Laceration - Remnants
Chronique
Laceration Remnants (Compil.)
Tiens, un peu de thrash, ça faisait un bail ! Il serait aussi temps de terminer les promos 2019, alors que ceux de 2020 commencent à s'accumuler. Certains vont passer à la trappe malgré le confinement, je le sens bien ! Ce ne sera au moins pas le cas de Laceration et de ce Remnants. Sauvés, les gars ! Pas qu'il s'agisse de la meilleure sortie de l'année dernière, toutefois les Américains méritent bien une petite bafouille.
Un coup d'œil à la pochette de Raúl González que l'on a connu plus inspiré vous indiquera que ce n'est pas grâce à celle-ci que je me suis penché sur le cas de Laceration. Pas non plus pour le logo cheap et encore moins pour le nom du groupe ultra générique. Non, c'est plutôt ma confiance dans le label Unspeakable Axe Records, très souvent fiable en matière de thrash, qui m'a poussé à l'écoute. Une confiance qui va rester intacte, Remnants s'avérant une nouvelle preuve du bon goût de l'Américain. Sortie en février 2019, il s'agit en fait d'une compilation.regroupant la démo Realms of the Unconscious (2010), leur partie du split avec Tinnitus (2013) ainsi que l'EP Consuming Reality (2009). Dix morceaux du coup pas des plus récents.
À l'instar du style old-school de Laceration. Les Californiens ne font en effet pas dans le modernisme en s'adonnant à du thrash aux relents plus ou moins death selon les morceaux, comme il se pratiquait à la fin des années 1980 et au début de la décennie suivante. Ça sent Demolition Hammer, Slayer, Razor, Sepultura, Devastation (TX), early-Malevolent Creation, etc. Du bon gros thrash/death vindicatif au chant écorché bien méchant porté par un riffing sombre et tranchant qui n'a pour but que de rentrer dans le lard pour une efficacité maximale, en dépit de quelques passages plus ambiancés (ouverture acoustique sur "Realms of the Unconscious", début à lead menaçante de "Self Deprivation", sample pour instaurer une atmosphère sombre sur "Exhausted in Form", extraits du film du même nom sur "Hobo with a Shotgun", intermède plus technique et mélodique de "Exhausted in Form" à 2'15), ainsi que des solos mélodiques plutôt bien branlés ("Realms of the Unconscious" à 3'32, "Shadows of Existence" à 3'09, "Exhausted in Form" à 4'00, "Bred to Consume" à 3'30, "Hobo with a Shotgun" à 2'55 (le meilleur), "Arise Within" à 0'55, "Taphephobia" à 4'05). Par contre, au risque de me répéter, les solos de dix secondes, ça ne sert à rien ! En gros c'est soit du tchouka-tchouka soit du mid-tempo au groove de porc. De quoi ravager un pit comme il faut et headbanger comme un damné ! Quelques blasts font aussi leur apparition à la fin de "Realms of the Unconscious" et "Arise Within" ainsi que sur "Exhausted in Form" (3'18), "Bred To Consume" (2'42) et "Hobo with a Shotgun" (0'43). D'autres ingrédients viennent renforcer l'efficacité comme les backing vocals, les chœurs, la deuxième moitié punkie de "Bred to Consume" dont on retrouve aussi les mêmes effluves sur le très bon "Hobo with a Shotgun", ou encore cette basse bienvenue qui joue parfois des coudes pour se placer devant.
Bref, attention ça mord ! On reste cela dit loin du bourrinisme d'un Sadus puisqu'à part deux-trois blastouilles on navigue sur des rythmiques purement thrash. Ce sont plutôt certains riffs en tremolo qui sonnent death et donnent un ton thrash/death à Laceration que j'aurais bien aimé voir aller encore plus loin dans la violence. La batterie sur les quatre titres de Consuming Reality, les plus anciens, se montre par exemple limitée niveau vitesse et puissance. Il faut dire que la production de l'instrument sonne faiblarde par rapport aux guitares qui elles crachent le feu mais se révèlent trop étouffées, engendrant un manque de vigueur dommageable. Sur "Shadows of Existence", ça sature même carrément, pas très agréable. Ce style a besoin d'un son béton sous peine de limiter l'impact. On préférera dès lors la version réenregistrée bien plus costaude de Realms of the Unconscious, la meilleure partie de la compilation avec les trois titres du split, ceux qui sonnent le plus death metal. Eh oui c'est une compilation, format connu pour ses redites. Remnants évite cependant de balancer trois-quatre fois le même morceau comme sur certaines vu que Laceration n'a pas une discographie très fournie. "Shadows of Existence" se pose donc comme le seul doublon. Néanmoins, l'opus n'échappe logiquement pas au manque d'homogénéité avec des différences de son notables entre les sorties et de qualité de composition, bien qu'aucune piste ici ne soit mauvaise, même les plus rudimentaires. Rien d'anormal après tout, un groupe ça progresse (normalement) ! Plus de cinquante minutes par contre, c'est trop long pour le genre. L'efficacité de la bête en prend un coup, d'autant que les derniers morceaux s'avèrent les plus dispensables.
Unspeakable Axe Records a eu une bonne idée de compiler la discographie de Laceration dont je n'avais jamais entendu parler avant. Enfin, une partie de la discographie, car il manque la démo de 2008 et celle de 2018. Pas que ce soit le groupe de la décennie, celui-ci se contentant de reprendre une vieille formule bien connue, mais il montre suffisamment de qualités pour que tout fan de thrash bovin à la Demolition Hammer, Razor et Slayer ou de thrash/death à la early-Malevolent Creation y trouve son compte. Difficile en effet de rester stoïque face à ce festival de tchouka-tchouka jouissif, ces riffs tantôt acérés tantôt headbangants, ce groove contagieux, ce chant acide et ces solos mélodiques bien foutus qui apportent un peu de finesse. Il se pourrait bien en plus que Remnants soit le témoignage d'un passé révolu pour Laceration qui a suivi une voie plus strictement death metal sur sa démo de 2018, Imitation, adoptant au passage un nouveau (et bien meilleur) logo illustrant cette nouvelle direction.
| Keyser 21 Avril 2020 - 1139 lectures |
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2 COMMENTAIRE(S)
citer | Keyser 21/04/2020 08:38 | note: 3.5/5 | AxGxB a écrit : Un poil plus enthousiaste que toi dans la mesure ou ce manque de brutalité sur les morceaux de "Consuming Reality" ne me dérange absolument pas. En attendant, c'est effectivement une très bonne découverte. Si le groupe réussit à avancer (pas mal de problèmes de line-up), y a moyen que ça le fasse bien pour la suite.
J'aurais pu mettre 4/5, c'était pas loin ! Oui j'ai vu qu'ils doivent réenregistrer leur album avec un nouveau batteur et un nouvel ingé-son, ça prend du retard du coup ... |
citer | AxGxB 21/04/2020 08:23 | note: 4/5 | Un poil plus enthousiaste que toi dans la mesure ou ce manque de brutalité sur les morceaux de "Consuming Reality" ne me dérange absolument pas. En attendant, c'est effectivement une très bonne découverte. Si le groupe réussit à avancer (pas mal de problèmes de line-up), y a moyen que ça le fasse bien pour la suite. |
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2 COMMENTAIRE(S)
21/04/2020 08:38
J'aurais pu mettre 4/5, c'était pas loin ! Oui j'ai vu qu'ils doivent réenregistrer leur album avec un nouveau batteur et un nouvel ingé-son, ça prend du retard du coup ...
21/04/2020 08:23