Neitian - I Skuggornas Mörker
Chronique
Neitian I Skuggornas Mörker
Peu d’informations circulent aujourd’hui au sujet de Neitian. Les seules que l’on peut trouver sur Internet sont celles glanées sur Metal Archives qui finalement ne font que reprendre ce que l’on peut déjà lire au dos de ce premier album sorti en janvier dernier via Amor Fati Productions. Intitulé I Skuggornas Mörker, celui-ci n’est en fait pas de toute première fraîcheur puisqu’il s’agit d’un enregistrement datant de 2007. D’ailleurs ce qui est vraisemblablement un one-man band à en juger par cette photographie en noir et blanc présente là encore au dos de l’album ne semble plus être actif depuis déjà plusieurs années… Et puisqu’on en est à dresser quelques hypothèses, je me risquerai bien à avancer que Neitian est encore l’un des nombreux projets de l’infatigable Swartadauþuz (Azelisassath, Bekëth Nexëhmü, Gardsghastr, Gnipahålan, Muvitium, Greve, Tyranni...) même si en dehors de cette photo où j’y vois personnellement quelques ressemblances et de cette approche plutôt similaire je n’ai finalement pas grand chose pour étayer ma thèse...
Quoi qu’il en soit, ce one-man band suédois pratique comme on pouvait s’y attendre à la vue de cet artwork sombre et desséché un Black Metal dépouillé et rachitique à la production tout aussi famélique. Loin des grosses sorties suédoises au son impeccable mais qui manquent sûrement un peu de caractère, Neitian coche ici toutes les cases d’un cahier des charges toujours scrupuleusement suivi dans l’underground avec, pour commencer, une production poussiéreuse et pleine de souffle. Un esthétisme sonore évidemment parfaitement calculé afin de répondre à une certaine idée du Black Metal. Celle d’une musique pure, effrayante et absolument repoussante. Comme toujours, ceux qui ne se sentent pas capable d’affronter ce genre de production où les guitares grésillent et saturent et où les hurlements se perdent dans d’obscurs brumes lointaines devront alors passer leur chemin sous peine de trouver le temps beaucoup trop long...
Et croyez moi ce n’est pas le seul obstacle à l’appréciation de cet album puisque cette batterie particulièrement répétitive risque probablement d’en agacer plus d’un. Bien qu’elle fasse preuve de nuances de temps à autre en changeant tout simplement de rythme, elle passe néanmoins le plus clair de son temps à coucher morceau après morceau les mêmes patterns hypnotiques à base de semi-blasts ou de tchouka-tchouka. Une formule efficace d’un point de vue purement rythmique puisque I Skuggornas Mörker jouit effectivement d’une excellente dynamique d’ensemble mais qui néanmoins montrera assez vite ses limites vis à vis de ceux qui choisiront d’y prêter trop d’attention.
Mais ces défauts, ou plutôt ce qui pourrait passer pour des défauts, personnellement je les aimes. Comme bien souvent dans le Black Metal et encore plus avec tous ces one-man band obscurs que l’on a pu aborder ici ou non (notamment ceux issus des scènes portugaises, canadiennes ou bosniaques), ils participent à la construction d’une certaine atmosphère opaque et inquiétante qui sied à ravir à cette musique qui effectivement se doit de répondre à un certain esthétisme sonore et visuel. Ainsi, à travers cette production au souffle puissant et sur cette batterie aliénante viennent se poser des riffs froids et décharnés aux mélodies hivernales. Des mélodies intelligemment mises en avant desquelles vont émaner un puissant parfum de mélancolie comme l’attestent "I Nattmörkrets Dimma" à 0:37, le début de "Vind Av Död" ainsi qu’à 1:40, l’entame de "Besvuren Till Månens Kall", "Bort I Skogens Djup" à 1:09, "Mörker" à 0:18 et ainsi de suite... À cette sensation de mélancolie se mêle cette espèce de folie dérangée et dérangeante induite par ces cris viscéraux et inhumains qui accompagnent chacun des compositions de l’album (exception faite de ce prologue et de cet épilogue).
Comme beaucoup d’autres groupes officiant dans ce registre de niche, Neitian n’apporte rien de plus à son Black Metal que ce qui a déjà été fait par d’autres des années avant lui (même en 2007 tout cela n’avait déjà rien de très original). Mais comme toujours l’essentiel n’est pas là. Non, l’essentiel se trouve bel et bien dans la qualité de ces riffs et de ces mélodies sournoises, dans la portée de ces ambiances délétères et malfaisantes, dans ce caractère entêtant qui va induire chez l’auditeur une certaine sensation de transe... Et rien d’autre.
Présenté sur Metal Archives comme étant actuellement en stand-by, je ne sais pas si nous aurons un jour une suite à ce premier album de Neitian. En attendant, les amateurs de Black Metal famélique à la production osseuse seront très certainement ravi à l’écoute de cet unique album tant le projet suédois répond en bien des points à une certaine vision quelque peu élitiste du Black Metal.
| AxGxB 5 Juin 2020 - 952 lectures |
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