Angerot - The Divine Apostate
Chronique
Angerot The Divine Apostate
Formé en 2017 dans le Dakota du sud autour de vieux briscards de l’underground local, ANGEROT n’a pas perdu de temps pour être productif et faire parler de lui vu qu’il en est déjà à son deuxième album, le premier sous les couleurs de Redefining Darkness. Car après « The Splendid Iniquity » qui a eu un certain retentissement le quatuor est monté en gamme en signant sur un des labels les plus qualitatifs actuellement, ce qui est prometteur sur le papier quant au niveau proposé par ce « The Divine Apostate ». Proposant un bon gros Death bien couillu et puissant le combo n’hésite pas à y intégrer des ingrédients à la fois rétro et modernes, d’où émerge à certains moments des nappes de claviers et des chœurs féminins, un choix étrange et osé pour ce dernier point qui malheureusement ne va pas se révéler être du meilleur goût lors de ses apparitions.
En effet d’entrée le groupe va nous proposer ces éléments spécifiques qui vont avoir pour effet de casser la dynamique de « Below The Deep And Dreamless Sleep », qui partait pourtant bien malgré une certaine linéarité. Bien que le reste soit très classique entre parties lourdes grassouillettes et passages explosifs joués à fond la caisse, on s’aperçoit quand même que ça s’essouffle relativement rapidement, et que dire sur ces voix féminines posées en arrière-plan sur fond de mélodie éthérée qui tombent comme un cheveu sur la soupe en faisant vraiment tâche avec le reste ?! D’ailleurs ce constat va apparaître un peu plus loin sur le tout aussi répétitif « Coalesced With Wickedness » à l’ambiance horrifique (où Snowy Shaw vient pousser la chansonnette) et au contenu plus barré que tout ce qui est proposé sur le reste de ce long-format. Car en essayant de montrer autre chose qu’une musique bas du front les Américains malheureusement en font des tonnes, en y ajoutant un style Deathcore et des passages Black pas du meilleur goût, pour un résultat qui sonne creux et difficile à digérer.
Mais heureusement quand ils reviennent à quelquechose de plus sobre et direct c’est en revanche nettement plus convaincant (et on aurait aimé qu’ils persistent dans cette voie) même si la durée des morceaux oscillant la plupart du temps aux alentours des cinq minutes a tendance à faire perdre un peu en accroche. Cependant on ne peut pas leur reprocher de ne pas mettre le paquet niveau tabassage et brutalité, tant l’équilibre et l’homogénéité des forces en présence entre tapis de double massif et rythmique frénétique jouée de façon très rapide est ici rondement mené, preuve en est avec l’équilibré et implacable « O Son Of The Morning, O Son Of The Dawn » où Terrance Hobbs de SUFFOCATION vient amener un solo alambiqué dont il a le secret. On peut dire la même chose de « Vestiments Of Cancer » qui s’enchaîne juste après et qui se maintient dans la même droite ligne qu’entendue auparavant, tout en renforçant le dynamisme et l’entrain d’où émerge une humidité plus forte sur les passages plus lents.
Si cette première moitié de la galette est finalement assez décousue, la seconde sera elle bien plus hétérogène et maîtrisée du fait que les gars sont revenus à des compos plus sobres et sans fioritures, car dès l’interlude mélodieux terminé c’est à un festival de violence et de mélange de vitesses auquel on va avoir droit. En effet cela démarre avec le redoutable « Counsel Of The Ungodly » sans artifices mais particulièrement rugueux et entraînant, tout comme le tout aussi excellentissime « Father, Mentor » qui donne envie de taper du pied. Ces deux-là sont d’ailleurs renforcés par du solo à rallonge et foutraque (une constante sur le long-format) qui va avoir pour effet d’amener un supplément de rage et de force, fort goûtu et travaillé. Tout cela se termine de la meilleure des façons avec le monstrueux « Thy Kingdom Burned » où la radicalité est poussée à son maximum tant ça ne débande pas tout du long, même s’il est dommage que sa conclusion soit gâchée une fois encore par ces voix claires et mélodieuses inutiles qui n’amènent absolument rien.
Du coup il sera important à l’avenir pour les musiciens d’éviter ce genre de fantaisies s’ils veulent garder un attrait certain, car cela occulte légèrement les bons points de ce disque qui pourtant en regorge. Certes ça ne sera pas la sortie de l’année et ça sera même rapidement oublié une fois arrivé au bout de l’écoute (on aurait aimé avoir quelques compositions vraiment fédératrices), mais ça aura au moins le mérite de servir de parfait défouloir à défaut de sauter au plafond (notamment à cause de quelques longueurs récurrentes), même si l’énergie et l’envie compenseront nettement ce côté irrégulier. A voir donc ce que nous réserverons ces vétérans dans le futur mais il leur faudra faire mieux la prochaine fois pour se démarquer de la forte concurrence qui règne à l’heure actuelle, au risque pour eux de rester confinés encore longtemps dans les limbes grouillantes de la deuxième division du genre, lieu où ils se trouvent aujourd’hui.
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