Serpent Noir - Death Clan OD
Chronique
Serpent Noir Death Clan OD
Malgré le fait que la scène extrême Hellénique soit à la fois vindicative et qualitative il arrive que certaines formations aient du mal à suivre ce bon wagon, c’est ce qui s’est passé jusqu’à présent pour le quatuor d’Athènes qui malgré quinze années d’existence n’a pas encore réussi à se faire une place au soleil. Il faut dire que bien que possédant une discographie relativement fournie il lui a toujours manqué le petit quelquechose pour lui permettre de sortir de son relatif anonymat, la faute notamment à ce
« Erotomysticism » en demi-teinte, qui bien qu’étant ambitieux sur le papier n’avait pas réussi à être convaincant lors des écoutes. Sans doute le combo avait-il vu trop haut avec cet opus, du coup après cinq années d’absence (seulement interrompues l’an dernier par un titre inédit figurant sur le Split avec MORTUUS) le revoici aux affaires avec un nouveau frappeur, et surtout avec une musique qui conserve son côté occulte tout en allant plus à l’essentiel.
Cela va d’ailleurs être un élément décisif à la réussite de ce troisième album vu que les gars ne vont pas partir dans tous les sens comme par le passé, mais en faisant preuve au contraire de sobriété, tel qu’on va s’en apercevoir dès la fin de l’introduction et les notes d’ouverture du monstrueux « Cutting The Umbilical Cord Of Hel ». Après une descente de toms à l’ancienne c’est parti en effet pour une succession de blasts dévastateurs, parties rapides remuantes et autres passages lents particulièrement massifs, qui se relaient les uns après les autres tout en étant épiques à mort. Car le sens du riff proposé ici (à la fois coupant et glacial) s’avère acéré comme il faut afin de proposer une rythmique implacable et à toute épreuve, où l’envie de headbanguer se fait rapidement sentir, pour montrer ainsi toute la palette des Grecs qui débutent ce nouveau chapitre de façon extrêmement convaincante. La suite sera d’ailleurs du même acabit et restera plus ou moins dans les clous, tout en voyant chacune des plages être suffisamment différente pour ne pas donner l’impression d’entendre en boucle quelquechose d’identique. La subtilité va être en effet le crédo durant le reste des compos qui vont suivre, tout d’abord via l’excellent, rampant et froid « Hexcraft » où la vitesse est de mise de côté au profit d’une lenteur assurée qui amène un supplément de noirceur, avant que des cassures n’interviennent et qu’un solo clair ne retentisse au milieu de ce néant total. Puis progressivement la brutalité va revenir histoire de montrer qu’elle reste quand même le tempo favori de ses créateurs, que ce soit via le très bon « Asmodeus : The Sword Of Golachab » qui joue le grand-écart rythmique avec les moments plus écrasants (pour un rendu très classique mais toujours ultra-efficace), ou avec le redoutable « Astaroth : The Jaws Of Gha’Agshebah ». S’il va commencer par une ambiance douce et mélodieuse du fait d’une série d’arpèges clairs et gelés, la suite en revanche va se faire bien plus radicale en n’arrêtant pratiquement pas de tabasser et de jouer à cent à l’heure, sans pour autant être répétitif du fait d’une durée idéale.
Car là où son prédécesseur avait tendance à s’étirer inutilement en longueur ce « Death Clan OD » ne s’embarrasse pas de tout cela, même si ça ne descend jamais sous les cinq minutes. L’ensemble est effectivement suffisamment bien écrit pour ne pas lasser, et encore une fois le contenu ne va pas décevoir vu que « Necrobiological Chant Of Talas » est toujours une réussite insolente. Si quelques courts ralentissements retentissent ici et là la rapidité va être là-encore l’arme fatale des Athéniens, où celle-ci va retentir sous diverses formes, et en y voyant l’ajout de vrais plans propices au headbanging qui donnent envie d’aller guerroyer contre Troie ou Sparte. Cependant afin de prendre le contre-pied de tout cela les mecs nous balancent l’étonnant « Goeh Ra Reah : Garm Unchained » plus ésotérique et occulte. Si jusqu’à présent les inspirations monacales étaient relativement discrètes cette composition de clôture va au contraire les remettre sur un piédestal, vu qu’hormis un démarrage mené sur les chapeaux de roues le reste va être bien posé et bridé. Porté par des ambiances ritualistes qui sentent le soufre ce titre est incontestablement le plus travaillé de cette galette, à l’instar des voix qui vont donner la sensation d’une messe noire menée discrètement dans une crypte ou une grotte éloignée du monde, et loin des regards indiscrets. Il faut en effet souligner le boulot effectué au niveau vocal qui renforce cet étrange sentiment, qui montre que même en levant le pied les méditerranéens continuent de maîtriser leur sujet, et qu’ils ont indéniablement pris du galon.
Il faut saluer en effet le bond en avant franchi par eux, et noter qu’ils ont appris de leurs erreurs passées pour proposer ainsi une écriture bien plus homogène qui ne faiblit jamais. Avec sa production à la fois claire et sèche (mention spéciale aux solos d’une grande clarté) et sa force de frappe générale, SERPENT NOIR signe incontestablement son œuvre la plus aboutie à ce jour montrant donc que l’attente depuis son décevant long-format précédent en valait la peine. Plus direct et moins barré ce troisième volet se révèle être une excellente surprise, bien qu’il ne figurera probablement pas dans les bilans de fin d’année. Sans atteindre la renommée ni la réputation des leaders de la scène noire locale (WOLFNACHT, KAWIR, VARATHRON, RAVENCULT, DØDSFERD…) celui-ci se place néanmoins en outsider crédible pour le futur, à voir désormais s’il continuera sur sa lancée ou si cette réussite indéniable restera un coup d’épée dans l’eau.
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