Rammstein - Rammstein
Chronique
Rammstein Rammstein
L'album qu'on n'attendait plus est enfin sorti.
Dix ans après le désormais pénultième opus, Liebe Ist Für Alles Da, le nouvel opus s'appelle simplement Rammstein et se présente habillé d'un artwork sobre et qui se prête à de multiples interprétations.
Ni titre, ni nom, juste une allumette en bois sur un fonds blanc.
On peut penser à tellement de choses en regardant cette pochette que je sens que le sujet va occuper des escadrons de fans.
Vous pourriez par exemple y voir un subtil hommage à l'album blanc des Beatles et même vouloir creuser le sujet en essayant de comparer l'opus des Allemands à celui des Britanniques dans la démarche artistique.
Vous pourriez vous dire que l'allumette symbolise le feu, que le feu symbolise RAMMSTEIN et que donc c'est vachement logique.
Vous pourriez aussi avoir l'impression que cette allumette symbolise le nombre 1 et que cela signifie qu'on doit s'attendre à de nouveaux opus de RAMMSTEIN dans un futur (vous l'espérez) proche.
Ou vous pourriez vous dire que cette pochette propose plein d'interprétations différentes et que c'est sûrement fait exprès.
Vous n'auriez alors d'autre choix que de poser le disque sur votre platine et d'appuyer sur play pour trouver dans le contenant les réponses que le contenu ne vous apporte pas.
De prime abord, on est déçu.
Parce que depuis dix ans qu'on attend ce disque, on s'est tellement repassé en boucle les six précédents albums, on connait tellement bien le son de RAMMSTEIN. On a tellement envie qu'ils nous refassent un album de la trempe de ceux qu'on préfère dans leur discographie (et qui varient d'un fan à l'autre, vous l'avez certainement remarqué).
Donc, oui, la première écoute est un peu décevante car le nouveau son ne résonne pas avec autant de puissance ni de brutalité que les morceaux emblématiques du sextet Berlinois.
L'album paraît fade de prime abord car la tracklist donne l'impression que le gang ne se renouvelle pas beaucoup. Chaque morceau sent le RAMMSTEIN à plein naseau et rappelle d'autres chansons de la discographie des Allemands.
Et puis à force de réécouter les chansons et de les apprivoiser, on finit par retrouver ce qu'on aime tant chez RAMMSTEIN. On finit par aimer cet air de déjà vu parce que le gang apporte ce qu'on avait envie d'avoir : beaucoup de similitudes et pas mal de différences.
Dans ce disque vous croiserez :
Des morceaux aux sonorités joyeuses et festives : "Radio", le morceau qu'on sent conçu pour le live et "Auslander", une chanson plus sucrée que l'intégralité de la discographie de POISON.
Quelques compos plus Rock que Metal. Comme si le virage de plus en plus marqué de Richard Z. Kruspe dans son side project EMIGRATES influençait le son de RAMMSTEIN (ce qui n'est pas du tout fortuit compte tenu du rôle central du lead guitar de RAMMSTEIN dans la composition et le mixage de l'album). Ce virage Rock Indus s'incarne dans "Was Ich Liebe" (qui a un petit air de "Wo Bis Du", en plus émouvant, avec un jeu de guitare vraiment très chouette) et "Puppe" qui me fait penser très fort à DEPECHE MODE au niveau de la guitare.
Comme c'est désormais l'usage, le disque embarque des chansons plus posées et mélodiques ("Diamand" et le final "Hallomann").
Enfin, le reste de la galette est constitué de briques pachydermiques qui envoient de la grosse mandale dans les esgourdes, dans la droite lignée de "Links 1,2,3", "Reise, Reise", "Mein Teil" et "Benzin". Ecoutez-donc "Deutschland", "Tattoo", "Zeig Dich", "Sex" pour vous remettre les idées en place.
Enfin, l'ensemble des morceaux sont saupoudrés de beaux arrangements bien Industriels, à une dose encore plus généreuse que sur Sehnsucht.
En conclusion, Rammstein est un disque qui doit se découvrir car c'est à mon avis, une version réussie de Rosenrot : des morceaux signature, de l'audace et pas de sortie de route navrante.
On ne va pas se mentir, il y a beaucoup de boulot et les chansons sont hyper travaillées. Certains diront que c'est normal vu le temps que les Allemands ont passé dessus. Mais je vous rétorquerai que tous les groupes qui sortent un album après une décennie de silence n'ont pas réussi à proposer un opus qui fasse honneur à leur discographie. RAMMSTEIN fait du RAMMSTEIN et propose un ensemble de tradition et de retour aux sources.
En cherchant bien, vous trouverez des similitudes entre ces nouvelles chansons et des titres plus anciens, l'exercice de la comparaison me semble un peu vain, mais vous pouvez le tenter. Il pourrait démontrer que le groupe se duplique plutôt que de se réinventer, ce qui est partiellement vrai. Partiellement car passé ces impressions de déjà vu, ce dernier opus a une personnalité propre, un son bien à lui et il réserve de belles surprises.
Ce n'est ni leur Withe Album, ni leur Black Album, ce n'est pas non plus un disque complaisante et mou du genou. C'est un bon millésime et c'est tant mieux car c'est très probablement le dernier album studio que le groupe enregistrera.
| rivax 24 Mai 2019 - 3266 lectures |
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