Entombed A.D. - Bowels Of Earth
Chronique
Entombed A.D. Bowels Of Earth
Ces dernières années on a vu l’émergence d’un grand nombre de formations dissidentes qui sont nées suite à des querelles internes entre ses membres, que ce soit pour des raisons musicales, financières ou d’égos… en tout cas la tendance ne semble pas prête de s’arrêter. Si les exemples les plus connus concernent RHAPSODY et GORGOROTH, ENTOMBED n’a pas non plus été épargné par cette "mode", puisque désormais deux entités distinctes coexistent séparément. Si le nom original a été attribué par la justice suédoise aux historiques Alex Hellid, Ulf Cederlund et Nicke Andersson, ceux-ci n’ont pour l’instant pas sorti grand-chose de neuf (juste un EP de deux titres en début d’année) et semblent actuellement plutôt vivre sur leur passé glorieux et certainement révolu. Tout le contraire de leur ancien chanteur qui flanqué notamment de membres étant présents sur le très mitigé « Serpent Saints – The Ten Amendments » (2007), se montrent eux bien plus productifs, car ce nouvel opus est déjà le troisième de cette mouture concurrente où est venu se greffer comme titulaire le guitariste brésilien Guilherme Miranda jusqu’à présent dévolu uniquement aux concerts.
Si les deux premiers albums d’ENTOMBED A.D. (« Back To The Front » et « Dead Dawn) n’ont pas marqué les esprits ils ont au moins eu le mérite d’amener de la nouveauté chez des vétérans qui n’ont plus rien à prouver. C’est bien d’ailleurs la seule chose positive qu’on peut leur signaler, car pour le reste ce cru 2019 va être du même niveau que les précédents, les mecs se contentant une fois encore de réciter tranquillement leurs gammes et de faire le métier sans prendre de risques, mais aussi en tournant trop fréquemment en pilotage automatique. Du coup on se retrouve en présence d’un disque agréable et sympathique mais qui s’oublie totalement dès qu’on en est arrivé au bout, il faut dire que dès les premières notes de « Torment Remains » on s’aperçoit que malgré l’entrain et la variété proposée par le quatuor il manque un truc pour être totalement scotché. On ne saurait dire si c’est la sensation d’avoir déjà entendu des milliers de fois auparavant ces mêmes riffs et plans menés tambour battant qui amènent une certaine lassitude, ou bien si c’est l’écriture qui est moins inspirée qu’auparavant … toujours est-il qu’on reste sur sa faim même s’il n’y a pas grand-chose à reprocher à ce titre d’ouverture. C’est fluide et bien exécuté, l’entrain y est présent mais il y’a peu de chances qu’on y revienne plus tard, et cela sera le crédo de la suite qui va osciller entre passages basiques et appréciables, et d’autres plus redondants et linéaires.
Car plus on va avancer dans l’écoute et plus l’ensemble va finir par tourner à vide, si « Elimination » tient encore la route par sa vitesse et son long solo bien troussé, c’est également le cas de « Hell Is My Home » qui ne débande pratiquement du début à la fin (seulement interrompu par un passage central plus lent) ainsi que pour le remuant et posé « Bowels Of Earth » qui montre une facette différente où ses géniteurs devraient plus creuser. En effet dès qu’ils se décident à lever le pied de façon plus régulière en utilisant ainsi plus fréquemment le mid-tempo, l’ensemble se montre de suite beaucoup plus efficace et y gagne en puissance comme en accroche. Mais une fois entamé le second tiers de cette galette les choses vont peu à peu s’enliser avec les répétitifs et dépouillés « Bourbon Nightmare », « Fit For A King » et « Worlds Apart » qui donnent l’impression d’avoir été écrits et mis en boîte en quelques minutes à peine, histoire de rentabiliser au maximum les frais de studio. Rien de raté certes mais ça se montre trop primitif et linéaire pour être intéressant, ce qui finit par amener à un décrochage progressif qui intervient malheureusement assez tôt. Heureusement la troisième et ultime partie va se faire plus appliquée, permettant donc de retrouver une attention plus pointue chez l’auditeur à défaut là-encore d’atteindre des sommets musicaux, comme avec « Through The Eyes Of The Gods » plus travaillé que ce qui a été proposé jusque-là et qui redonne un certain intérêt à l’ensemble. Sentiment conforté avec l’excellente et étonnante reprise de Hank Williams (« I’ll Never Get Out Of This World Alive ») jouée à cent à l’heure et au côté Punk fort agréable, qui permet de rendre à la fois hommage à un artiste quelque peu oublié aujourd’hui tout en lâchant les chevaux de manière inspirée… bref tel qu’on aurait aimé entendre la bande plus fréquemment. « To Eternal Night » conclut lui de la meilleure des manières ce long-format en proposant un panachage de toute la palette technique des suédois où blasts énergiques et parties plus lentes se mélangent allègrement et sans soucis, tout en voyant l’apparition de moments intermédiaires qui passent tout seuls de façon agréable, et font là-encore regretter que les scandinaves ne se soient pas plus foulés auparavant.
On sent bien en effet que quand ils prennent la peine de se sortir les doigts du cul ils arrivent encore à pondre d’excellentes compos qui font mouche, et cela est franchement regrettable tant on aurait aimé les entendre sur une période plus longue qu’ici. Joué et enregistré sans pression et à la cool on a l’impression qu’ils n’ont plus envie de se prendre la tête préférant dorénavant raccourcir le processus de composition au maximum. Mais si l’intention est louable encore faudrait-il que le résultat soit à la hauteur et ça n’est pas le cas tant ça se montre franchement déséquilibré, et pour des personnes expérimentées comme eux ce rendu est vraiment limite. Etant d’une prévisibilité à toute épreuve cette réalisation est surtout victime de ses baisses de régimes, et même si par la suite ça repart de meilleure façon ça n’arrive jamais à captiver plus que cela, d’autant que le manque de morceaux forts se fait trop rapidement sentir au sein de cette masse uniforme. Autant dire qu’il fait peu de doutes qu’on retournera vite fait écouter les anciennes sorties du combo époque 90-2000, là où son attractivité était plus que présente et complétée par de nombreux classiques. Si le rendu aurait pu être une catastrophe sans nom à l’instar de ce que proposent dorénavant Luca Turilli ou Infernus, il n’en reste pas moins que sans en être arrivé là il faudra faire preuve de plus de travail et de recherche la prochaine fois pour que le quatuor retrouve un semblant d’intérêt. Bref tout cela confirme que l’alchimie et l’osmose qui règne au sein d’un collectif peut très rapidement s’évaporer, et qu’il suffit du départ d’une ou plusieurs personnes pour qu’elle ne revienne jamais, et ce quel que soit la qualité du ou des remplaçant(s)… chose qui malheureusement est le cas ici malgré le pedigree des titulaires actuels, même s’ils ne déméritent pas.
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