Mutilated By Zombies - Scripts Of Anguish
Chronique
Mutilated By Zombies Scripts Of Anguish
En toute circonstance il faut savoir persévérer, c’est ce à quoi se sont appliqués les américains depuis leurs débuts il y’a dix ans de cela tant ils gambergeaient au fin fond de l’underground le plus crasseux et obscur. Après deux premiers opus sortis de manière autoproduite et en toute petite quantité l’heure semble venue pour eux de franchir une étape importante, voire peut-être capitale dans leur carrière avec une nouvelle livraison qui aura droit à une visibilité plus importante que les précédentes. Après avoir signé chez Redefining Darkness le groupe au line-up inchangé de sa création continue à envoyer les décibels sur fond de vieux Death-Metal des origines simple et primitif qui lorgne du côté de MASTER, d’OBITUARY ou encore DEICIDE pour le riffing direct, tout en y intégrant une base plus technique inspirée par GORGUTS ou CRYPTOPSY, mais sans jamais perdre en fluidité. Ne cherchant en aucun cas à révolutionner ni réinventer le genre celui-ci veut surtout faire passer un bon moment et donner envie à l’auditeur de remuer la tête et taper du pied, sans chercher plus loin tout en lui permettant de mettre le cerveau en veille quelques temps. Mais si l’œuvre de Paul Speckmann souffre de répétitions rapides et d’une redondance évidente, en revanche ici ça n’est pas le cas car le fait d’avoir ajouté des passages plus élaborés, notamment du point de vue de la batterie, permet de compenser la relative simplicité du jeu du guitariste et de conserver une musique accessible en toutes circonstances.
D’ailleurs le ton va être donné dès le premier morceau intitulé « Decayed Manifestation » qui balance directement toutes les multiples influences de ses créateurs, entre parties lourdes massives et blasts énervés, et mid-tempo écrasant au milieu de cassures de rythmes. Si la vitesse n’est pas des plus présentes elle sait se montrer quand il le faut afin d’éviter un côté monolithique vite ennuyeux, mais qui heureusement n’arrive pas grâce au jeu de pieds du frappeur qui multiplie les passages en simple et en double tout en y rajoutant une variété entre roulements de toms et grosse contribution des cymbales. Du coup cette entrée en matière se montre d’ores et déjà redoutable et prometteuse pour la suite, tant l’équilibre est bien trouvé et cela va continuer par la suite, notamment sur le très bon « Dismissed ». Au départ parfaite pour headbanguer cette compo va ensuite s’alourdir dans sa seconde partie tout en confirmant l’influence de John Tardy et ses acolytes sur le groupe, via un sens du riff gras et relativement simple et une sensation d’écrasement de tous les instants, et dont le très bon et classique « Insanity’s Grasp » reprendra un peu plus tard les mêmes ingrédients pour une recette identique mais toujours accrocheuse.
Si les passages rapides et blastés sont joués avec plein de spontanéité et d’efficacité, à l’instar de l’excellent et direct « Irreversible Torment » et surtout sur le monstrueux « Instructions For Death » (où les mecs se lâchent totalement et montrent toute leur palette de jeu), ils restent cependant en retrait par rapport au rythme plus lent ce qui finit par être à double tranchant. Car quand l’inspiration et la recherche sont au rendez-vous cela donne un résultat à la hauteur comme avec la tuerie « Binge And Purge » à l’introduction douce et angoissante, et qui finit ensuite par élever son niveau au fur et à mesure sans trop accélérer. Mais à part quelques furtives pointes de vitesse la majorité du temps reste calée sur un train de sénateur où la noirceur se fait de plus en plus imposante et significative, tout comme la technicité qui a franchit un cap sans pour autant atteindre celle de Luc Lemay et de ses compagnons de route. Cependant à trop vouloir miser sur le côté massif de ses compos le combo finit par baisser en qualité et en attrait, en premier lieu avec l’ennuyeux « Crippling Despair » qui malgré une ambiance plus horrifique et noire (via des notes de piano presque désaccordé) varie trop peu pour captiver sur la durée, sans compter sur une fin un peu brutale qui déroute et coupe l’ensemble dans son élan. Avec « Sentry Of Sleep » le constat est assez semblable tant ça ronronne sans vraiment lâcher les chevaux (bien que quelques parties énergiques et explosives apparaissent furtivement), et surtout ça s’éternise inutilement en reprenant trop souvent la même idée de base.
Mais mis à part ces quelques défauts il n’y a pas grand-chose à jeter sur cette galette de qualité et qui s’écoute très bien tant les gars maîtrisent leurs instruments sans jamais les pousser trop loin (avec une mention spéciale au groove du frappeur), et mise en valeur par une production assez équilibrée (même si la batterie est particulièrement mixée en avant) où la puissance de la basse saute aux oreilles. Avec en prime un chant dont le growl très profond se voit ponctué ici et là de cris qui donnent une vraie alternance vocale, on est en présence d’une galette très agréable dont les titres ne vont jamais au-delà des cinq minutes et s’apparentent à un rouleau-compresseur gras et putride (malgré encore une fois un manque trop fréquent de vitesse). Sans être la sortie de l’année il est évident que celle-ci va marquer un tournant pour le trio qui signe sa meilleure œuvre à ce jour, et elle mérite incontestablement d’être écoutée à la fois pour le bon moment qu’elle fait passer et aussi pour saluer la persévérance de ses géniteurs qui n’ont jamais rien lâché malgré le manque de reconnaissance et d’intérêt de la part du public.
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