Vous vous rappelez de Nex Carnis ? Ce groupe sorti de nulle part si ce n'est de Téhéran et qui avait sorti son premier album
Obscure Visions of Dark en 2015. Une bombe de death metal old-school survitaminé qui avait fait la nique à tous les gros. La vraie grosse surprise comme on les aime, quoi ! Eh bien les Iraniens sont de retour. Ça fait même déjà quelques mois, ce
Black Eternity étant paru fin septembre 2019 chez Blood Harvest. Bizarrement toutefois, il n'a pas fait grand bruit. Et j'ai ma petite idée du pourquoi du comment ...
D'abord, on ne va pas se mentir,
Obscure Visions of Dark n'a pas non plus fait un buzz incroyable. L'opus était sorti sur un label obscur, pas chez Dark Descent. Bref, ils n'ont pas fait une Blood Incantation. Ensuite,
Black Eternity n'est qu'un EP de deux-titres pour dix minutes. Même sorti sur Blood Harvest, maison de disque respectable et respectée, il ne s'agit pas du format le plus adapté à la notoriété. Enfin, et c'est la raison principale, l'EP a rejoint la longue liste des déceptions de l'année dernière. Pour vous dire, j'ai à peine reconnu le groupe. Et pas qu'en raison du changement de la moitié du line-up. Ce sont le bassiste Arjang Gharib et le batteur chilien Álvaro Sequeida (Godagainst, ex-Melektaus) qui accompagnent ici le duo d'origine Incruent (guitare) et Asto Vidatu (chant). Les deux ont d'ailleurs déjà été remplacés depuis par deux Turcs, Ertu Gözoğlu (Intestine Autopsy) et Horrida Vultum (ex-Godslaying Hellblast). Un troisième Turc a également rejoint le combo puisqu'il a ajouté une deuxième guitare avec Can Yakay Darbaz (Burial Invocation, Diabolizer). Si Nex Carnis paraît méconnaissable sur ce
Black Eternity, c'est aussi et surtout que l'on ne retrouve pas son death metal à l'ancienne sous stéroïdes. Le côté à l'ancienne est resté, pas de souci, il n'y a qu'à regarder la pochette au crayon du Mexicain Joe "Ravager" Romero (Mortuous, Ghoulgotha, Repuked, Church of Disgust, etc), très démo death metal undergound du début des années 1990. Il s'est même accentué. De par le son beaucoup plus cru et sale, moins puissant et plutôt typé démo, ainsi que le jeu déployé, moins rapide et frontale. La partie sous stéroïde a en effet disparu. Ce n'est pas non plus devenu du doom/death, ça reste tout de même agressif, mais sans comparaison avec le full-length. Clairement, la perte du batteur tchèque Jirka "Jurgen" Zajíc (Ahumado Granujo, Ingrowing, ex-Heaving Earth, Brute, Death Karma et Intervalle Bizarre) a fait mal à la formation du Moyen-Orient. Terminé les blast-beats dévastateurs qui sonnaient du feu de Satan, Álvaro Sequeida (dont je n'aime déjà pas trop le jeu dans Godagainst et Melektaus) se limite au mieux à des pseudos blasts, de la blastouille pataude pas du tout convaincante, tenue très peu de temps et qui sonne même confuse à cause de la production faiblarde pleine de réverbération. Déjà que Nex Carnis a globalement levé le pied, il en résulte d'autant plus un manque de puissance et de percussion dommageable. Pas de problème par contre avec les parties de tchouka-tchouka thrashy, les mid-tempo ou les quelques down-tempos sur les séquences les plus ambiancées. Non, c'est vraiment quand c'est censé blaster que le bât blesse.
Il n'y a pas que la batterie qui a rétrogradé. Le chant n'était pas l'atout numéro un des Perses, ça ne changera pas ici. Du growl pas mauvais mais générique en diable qui sonne comme dix mille autres. Non, c'est surtout le riffing qui se montre lui aussi moins inspiré. S'il se fait plus varié que sur l'album, avec des touches thrashy et blackened entre autres, il n'a pas du tout la même mémorabilité et efficacité. Ça sonne plutôt convenu, certains riffs s'avérant carrément limites ("Last Gleams of a Fallen Conscience" à 4'12, "The Fathomless Caverns of Oblivion" à 1'22 et 3'30). On notera aussi que Nex Carnis a voulu appuyer un peu plus sur les ambiances.
Obscure Visions of Dark n'était déjà pas très lumineux, ce
Black Eternity se révèle encore plus sombre. Une bonne idée si ça ne s'était pas accompagné d'une baisse de la brutalité. "Last Gleams of a Fallen Conscience" à 4'40, on dirait du Grave Miasme sur ce riff qui bourdonne. "The Fathomless Caverns of Oblivion" à 4'14, c'est Embrional qui vient à l'esprit sur ce break lent et dissonant (oui, encore des dissonances, même si on n'est pas du tout dans l'overdose, heureusement !).
Comment dès lors ne pas ressentir une grosse déception à l'écoute de ces deux morceaux ? En se disant qu'ils ne sont pas non plus dégueulasses, que ça passe sans forcer, que certains tremolos s'avèrent quand même pas mal foutus, que le solo mélodique de "The Fathomless Caverns of Oblivion" à partir de 2'52 sonne bien contrairement aux autres plus chaotiques et inutiles, que l'atmosphère dark est bien palpable, que le côté old-school a toujours quelque chose d'authentique et réconfortant ? Oui, on peut. Nex Carnis conserve tout de même quelques qualités ici. Il n'en reste pas moins qu'il s'agit d'une régression dans quasiment tous les domaines pour le groupe, en particulier au niveau de la batterie et de la production, quatre ans après un premier album remarquable. Cet EP au son de démo parait alors anti-chronologique. On l'aurait plus vue sortir en début de carrière. Et même sans le comparer à l'énorme
Obscure Visions of Dark, le death metal old-school de
Black Eternity sonne plutôt convenu et ne propose rien qui le démarque de la palanquée de formations évoluant dans le même registre. Pas du tout sûr que j'aurais suivi Nex Carnis s'ils avaient d'abord sorti cet EP. Restons optimistes toutefois, il ne s'agit que d'un simple deux-titres de dix minutes. On espère alors revoir vite le combo en meilleure forme sur un format plus long.
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