Cantique Lépreux - Paysages Polaires
Chronique
Cantique Lépreux Paysages Polaires
Cantique Lépreux avait fait une entrée remarquée en 2016 avec
Cendres Célestes. Un premier album au titre évocateur qui vous plongeait dans la grandeur des contrées glacées indomptées. Des hymnes à l’hiver, âpres et implacables qui dévoilaient néanmoins leur lot d‘ambiances irréelles touchant juste. Deux ans plus tard la formation québécoise revient avec un deuxième long format, toujours via Einsenwald (label allemand de qualité), afin de peser davantage dans la scène black metal. Ce dernier viendra-t-il confirmer son potentiel ? Dépassera-t-il son prédécesseur ? Faut-il s’attendre à une quelconque évolution ? Ne restait plus qu’à lancer la galette pour obtenir des réponses.
Les musiciens suivent leur chemin avec logique, « Le feu secret » semblant reprendre exactement là où « Le mangeur d'os » s’était arrêté. Les chœurs surgissent de toute part afin de sonner le départ de cette seconde épopée. Seulement, aussi épique soit-il, ce voyage prend une tournure beaucoup plus sombre et tempétueuse.
Paysages Polaires se dresse effectivement tel un monolithe fait de glace. Le son toujours très étouffant est davantage massif, vous soufflant dès les premières notes. Le jeu de batterie à la fois véloce et rageur ne fait d’ailleurs que renforcer cet aspect. Vous êtes directement pris dans la tourmente et les moments d’accalmie se feront rares. Un brouillard de neige se dresse au fil de l’écoute avec notamment la violence d’un « Paysages Polaires I » ou encore de « Hélas… ». La formation a érigé son œuvre comme un bloc froid et compact à l’image du bel artwork représentant le massif du Mont-Blanc (peinture de Gabriel Loppé). La façon de composer ne fait qu’accentuer ce sentiment avec le rallongement des morceaux (certains dépassant les sept minutes), le triptyque « Paysages Polaires » (écrits du poète québécois René Chopin) mais aussi un côté conceptuel plus marqué.
Cantique Lépreux corse donc sa musique sans pour autant perdre son essence. Les atmosphères entêtantes, dont la formation a le secret, sont toujours présentes et offrent un beau contraste avec la brutalité ambiante. Un contraste plus frappant ici et qui me renvoie aux Allemands de Der Weg Einer Freiheit. Il vous faudra prendre le temps de replonger dans cet enfer blanc passé la découverte et l’épuisement que celle-ci a généré. Ce nouvel album se dévoile avec le temps et vous allez saisir peu à peu le fil tendu par le groupe. Le propos se fait plus terre à terre allant de pair avec un lyrisme nettement prononcé. Le fait que le chant en français (langue chère à la formation) soit plus intelligible joue un grand rôle. Mais certains éléments tiennent aussi une bonne place à commencer par les baisses de rythmes laissant place à des sonorités noires et mélancoliques comme sur «Les étoiles endeuillées » ou encore « Paysages Polaires II » (cf. Nehëmah et consort). La basse, à elle-seule, arrive à poser un climat lourd et inquiétant. En grattant la surface vous trouverez donc d’autres choses, des failles, comme les montagnes enneigées portent en leur sein de nombreux secrets. En cela, « Le fléau » reflète bien cette fragilité sous-jacente ainsi que l’aspect viscéral par les vocaux très arrachés et plaintifs.
Si au premier abord
Paysages Polaires paraît plus brut et frontal que son prédécesseur, il dévoile toutes ses richesses avec le temps. Cependant il porte en lui les défauts de ses qualités. En effet, ce dernier manque clairement d’accroche en dépit des nombreuses variations (tempos, ambiances, etc.). Ce qui est plutôt paradoxal vu tout ce qui ressort de cette œuvre. L’évolution prise me parle-t-elle moins ? Est-ce dû à la répétitivité de certains riffs ? Le manque « d’effet de surprise » doit également avoir son lot de responsabilité. Par exemple, le solo placé vers la fin de l’album – même schéma que pour
Cendres Célestes – a moins d’impact tout comme les notes acoustiques (plus anecdotiques ici). Seul le magnifique « Paysages Polaires III » sort du lot. Un bel album mais pas assez marquant en somme. Encore une fois, tout est question de goût ! Si vous suivez Cantique Lépreux depuis ses débuts ou que vous aimez le black metal atmosphérique, je ne peux que vous conseiller d’écouter cette sortie.
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