Ensnared - Inimicus Generis Humani
Chronique
Ensnared Inimicus Generis Humani
Ensnared n'avait encore jamais fait l'objet d'une chronique en ces pages. Un mystère car les Suédois tombent pourtant pile poil dans la ligne éditoriale historique. Formation en 2010 du côté de Göteborg sur les cendres de Gravehammer, première démo éponyme l'année suivante via Nuclear Winter, EP en 2013 sur le même label, signature sur Dark Descent Records et sortie d'un premier long-format en 2017. Malgré cela, le combo de death metal a toujours réussi à passer entre les mailles du filet. Il aura donc fallu attendre ce nouvel album Inimicus Generis Humani sorti en février conjointement chez Dark Descent Records (CD) et Invictus Productions (vinyle et numérique) pour que l'on se penche enfin sur le cas des Scandinaves, réduits pour ce deuxième full-length au duo H.K. (guitare, chant, basse) et J.K. (batterie) suite au départ de la paire A.J. (guitare) et A.E. (basse) que l'on pourra retrouver dans leur autre groupe, les excellents Trial. Pas de bol par contre, on ne va pas en dire que du bien !
Inimicus Generis Humani déçoit en effet à plus d'un titre et je ne m'y attendais pas vraiment. Encore que l'on avait déjà pu noter une légère baisse de qualité sur Dysangelium par rapport à l'EP Ravenous Damnation's Dawn quasi sans faute. On restait néanmoins dans le haut du panier alors il n'y avait pas de raison que ce nouvel album nous plante. La pochette en noir et blanc annonçait peut-être même une radicalisation. Oui et non en fait. Alors c'est quoi ce bordel ?! Un changement de style ? Pas du tout. Ensnared fait toujours partie de ces groupes suédois et plus généralement scandinaves qui ne sonnent pas du tout comme leur scène nationale, à l'instar de Verminous, Vorum ou Degial. Ce genre de petites gourmandises, oui. La formation joue un death metal old-school sombre et virulent qui n'hésite pas à emprunter au black metal. Du blackened death en gros, dont l'influence principale reste Morbid Angel. Inimicus Generis Humani monte toutefois d'un cran dans le caustique, se rapprochant pas mal d'un Angelcorpse. Encore plus flagrant au niveau du chant d'écorché vif qui rappelle la douce voix de ce cher Pete Helmkamp.
Comment diable un album qui se réclame de Morbid Angel et Angelcorpse, en envoyant les blast-beats à tour de bras et les riffs en tremolo infernaux au groove dark sur une voix à la Helmkamp peut-il ne pas convaincre ? La production se fait naturelle en plus, même si un poil trop étouffée, en particulier la batterie nickel. Les quelques solos chaotico-mélodiques sont assez bien ficelés aussi et la basse a son mot à dire. C'est vrai que présenté comme ça, ça fait envie. Et ça fonctionne d'ailleurs plutôt très bien sur certains morceaux comme "Spiritual Necrosis", "Disciples of the Whip" et "Katharsis Through Terror". Un peu moins sur "The Throne of Transformation", beaucoup moins sur "Black Hole Acolytes". En fait, le chant s'avère ultra linéaire, monotone et robotique, déclamant ses paroles toujours de la même manière laconique, sans rage, sans conviction. Bien dommage car l'impact et l'agressivité s'en trouvent fortement atténués. Ce n'est cela dit pas le plus fâcheux. Regardez la tracklist. "Interlude I", "Interlude II" et "Interlude III". Une des caractéristiques d'Ensnared qui fait son originalité est en effet de placer entre ses morceaux death metal des interludes instrumentaux à ambiance plus ou moins metal. Ceux-ci étaient incorporés aux compositions et peu présents sur l'EP Ravenous Damnation's Dawn mais se sont fait davantage de place à partir de Dysangelium avec des pistes réservées. C'était une des faiblesses de ce premier album, ces interludes pas très passionnants venant casser le rythme. C'est encore pire sur Inimicus Generis Humani, avec un contraste entre les morceaux extrêmes et les pistes instrumentales des plus frustrants. Cela fonctionne sur "Interlude I" qui sert d'introduction, riffe bien et propose une bonne ambiance dark avec montée en puissance et intensité dramatique. Bref, il se passe quelque chose. Ce qui n'est pas le cas des autres interludes ainsi que des quatre premières minutes de "Black Hole Acolytes" (les suivantes, metal mais jouées sur un faux-rythme ennuyant, ne seront guère mieux) où il ne se passe strictement rien. On dirait des entractes jazzies ou lounge de bars à cocktails. J'image bien le batteur avec des balais au lieu de baguettes. Je conçois ne pas être l'auditeur le plus ouvert d'esprit mais franchement, c'est d'un chiant ! Si on ne peut pas leur retirer un côté original, je n'accroche pas du tout à ces entractes insipides qui cassent encore plus le rythme que sur la sortie précédente.
Dommage du coup d'avoir attendu ce faux-pas pour parler du groupe sur le site. Sans ces interludes bobos de bars à cocktails qui dénotent totalement avec le reste (et qui représentent près d'un quart de l'œuvre) et avec un chant plus convaincant, Inimicus Generis Humani aurait pu convenir. Quand il balance son blackened death acide et nerveux entre Morbid Angel et Angelcorpse, Ensnared se montre en effet tout à fait à la hauteur. Les blasts sonnent du feu de Satan, le riffing se fait bien acéré. Mais difficile de faire abstraction de ces vocaux déshumanisés et de ces longueurs instrumentales soporifiques. Les deux visages Docteur Jekyll et Mister Hyde des Suédois frustrent plus qu'autre chose. Si vous vous sentez plus tolérants, vous pouvez toujours y jeter une oreille, l'album garde tout de même quelques qualités. N'hésitez pas non plus à vous pencher sur les très bonnes sorties précédentes Ravenous Damnation's Dawn et Dysangelium, moins bipolaires. Pour ma part, Inimicus Generis Humani s'impose comme la première déception de 2020.
| Keyser 28 Avril 2020 - 2573 lectures |
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