Power From Hell - Profound Evil Presence
Chronique
Power From Hell Profound Evil Presence
A peine quelques semaines après la sortie du long-format d’HELLISH GRAVE la scène extrême brésilienne continue de montrer sa grande productivité en cette année 2019, avec le retour des vieux briscards méconnus de POWER FROM HELL. Avec presque vingt ans d’activité au compteur la formation de la région de Sao Paulo n’est en effet pas née de la dernière pluie, et a vu défiler en son sein un grand nombre de musiciens autour du chanteur-guitariste Sodomic (unique membre originel encore présent), qui s’accroche à son projet comme une moule sur son rocher. N’ayant jamais changé son fusil d’épaule musical il continue de faire vivre un Black/Thrash à l’ancienne, qui s’il contient de bons moments n’a jamais trouvé les ingrédients pour grimper plus haut dans la hiérarchie. Il faut dire qu’entre une discographie pléthorique de cinq albums et trois EP de qualité très inégales et aux pochettes immondes (conjuguée à une distribution pratiquement inexistante), tout cela n’a pas aidé le combo à se faire un nom. Mais aujourd’hui tout pourrait bien s’inverser car outre une signature chez les réputés allemands de High Roller il a vu l’apport d’un second guitariste (arrivé une fois l’enregistrement terminé) qui risque de lui être salutaire, vu qu’il va amener un supplément de variété indispensable et ainsi réduire la redondance et baisses de régimes dont souffrait la musique des sud-américains jusqu’à présent.
Si le nouveau venu n’a pas amené sa touche sur le disque on ressent quand même que les compositions ont été faites pour une guitare supplémentaire, ainsi que pour les futurs concerts où elles vont prendre toute leur ampleur nécessaire et montrer de ce fait leurs bons points qui ressortent déjà sur leurs versions studio. Après l’introduction acoustique et angoissante (« Nightmare ») qui porte très bien son nom on s’aperçoit de cette légère évolution avec « When Night Falls » particulièrement thrashy et enlevé, porté par une construction simple et répétitive où hormis une lourdeur ajoutée en partie centrale l’ensemble reste basé sur la vitesse et les blasts qui ne cessent d’alterner l’un après l’autre. Jouant le grand-écart le groupe se distingue surtout par sa technique rudimentaire et basique où chaque note et plan vont se répéter à l’envie ici comme sur le reste de la galette, sans faire preuve pour autant d’une violence débridée. Difficile de dire si cela est positif ou non mais il faut reconnaître que la production à l’ancienne manque quand même de puissance malgré qu’elle conserve un certain naturel, la faute à un son étouffé qui donne la sensation que les amplis et micros sont bridés pour éviter les excès sonores, ce qui finit par nuire un peu à l’intensité des morceaux. Heureusement ceux-ci sont suffisamment efficaces pour garder un intérêt certain, preuve en est avec le très bon « False Puritan Philosophies » plus noir dans l’esprit et qui se fait plus brut encore, vu que le tempo ne ralentit jamais et reste élevé en permanence pour conserver un entrain communicatif à l’instar du similaire ou presque « Lust, Sacrilege & Blood ». Hormis un passage en son milieu plus posé (afin de souffler un peu après ce début d’écoute mené tambour battant), celui-ci va continuer sur la même lancée en jouant sur la rapidité et en s’assimilant facilement. D’ailleurs l’ultra-court « Nocturnal Desire » du même acabit va proposer un long passage en mid-tempo parfait pour remuer la tête, grâce à une construction générale qui se fait encore plus directe que tout ce qui a été proposé jusque-là, sans que cela ne nuise à l’efficacité générale qui reste agréable, à défaut d’être vraiment marquante.
Car au fur et à mesure que l’on avance (et même si on passe un assez bon moment), il faut bien avouer que l’ensemble finit indubitablement par se ressembler sur la durée tant les riffs et plans de batterie se révèlent interchangeables malgré leur feeling omniprésent. Pourtant bien que « Unholy Dimension » soit taillé sur le même modèle cela reste encore imparable, tout comme « Lucy’s Curse » joué à fond les ballons et juste interrompu par un détour en mid-tempo pour taper du pied et headbanguer comme il faut. Cependant à partir de « Diabolical Witchcraft » les baisses de régime fréquentes au sein des précédentes sorties du trio finissent par réapparaître, même si cela se fait plus tard qu’auparavant ce qui montre déjà un mieux. Si jusqu’à présent les titres bénéficiaient d’une durée correcte ici ça n’est pas le cas, et cela se ressent rapidement tant ils se montrent vite redondants à cause d’ambiances trop présentes et de passages lents répétés inutilement. Cela se constate aussi sur les ennuyeux « Into The Sabbath » et « Elizabeth Needs Blood » qui manquent cruellement d’inspiration et finissent par tourner en rond sans qu’on ait envie de gratter un peu plus en surface, ce qui fait craindre du coup que ce disque pourtant bien parti ne s’essouffle totalement avant sa conclusion. Heureusement celle-ci du nom de « Demons Of The Night » va largement relever le niveau grâce à ses rythmiques thrashisantes et son riffing accrocheur qui redonnent de l’attrait pour clôturer les débats de façon très convenable et énergique.
Même s’il n’y a pas de quoi sauter au plafond l’ensemble contient néanmoins suffisamment de bonnes choses pour qu’on y prête une oreille attentive, même s’il n’est pas certain qu’on ressorte souvent l’objet de son étui, vu qu’il y’a plus intéressant et mieux dans son genre. S’il aurait gagné à être densifié au lieu de traîner en longueur dans sa seconde moitié, il reste malgré tout une bonne surprise qui se place au sommet de ce qu’a pu produire son leader historique depuis toutes ses années, et qui va lui permettre de gagner un peu de visibilité. Mais malgré ces bons points et ses efforts récurrents ça n’est pas encore cette fois-ci qu’il va se faire une réputation hors de ses frontières et/ou grimper dans la hiérarchie de l’underground local pratiquement saturé où l’on trouve le meilleur comme le pire. Si celui-ci a du mal à voir émerger durablement de nouvelles têtes dans le milieu de l’extrême national (toujours mené par les inoxydables KRISIUN et REBAELLIUN), ça n’est pas encore aujourd’hui que ses ténors locaux risquent d’être détrônés malgré la meilleure volonté des musiciens du cru qui font pourtant leur maximum, mais auquel il manque toujours le petit plus qui ferait la différence et qu’avaient en leur temps les regrettés NEPHASTH et THE ORDHER ou actuellement ESCARNIUM.
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