Laisse-moi te poser, à toi qui vas lire ces quelques lignes, de simples questions...
Aimes-tu le Thrash ?
Aimes-tu quand la musique porte un message ?
Aimes-tu ce moment où tu te sens porté par un souffle venu d'on ne sait où, comme un appel à un changement immédiat ?
Aimes-tu les coups de pied répétés, ces éclats dans la nuque, cette dose magistrale et soudaine d'énergie qui pulse dans tes muscles, et te pousse ardemment à choper ce qui te passe sous la main, pour faire un truc, n'importe quoi, mais tout pour sortir de cette léthargie, et vite ?!
Alors, voici pour toi : Affront.
Deux ans après un
Angry Voices que j'avais trouvé sympatoche, comme un petit skeud de Thrash Death de l'école sud-américaine qui met bien, le trio brésilien récidive après deux ans de gestation avec ce que je vais appeler un miracle.
Sérieusement, je n'attendais pas une telle baffe.
World in Collapse, c'est l'album d'un groupe qui a tout réfléchi pour être plus vénèr, plus cru, avec une caisse claire bien cradingue qui est cependant justifiée avec cette musique pressée... Tu te lances dans l'écoute, ça sonne simplement comme des armes à feu qui te vrillent les tympans, alors que les grattes et la basse sont là pour te donner cette charge explosive : « Dirty Blood » débute avec une guitare sèche ? C'est le calme avant la tempête, pardi ! Et à partir de ça, t'en auras pas fini, crois-moi.
On va y aller franchement : dans cet album, rien n'est laissé au hasard. En prenant pour cheval de bataille les luttes contre les inégalités sociales, le fascisme, l'intolérance, l'économie capitaliste et tout ce qui entrave les libertés, Affront entend bien envoyer un gros pavé dans la marre. « Ah mais ça, il y en a plein qui l'ont fait ! » C'est vrai, mais a-t-on aujourd'hui un groupe de Thrash à l'ancienne qui donne autant dans les morceaux de bravoure, comme dans les montées magistrales de « Favelas, Senzalas » où le solo devient éclatant entre la colère vomie par le chanteur qui a vécu dans ces quartiers ? Tu prends alors « There's no Tomorrow » : tu te dis que le morceau pourrait être un peu en retrait, mais non, parce que ce solo donne tout le sel, et permet, après un long départ, de se sentir comme libéré d'un poids.
Le groupe puise dans ses émotions les plus fortes, dans sa sincérité la plus directe. Rien de superflu, rien que de l'émotion expulsée à coup de lance-roquettes : « All killers, no fillers », voici comment on pourrait qualifier chacun des titres de l'album.
Que ce soient les riffs super bien sentis de « Monument to Hate », portés par une basse aux notes gluantes, ou l'énergie communicative de « Your Lies Your Fall », absolument tout est fait pour t'injecter cette dose de rage.
Car il faut parler ici de cette voix éraillée qui tient quelque chose entre le cri dans le mégaphone et le grognement saturé. D'accord, on l'avait déjà dans l'album précédent... Mais à ce point dans la capacité à t'apostropher et à venir te chercher, je ne trouve pas ! Avec tout l'ensemble instrumental simplement percutant, ça termine de préparer un tableau extrême du Thrash-Death de l'époque, avec cette touche boueuse, raclante et sans concession du Metal sud américain. On l'entend notamment dans « Forgotten by God », qui est, selon les dires du groupe, un appel au secours des faibles oubliés par l'Etat, par le gouvernement et par Dieu.
Les brésiliens étaient déjà engagés dans leur premier disque, mais leur charge sociale est ici plus forte, car faite de flammes, de poussière et de hargne. Tout dans ce disque transpire la précipitation, l'agonie et le fait de se jeter à corps perdu dans une lutte certes sans espoir, mais qui vaut le coup d'être défendue. Pas pour soi, mais pour les générations à venir, avec notamment un « Ancestral » jouant sur un autre tableau, plus Heavy, avant de tomber dans le Thrash pur jus, encore une preuve de diversité et de cohérence, ainsi que de puissance ! Tu auras aussi le morceau éponyme, lequel contient tout ce que tu trouveras de bon dans ce disque : les guitares agressives qui, pourtant, se permettent des accents qui frôlent le côté guerrier et épique, une variété rythmique pour ne pas te lasser et, surtout, un son purement violent et efficace dans ses riffs, comme si ça devait être braillé par toutes les radios et tous les haut-parleurs, donnant ainsi à la musique son côté incisif et abrasif.
On va se le tenir pour dit : Affront, c'est le Thrash old-school, avec des thématiques anti-gouvernementales, un dégoût des institutions, un esprit punk de rébellion dans la voix et dans les tripes. « Sowed by Lies », il porte exactement ça : des paroles scandées, un rythme qui va de l'efficacité punk au mid-tempo parfait pour brandir les poings, le tout avec des éléments tribaux dans la batterie. La terre des anciens, l'héritage bafoué par l'économie ultra-libérale, pris dans la fournaise de la modernité...
Il y a un mot pour qualifier tout ça... « Violence » ! Ah ben voilà un titre qui porte bien son nom !
NERVOSA devrait en prendre de la graine : là, on parle d'un titre Thrash, avec une mélodie solide qui permet au lead d'apporter un relief, et un mid-tempo qui enclenche quelque chose. Puis la batterie n'est pas monolithique, elle évite la répétition et semble savoir quand elle va devenir gavante, car elle passe à un autre plan juste avant qu'on ne trouve ça répétitif. Ouais, c'est ça : ça réussit là où
Downfall of Mankind a, pour moi, vraiment échoué.
Puis ce solo quoi, je reste scié par leur pertinence et leur manière d'apporter ces instants satisfaisants. On se sent pas floué avec un tel skeud !
De leur première sortie, j'avais notamment apprécié « Conflicts » : brève, mais tellement dans l'urgence, très groovy, qui donnait envie de fracasser le système établi.
Tu prends ça, sur 35 minutes en 11 morceaux, en misant tout sur la diversité des messages à porter, avec un son de la révolte incarnée tout en relief, et tu tiens là un skeud qu'il ne FAUT PAS mettre de côté si tu aimes le Thrash-Death engagé, et la grande époque fin 80's des SLAYER et KREATOR.
Beaucoup font du revival ; trop peu ont encore cette rage dans l'âme, sincère, authentique, vibrante et éclatante dans sa violence la plus crue. Tout, ici, est au service d'un seul objectif : te faire réagir, te faire bouger, faire mûrir quelque chose dans ton crâne.
Le groupe a franchi un bond magistral en terme de composition, qui enlève les mélodies un peu hésitantes, les moments qui pourraient faire remplissage. Là, t'as juste du Thrash direct, servi dans un Death colérique.
Si, comme moi, t'es dans des dispositions où tu seras hautement réceptif à ce type de musique, tu seras servi, fais-moi confiance :
Come get some !
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