Azziard - Liber Secondus - Exégèse
Chronique
Azziard Liber Secondus - Exégèse
Il y'a pratiquement trois ans la sortie du redoutable
« Metempsychose » marquait le début d’un nouveau cycle à la fois conceptuel et musical pour la formation Francilienne, qui abandonnait la thématique de la première guerre mondiale pour offrir à son auditoire une musique plus racée et ténébreuse. Fort d’un line-up inchangé et motivé comme jamais le quintet a pris le taureau par les cornes et a décidé de continuer dans cette même voie (le contenu du fameux « Liber Novus » de Carl G. Jung est encore de la partie), afin de poursuivre l’œuvre entamée en 2017 et faire ainsi de ce quatrième album le plus réussi et homogène de toute sa carrière. Si le groupe avait montré sur sa précédente livraison une influence Death plus marquée, ce nouveau chapitre maintient cette dynamique en y ajoutant plus d'ambiances ésotériques et psychologiques, afin de proposer une musique plus "accessible" et aérée sans pour autant y perdre en puissance et créativité. Car il faudra là-encore du temps et de nombreuses écoutes pour s'imprégner complètement de cet océan de noirceur, où la brutalité bien que présente sait s'effacer à de nombreuses reprises afin de laisser plus de place aux passages occultes, portés par des parties vocales des plus travaillées et imposantes.
On sent en effet d'entrée que le voyage proposé ne va pas être de tout repos et va faire passer l'auditeur par tous les états, vu que l'introduction intitulée « Seven Sermons To The Dead » va être une montée en pression progressive, où les notes douces et froides émergeant du néant avant de laisser place à une explosion de violence glaciale et mécanique (où la brutalité va retentir à la face du monde), et servir ainsi de tremplin à l'arrivée du redoutable « Retrouvailles Avec l'Âme ». Car ici le combo montre avec merveille de quoi il est capable en variant constamment les tempos, et n'hésitant pas à jouer les montagnes russes entre explosivité et lourdeur, sans oublier d'y greffer des arpèges coupants et glaciaux mais sans pour autant mettre la douceur de côté (afin d'accentuer le grand-écart proposé). Du coup ayant placé la barre très haut d'entrée on se dit que les gars vont avoir du mal à enchaîner, et pourtant ils y parviennent sans problème via l'excellent « The Three Prophecies », qui montre une facette plus ténébreuse et religieuse. Cependant sans que la violence ne s'efface la bande arrive à insuffler une vraie crédibilité aux passages ésotériques (portés par un chant hyper travaillé où A.S.A s'est surpassé), tout en voyant des parties tribales résonner dans le vide sidéral à l'instar de ses notes de guitares éclairées, qui servent de lumière au milieu de ce déferlement d'obscurité. Ce schéma de messe noire va même s'intensifier sur la plage suivante (le bien nommé et très bon « Incantation »), où la rythmique va s'abaisser pour laisser plus de place au grand prêtre derrière son micro et créer ainsi quelquechose d'encore plus oppressant et angoissant. N'oubliant pas de greffer des passages acoustiques et quelques relents épiques du plus bel effet (afin de redémarrer la machine quand il le faut), on se retrouve en présence d'une réussite indéniable, à l'instar de « Images Of The Wanderer », qui mélange habilement les deux compos précitées et reste elle aussi bien calée sur une base des plus massives.
Cependant le classicisme et le côté rentre-dedans vont revenir ensuite via « The Scarlet Man » et « Le Chemin De Croix » (où l'on retrouve le style des précédents longs-formats) qui (re)mettent à l'honneur une certaine simplicité qui fait plaisir à entendre, tout comme les longues plages de blasts les plus furibardes. Et comme pour jouer le contre-pied une dernière fois les mecs vont proposer un mélange de tout ce qui a été entendu jusque-là avec « The Desert » des plus agréables, où la rapidité côtoie la lourdeur et où un côté science-fiction peut être facilement ressenti. Si jusqu'à présent tout cela était fort discret il se montre ici plus présent grâce à un côté synthétique qui renforce ce sentiment de déshumanisation (et où l'inconnu trouve toute sa place), la conclusion jouée à l'orgue venant d'ailleurs confirmer ce ressenti, histoire et clôturer cette galette implacable qui va demander de la patience pour être totalement assimilée.
Sans faire de bruit et restant fidèle à sa ligne de conduite AZZIARD confirme qu'il est bel et bien un des porte-étendards du Metal noir hexagonal, osant sortir légèrement des sentiers battus sans pour autant renier ses origines et les valeurs du genre. Du coup il fait peu de doutes que cette sortie se classera en bonne place dans les bilans de fin d'année, et il faudra oser sortir de sa zone de confort et de ses habitudes pour appréhender cette réalisation qui mérite totalement que l'on pose une oreille attentive dessus, et ce de façon fréquente et répétitive tant on la redécouvre au fil des écoutes !
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