Qu’un des membres né en Ukraine, en l’occurrence
L.I.V.V., alias
Lord Igret, en vienne à pratiquer le
black metal en Algérie, d’abord avec l’explicite
THE KULT OV SATANACHIIA (trois démos ainsi qu’un split avec les compatriotes de
BARBAROS parus entre 1999 et 2008) puis au sein de son autre projet
NUMIDIAN KILLING MACHINE qui nous intéresse aujourd’hui, cela a de quoi intriguer. Déjà parce que je me demande quel hasard de la vie fait qu’il vit là-bas, ensuite parce que ce pays, en termes de
metal, n’est pas loin d’être un désert absolu (trente-deux groupes référencés par
Metal Archives dont seulement dix actifs), enfin parce que j’ai toujours trouvé idéologiquement surprenant que de la musique extrême puisse s’y développer, notamment du fait d’une liberté individuelle particulièrement contestée, pour ne pas dire contestable. Je ne me mêlerai pas de politique, encore moins de religion, ça me démange mais je ne le ferai pas notamment parce que le groupe ne s’y risque pas.
Il reste qu’il est bel et bien là ce premier album, «
Psychotronik Breakdown », hébergé par le label allemand
Fetzner Death Records au roster international (Portugal, Iran, Brésil, Roumanie…) bien qu’encore peu fourni (une dizaine de sorties depuis sa fondation en février 2023.) De toute façon, avec un seul label orienté
metal en activité (
Dark Arts Prods, toujours selon
Metal Archives), les chances de signature et, mieux encore, de se faire connaître hors d’Algérie sont faméliques. Pourtant, en dépit de l’aspect
a priori exotique de ces neuf compositions, l’écoute va rapidement démontrer qu’il n’en est rien, même si le nom du groupe est bien trouvé, la Numidie étant un royaume berbère situé dans un territoire localisé principalement sur l'Algérie mais également une petite partie de la Tunisie, de la Libye et marginalement sur le Maroc. Nous sommes donc là face à un groupe à la fois solidement ancré dans son patrimoine culturel mais s’échinant à proposer une pure œuvre de
black thrash death metal largement recouverte d’une bonne couche de
power speed. Miam. Pas un truc à la
ORPHANED LAND par conséquent (et merci bien).
Le fond musical est donc résolument tourné vers l’Europe, sans passéisme : les musiciens ont du
thrash une vision très moderne, pas du tout dans la veine rétro, les vocaux alternent entre le growl et le criard, prépondérant, les solos sont nombreux et enlevés, preuve s’il en fallait d’une technique solide, et il y a une attention réelle portée aux climats (l’introduction de « Marching to Cirta » par exemple) ainsi qu’à la richesse rythmique. Du côté des compositions, nous sommes donc sur un projet aux qualités « professionnelles » qui pourrait parler aux amateurs des récents
NO RETURN,
SCARVE peut-être également ou encore
BLAZING WAR MACHINE, les aspects indus / symphoniques en moins.
Sans parler de révélation de l’année,
NUMIDIAN KILLING MACHINE montre suffisamment d’atouts pour mériter une écoute d’estime et, sait-on jamais, les prochaines sorties seront-elles tout simplement monstrueuses ? J’y crois, le potentiel pour faire mal est bien présent.
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06/11/2023 18:25