Sanction - The Infringement Of God's Plan
Chronique
Sanction The Infringement Of God's Plan
Sanction est un groupe relativement discret en Europe, mais qui fait partie de ces formations américaines sur lesquelles il vaut mieux garder un œil, au risque de se faire surprendre dans quelques années par cette désagréable impression d’avoir raté le train en marche. Pour ma part, je dois leur découverte à la chaîne légendaire Hate5six et donc au non moins légendaire festival This is Hardcore. Remplaçant à la dernière minute Rotting Out, le quintet de Long Island, NY est venu délivrer un show de 15 minutes, expéditif donc, mais qui leur aura permis de mettre d’accord une bonne partie du public, virtuel ou non. Non content de poncer le live à la moindre occasion, il m’a fallu aussi aller voir ce que le groupe valait en studio, avec The Infrigement of God’s Plan, sorti en 2017 chez Reconsider Records.
Qu’on se le dise tout de suite, la discographie du groupe est expéditive. Toutes sorties confondues, on culmine difficilement au-dessus de la demi-heure de musique. A cette légèreté, Sanction oppose une lourdeur musicale des plus sérieuses. Quand on a que cinq morceaux (plus une intro et une outro), autant ne pas se rater. Suite à une entrée en matière énigmatique, légèrement inquiétante (pas de quoi coucher les gosses tout de suite rassurez-vous), le groupe y va, et pas de main morte. On joue ici du hardcore teinté de metal, somme toute assez moderne. Exit le metalcore des années 2000, pas de mèche ici. Les accélérations côtoient les breaks, imbriqués eux-mêmes dans des breaks (breakception !) qui font du pied à la scène beatdown. D’ailleurs, en live, le chanteur se permet même du growl, question de titiller les oreilles des trois fans de slam qui étaient restés au bar, déçus de ne pas voir de t-shirt Devourment sur scène. On reste donc sur une certaine variété dans les compositions, où les « chaos chords » viennent côtoyer les breaks, eux-mêmes accompagnés d’effets sur la voix (Sixhundredthirtyone) pour ne pas lasser l’auditeur.
Jusque-là, rien de révolutionnaire me direz-vous. En effet, là est peut-être le problème majeur chez Sanction. Le groupe n’a aucun mal à accrocher l’oreille et à y assener ce qu’il veut. Pour autant, le groupe peine à marquer la mémoire. Difficile, après une ou deux écoutes, de citer un moment précis, un break particulier, un riff notable… La faute à deux facteurs : dans un premier temps, le groupe croule sous les influences « metalbeatdownmoderncore » américaine actuelle dont Code Orange, Jesus Piece, Knocked Loose et autres Vein sont les fers de lance. Non pas que ces influences soient trop présentes, mais le groupe peine encore à tirer son épingle du jeu pour y apporter une touche vraiment personnelle, celle qui vous fait dire au premier riff « tiens, c’est Sanction ça ! ». Et dans un second temps, on retrouve cette propension qu’ont les groupes américains à tourner jusqu’à l’épuisement, en délaissant parfois le studio pour trop longtemps, ce qui les fait vivre sur des compositions parfois anciennes, généralement trop rares.
Est-ce un défaut ou une attitude inhérente à cette culture, encore extrêmement marquée par la scène punk et le DIY qui l’accompagne ? La réponse vous appartient. En ce qui me concerne, ce défaut est bien vite gommé par l’énergie et la passion que ces gars véhiculent. Le groupe se prépare d’ailleurs à tourner aux US avec Stick to Your Guns, Counterparts, Terror et Year of the Knife (excusez du peu !), ce qui devrait sans aucun doute leur donner un bon petit coup de visibilité. Raterez-vous le train en marche, le prendrez-vous dans la gueule ou allez-vous sauter dedans avant qu’il ne soit trop tard ? Vous avez déjà du retard !
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo