'ai pas eu le temps de la chroniquer mais elle aurait chopé facile un 4/5. Menée par le guitariste Steven Watkins au pedigree fameux (Sect Of Execration, Sarcolytic, Images Of Violence, Infernal Dominion), la bande fait le grand saut cette année avec l'arrivée de son premier full-length éponyme sur le label italien sus-nommé. Alors, feu de paille ou baffe confirmée?
Eh bien ni l'un ni l'autre au bout du compte, même si le ressenti penche tout de même bien plus vers l'option positive. Clairement, ce Infuriate ne fait pas aussi mal que la démo, même s'il en reprend les trois titres (sans doute les meilleures pistes du disque), "An Eternity Of Final Breaths" devenant "Only Pain Remains", et qu'il joue dans la même cour quoique très légèrement moins calquée sur Suffocation. Mais il fait malgré tout pas mal de dégâts. Le style des Texans leur apporte déjà du crédit et, surtout, ma plus grande sympathie. À une époque où la plupart des groupes de brutal death repoussent les limites du mauvais goût par des vocaux toujours plus ridicules, une production toujours plus aseptisée, des riffs toujours plus anecdotiques, du slam toujours plus chiant ou une technicité toujours plus stérile, Infuriate a choisi de se placer en gardien de la tradition, avec la pochette de Jon Zig qui va bien. En gros, Infuriate fait du brutal death US old-school comme on en faisait du milieu des années 1990 jusqu'au début des années 2000. Et son modèle ne fait aucune doute : Suffocation. Pas de tricotage inutile, pas de blasts à la vitesse de la lumière, pas de gargouillis intestinaux et pas de son synthétique. Ici rien n'est automatisé, on charcute à la main. À l'ancienne, quoi. La production, puissante et parfaitement équilibrée, sonne de façon naturelle, notamment la batterie dont la caisse claire résonne merveilleusement bien. Le batteur Sterling Junkin, fondateur du combo avec Watkins, balance les blast-beats à tour de bras (et pas trop de semi-blasts!), de quoi secouer la main à la Mullen, tout en gardant une vitesse humaine et sans oublier le groove. La grosse caisse à la double est mise à contribution mais avec parcimonie et feeling. Les growls sont compréhensibles, puissants et rageurs, on sent que le guitariste-chanteur Jason Garza crache son venin, avec un peu de shriek pour varier les plaisirs malsains. La basse s'avère bien audible, raclant le fond derrière les guitares. Et les guitares, justement, elles proposent de vrais riffs discernables et mémorisables. Tantôt rapides sur blasts tantôt plus mid-tempo groovy et huileux. On peut d'ailleurs noter ce breakdown bien gras sur "Surrogate" qui rappelle beaucoup "Breeding The Spawn". Pas de solo par contre, et c'est bien dommage car cela aurait apporté un plus aux compos. Du coup, le tout peut sonner mollasson, "petit-bras", par rapport à ce qui se fait aujourd'hui pour les oreilles d'un fan de brutal death moderne. Mais ça dégage tellement plus de feeling, c'est tellement plus intéressant!
Là dessus, Infuriate confirme tout le bien que je pense du groupe depuis sa démo. Ces neufs morceaux courts (trois minutes en général pour moins de trente au total) se révèlent d'une efficacité redoutable et le style brutal death old-school nous rappellera l'époque bénie où Unique Leader était un bon label. Malgré tout, après l'excellente démo, j'avoue que j'en attendais un peu mieux. Sur trois titres, c'était parfait, là sur la durée on sent quand même qu'il manque encore quelque chose au quatuor d'Austin pour atteindre le niveau supérieur. Des riffs plus marquants notamment, bien qu'ils soient déjà plus inspirés que beaucoup de groupes de brutal death, des solos qui subliment les compos, certains morceaux plus développés, un peu plus de variété ou des passages ultra jouissifs que tu attends impatiemment une fois le morceau lancé, qui te donnent envie de massacrer tout le monde, de tout casser, de te rouler par terre, de crier maman, de te caresser le kiki ... (bref vous voyez le genre!). Ces moments que l'on retrouve plus ou moins souvent sur les très bons albums et à la chaîne sur les grands classiques. Infuriate en est encore loin. Cela dit, pour un premier album, le niveau affiché s'avère déjà tout à fait satisfaisant. Les fans de Suffocation, old-Deeds Of Flesh, Severe Torture et de ce brutal death US à l'ancienne "riff-based" entre gros muscles et groove huileux n'auront ainsi aucun mal à s'identifier à ce Infuriate qui se pose en bonne découverte de l'année et place les Américains dans la liste des formations à suivre.
| Keyser 26 Octobre 2018 - 820 lectures |
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