Nekrovault - Totenzug : Festering Peregrination
Chronique
Nekrovault Totenzug : Festering Peregrination
De manière surprenante, le confinement ne m’a pas été synonyme d’écoutes intensives en ce qui me concerne. Pire, il m’est même relativement difficile de reprendre ma routine musicale. Le muscle de l’écoute doit être un peu rouillé … Toujours est-il que quelques albums ont réussi à passer le filtre de mon indolence confinée. Et l’un d’eux, c’est ce Totenzug : Festering Peregrination de Nekrovault, récente signature de l’excellent Ván records.
Nekrovault est un quatuor allemand actif depuis quelques années, qui officie dans le death metal traditionnel soutenu par des ambiances plutôt empruntées au black metal. Absolument mon créneau, donc. La jolie pochette me fait d’ailleurs penser aux australiens de Temple Nightside, dont les allemands sont assez proches au niveau du style, en baissant la brutalité d’un bon cran. Les 43 minutes de l’album ne sont pas franchement marquées par la velléité et la violence, mais plutôt par des mid-tempi imposants et menaçants, qui permettent de faire monter des atmosphère bien évidemment lugubres tout en douceur. On rejoint cette branche du death metal un peu esthétique, qui vise autre chose que le pur cassage de vertèbres. Au rayon des influences, j’entends volontiers des choses inspirées par Grave Miasma, Incantation, voire Profanatia par moments. C’est lourd, étouffant, ça prend à la gorge. On saisit parfois des dissonances tirées du black, des petits accords let-ring de mauvaise augure pour renforcer la couleur sinistre de l’ensemble.
Un des gros points forts de Nekrovault, c’est sa diversité dans le chant. On passe des grognements gutturaux à des choses plus écorchées, plus malsaines et gargouillantes, jusqu’à des cris hystériques et incontrôlés. Sur « Sepulkrator », qui soit dit en passant est une des meilleures pistes de l’album, les vocalises s’éparpillent tout le long du morceau, collant aux ambiances pour les approfondir encore. La reprise du riff principal bien piétinant en fin de piste assorti de hurlements ensorcelés en impose bien comme il faut.
Death metal « esthétique » oblige, on sent que la production a été bien léchée. Les guitares ont un grain bien présent, mais gardent une bonne partie de leur épaisseur enfouie dans une réverbération omniprésente, histoire d’étendre la distorsion dans le lointain. Je reprocherai peut-être un léger manque d’impact dans le rendu sonore, mais l’esprit est définitivement très adapté aux visées manifestes du groupe. D’autant plus qu’il colle aussi bien aux passages les plus rampants qu’aux charges plus franches inspirées d’Entombed, comme sur « Pallid Eyes ». Un sacré atout que ce son taillé sur mesure.
Sur le papier, tout est là. L’ambiance, le son, le label … Le souci, c’est que Nekrovault manque de puissance. Et ce dans tous les domaines. Autant sur ses attaques frontales, rares, que sur ses longues minutes de développement d’ambiance. Quelque chose fait défaut. On fait « ah oui, c’est sinistre », mais on ne fait pas « roh lalah c’est glauque mazette ! ». Et c’est tout le problème. Nekrvault reste un poil scolaire. Je constate sur presque toutes les pistes le développement « accords flippants », puis « petite lead dissonante », passage par le « on défouraille un peu » et on termine sur « lead vicieuse + accords méchants ». Le problème n’est pas en soi la relative répétitivité de la construction, mais plutôt le fait que le groupe n’arrive pas (toujours) à rendre ses atmosphères vraiment prenantes et surtout marquantes. On fait un joli petit tour au pays des morts, mais on en revient avec les pompes impeccables. Alors que chez leurs collègues de Temple Nightside cités précédemment, on s’immerge dans un marécage de cadavres infini, et on lutte à chaque seconde pour réussir à gober un peu d’air corrompu. Nekrovault n’arrive pas à ça. Il s’en approche parfois, comme sur la déjà évoquée « Pallid Eyes », ou sur la très chouette piste finale avec son solo louvoyant et très bien fichu incorporé à une dernière partie presque rock. Mais Globalement, le tout manque de constance et d’intensité. J’ai également envie de dire qu’un supplément de violence ne ferait vraiment pas de mal.
Au fond, Nekrovault tombe un peu dans ce qui est parfois reproché à leur label, à savoir faire du tout joli mais pas forcément du tout bon. Je ne partage qu’assez peu cet avis, mais il faut bien reconnaitre que pour cette fois, la vanne a un peu de vrai. C’est bon, mais pas flamboyant. On verra dans quelques années ce qui tombera de la voûte mortuaire, mais pour l’instant, c’est du « pas mal » qui regarde le « vraiment bon » de pas si loin. La suite au prochain épisode des Contes de la Crypte.
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