Il y a quelques temps déjà, au hasard de mes pérégrinations quotidiennes sur Blogspot, une pochette énigmatique avait réussi à accrocher mon regard, pourtant rompu au noir et blanc. Et ce alors qu'elle alignait les quines au loto des clichés : la figure du Christ en décrépitude, des contrastes affirmés, une typo gothique vue cent fois... Mais certaines choses ne s'expliquent pas. Elle, elle était magnétique, me forçant presque la main pour écouter ce que l'objet pouvait renfermer. C'était l'album
"Heilig Land", d'Iskandr. Sitôt écouté, louanges sitôt chantées au sein de ces mêmes pages. Une très belle découverte, à l'époque, que ce Black Metal mystique, lent et opaque, traduisant à merveille ce que donnait à voir son artwork. Quelques temps après, Iskandr sortait un appendice de deux titres,
"Zon", complétant son propos - une
mini sortie au moins aussi monolithique que la principale. Et puis plus rien. Si ses camarades de l'écurie Haeresis Noviomagi se sont révélés plutôt actifs (ce qui n'est d'ailleurs pas un gage de qualité, Solar Temple, si tu nous lis...), le projet de O. s'est fait discret, du moins jusqu'à cette fin d'année. Hop, un full-length que l'on attendait plus ! Et le bonhomme est généreux, quatre titres, trois-quarts d'heure, plus qu'à se pencher sur cette dernière livraison, en espérant retrouver les belles heures et le riffing possédé d'un "Wolfskuil".
"Euprosopon", donc. Un nom qui tient plus du sirop contre la toux que du Black Metal, vous en conviendrez. Et ça tombe bien, c'est raccord, parce qu'à part quelques fulgurances placées çà et là tout au long des 44 minutes de l'opus, j'ai l'impression d’être confronté à une version
chopped and screwed des meilleurs instants du groupe, tant l'objet tire en longueur.
Force est de reconnaître que, malgré le travail et la progression effectués sur la production de l'opus, plus claire que tout ce qu'Haeresis Noviomagi avait pu proposer jusqu'à présent,
"Euprosopon" donne l'impression de traîner péniblement son gros bide de moine trappiste à travers un dédale sans fin, évoqué par la pochette. Quelques sursauts de vitesse, comme s'il était poursuivi par quelque menace imaginaire, mais globalement, la galette avance à vitesse de croisière. Ce qui représentait une force et permettait de développer l'atmosphère brumeuse de
"Heilig Land" handicape ici la plupart des titres, qui suscitent plus le baillement que l'ébahissement. Qu'est ce qui a bien pu changer ?
Moins de magie, moins d'alchimie, bref, une somme de petits riens qui forment un grand tout. Ce qui me gêne, en tout cas, ce sont ces grosses louches de remplissage folklorique/ambiant, qui prennent une place prépondérante dans les compositions... Sans pour autant viser juste à chaque fois. Si l'on peut apprécier les cordes frottées dès l'introduction de "Vlakte", ou encore ce petit carillon et guitare sèche entamant "Heriwalt", on se surprend à regarder sa montre dès qu'elles tirent en longueur, ce qui arrive malheureusement assez rapidement - les quatre dernières minutes de "Regnum", par exemple, sans grande inspiration, qui le parasitent alors qu'il ne fait qu'onze minutes. Dommage, car le reste de la composition est proprement fantastique, reprenant tout ce que j'aimais, jusqu'à présent, chez Iskandr. La recette simple, mais qui fait mouche : un riff efficace en diable, soutenu par une lente descente de toms dramatique, quelques cassures de rythme bienvenues qui rompent avec la routine dans laquelle il serait si facile de sombrer... Un exemple. Pourquoi ne pas avoir appliqué cette formule au reste de l'album ? "Vlakte" possède un démarrage aussi laborieux qu'abrutissant, avec cette salade de caisse claire qui fait mal au crâne, peine à embrayer sur un motif enfin intéressant, couplant chants religieux et riffing abrasif... Mais fauché en plein élan par la courte durée de cette même pièce. O. donne l'impression d'avoir trouvé deux ou trois bonnes idées, et d'avoir meublé l'ensemble. Sans déconner, hormis "Verban" qui file droit et sonne juste, tout le reste patauge dans cet espèce de virage ésotérico-folklorique, marrant cinq minutes, agaçant à la longue. Sur les quarante-et-quelques minutes de
"Euprosopon", à peine la moitié sont à la hauteur de
"Heilig Land".
Iskandr est-il devenu un Urfaust au rabais ? Nous n'en sommes pas encore à ce point, et heureusement. Cette dernière fournée comporte quand même quelques instants de bravoure ("Regnum" amputé de son final, la partie centrale de "Heriwalt", presque solaire), tirés vers le bas par un flagrant délit de remplissage éhonté.
"Euprosopon" n'est pas mauvais. Tout juste est-il un disque correct pour qui aime le Black Metal quand il est asthmatique, se met à tousser dès que l'effort est important. Ce qui est certain, c'est qu'on est loin, très loin des belles heures de
"Heilig Land". Peut-être pour le prochain, si O. se décide à lâcher le neofolk discount pour faire ce qu'il sait faire de mieux...
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