Rebaelliun - The Hell's Decrees
Chronique
Rebaelliun The Hell's Decrees
Lorsque l’on évoque la scène extrême sud-américaine et l’occurrence ici brésilienne, certains ont d’emblée les yeux qui brillent, un petit sourire béat empreint d’une nostalgie en repensant à quelques bonnes grosses tartines essuyées à la fin des années 90-début 2000. Parmi celles-là figurent en bonne place les deux premiers tonitruants opus de Rebaelliun (« Burn The Promised Land » et « Annihilation » le bien nommé), accompagnés des premiers méfaits de Krisiun bien évidemment, de Nephasth ou encore du dévastateur « Evoking The Abomination » d’Abhorrence. Le point commun, en dehors de leur patrie d’origine, étant essentiellement de ne pas faire dans la dentelle mais plutôt dans le dépeçage de tympans en règle. Autant dire que le retour annoncé du quatuor de Porto Alegre, quinze ans après « Annihilation », en a émoustillé plus d’un. Rebaelliun allait-il poursuivre son entreprise de destruction de masse ou sombrer dans la redite fadasse Krisiunienne ? Suspeeeeeense…
Evidemment du suspense il y en a peu, avec un note plus que correcte vous vous doutez bien que « The Hell’s Decree » (tiens, ça ne vous dit rien ça ?), a plus de la confirmation que du comeback faisandé. Sans être un retour aux sources pur et dur malgré le clin d’œil évident à leur premier opus (« Hell’s Decree » étant le titre de la sixième piste de « Burn The Promised Land » dont Rebaelliun va même jusqu’à reprendre à l’identique son riff de fin au début de « Crush The Cross »), cette nouvelle offrande perpétue l’esprit d’un death metal ravageur et sans (trop de ?) concession. Si l’ensemble s’est un peu assagi, les Brésiliens n’ont pas perdu cette force de frappe qui vous prend férocement à la gorge et à ce titre « The Hell’s Decree » contient comme ses ainés son lot de mandales bien senties, de celles que l’on se prend avec un plaisir malsain et l’envie irrépressible d’en remettre une couche : « Affronting The Gods » (meilleur titre de l’album en ce qui me concerne) s’ouvre sur un blast dévastateur accompagné d’un riff ultra efficace histoire de bien vous mettre dans l’ambiance et ce ne sont pas « The Path Of The Wolf » ou la guerrière « Dawn Of Mayhem » qui viendront calmer les ardeurs (raaaah ce refrain refrain à hurler le poing levé dans un rictus belliqueux « Light is fadiiiiiing […] Dawn of mayheeeeem !! »), ni la conclusion « Anarchy (The Hell’s Decrees Manifesto) » qui vous prodiguera une dernière livraison de blasts en bonne et due forme toujours mis en exergue par le chant agressif d’un Lohy Fabiano dont le growl prendrait presque parfois des accents Barneysques. On progresse donc toujours en terrain hostile, subissant cette brutalité franche et sauvage conduite par le matraquage impétueux d’un Sandro Moreira qui semble demeurer étranger à toute idée de délicatesse (miam miam quand même tous ces bons blasts !).
Seulement si le fond n’a pas radicalement muté, la forme se veut quant à elle tout de même plus variée, plus ambiancée dans son riffing comme dans sa rythmique. Rebaelliun, loin d’avoir retourné sa veste entendons-nous bien, se veut toutefois ici plus lisible, calibré mais toujours sadiquement maitrisé et servi par une production puissante, limpide et sèche mais plus ronde (nous sommes en 2016). Accompagnant donc ces rafales de blasts, de nombreux passages mid-tempo (on frôle même le groovy sur « The Path Of The Wolf » à 59’’ et « Anarchy (The Hell’s Decree Manifetso) » à 34’’) voire franchement lents viendront aérer et alourdir un propos se voulant également plus mélodique (dès « Affronting The Gods » et ses quelques arpèges comme sur « Fire and Brimstone », le riff de « Legion » ou celui de « Rebaelliun »). Si ces dernières sont une vraie valeur ajoutée en termes d’ambiance et d’accroche, je reste plus circonspect sur la facette la moins véloce de l’album et notamment une « Fire and Brimstone » assez dispensable venant surtout casser la dynamique d’ensemble, là où « Crush The Cross » parvient, elle, à allier mid-tempo rampant et brutalité crasse. On a parfois le sentiment que le combo a tout de même un peu trop simplifié le propos, j’en veux également pour preuve un ratio riff/titre assez bas. Bref, il manque un peu ici de la folie destructrice des deux premiers opus et qui faisait partie de l’ADN de Rebaelliun à tel point qu’on finirait presque l’écoute en manque de tartinage (un comble pour un album des Brésiliens !).
Ne boudons pas notre plaisir pour autant, car même si « The Hell’s Decrees » nous propose un Rebaelliun un chouia plus sage et lorgnant parfois plus du côté de l’ange morbide que de son cadavre, je préfère voir le verre de caipirinha aux trois-quarts plein tant l’album reste globalement méchamment punitif tout au long de ces trente minutes qui défilent à vitesse grand V. Moins vicelard et impitoyable peut-être, plus facile d’accès certainement, « The Hell’s Decrees » reste un album d’une redoutable efficacité bardé de riffs autoritaires appuyés de blasts à vous transpercer les tympans et de soli frénétiques crachés à la gueule. Rebaelliun est donc encore loin de faire dans la dentelle et on aimerait bien ne pas avoir à patienter encore quinze ans avant de se manger la suite.
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