Il y a ceux pour qui « déclinaison » est synonyme de « déclin », ceux qui attendent toujours de certains artistes une mise à plat, une nouveauté intégrale, « a game-changing experience » comme disent certaines fiches promotionnelles. Ceux-là, sans aucun doute, peuvent passer à côté de cet album de Blut Aus Nord qui est clairement... un album de Blut Aus Nord, comme écrit à l'extérieur (par sa pochette oubliable) mais aussi à l'intérieur, bourré de rappels à autrefois, de riffs labellisés, de mélanges marqués par une identité que, depuis quelques temps maintenant, l'on arrive à deviner d'avance. Pour cette fois, ce sera tant pis pour ceux-là.
Et puis, il y a d'autres qui, eux, aiment Blut Aus Nord. Pas seulement pour ses œuvres les plus radicales, pas seulement pour lui-même mais plus simplement car Blut Aus Nord, malgré l'impression générale de stagnation (qu'il est difficile de contester), hé bien, ne sort jamais vraiment deux fois le même disque. Un constat qui vaut pour
Deus Salutis Meæ, ce longue-durée étrangement court (trente-quatre minutes au compteur, presque un EP en terme de feeling) qui, au-delà des clins d’œils nombreux que l'amateur assidu décèlera dès la première écoute (de
The Mystical Beast of Rebellion à
Cosmosophy en passant par
The Work Which Transforms God, tout ou presque fait son apparition en guest star), apporte encore de sa subtile façon une vision autre du projet français, vision brouillée, parfois embrouillée (« Abisme », assez anecdotique en elle-même), mais suffisamment prenante pour ne pas mettre cette cuvée 2017 dans la même poubelle qu'un pâlot
Odinist.
Car
Deus Salutis Meæ contient des morceaux à placer aux côtés de ce que Blut Aus Nord a sorti de plus jouissif, bourrin et pervers. Impossible de résister aux guitares death metal de « Impius » et doom / death metal de la fin de « Apostasis », à ces haillons de
MoRT qui se font langues, sifflements, peaux-vertes, serpentant entre des chœurs fatidiques lors de « Chorea Macchabeorum ». De même, c'est avec plaisir (le maître-mot ici) que l'on sent arriver « Revelatio », ses leads dégueulasses comme même Ævangelist n'en arrive plus à faire, son riff industriel qui termine la chose avec une accroche entourée de glu, aussi pop que déglingué. Oui, Vindsval en a encore sous le capot pour nous impressionner. Oui, il le fait par touches, assez pour regretter qu'il n'y aille pas un peu plus au bélier, même dans l’enivrement avec lequel il aime jouer, en bon marionnettiste sadique. Et oui, en dépit de ses nombreux défauts dont le plus gros est clairement l'absence d'un franc parti-pris, cet essai ne donne toujours pas envie de faire la fine bouche.
À vous de regarder votre étagère, de réécouter les
splits avec P.H.O.B.O.S. et
Ævangelist (dont, au final,
Deus Salutis Meæ se rapproche le plus), de voir si un album supplémentaire de Blut Aus Nord vous intéresse. Mais gardez en tête que
Deus Salutis Meæ sera un peu plus que cela pour ceux qui, amoureux de la formation, voient dans le mot « déclinaison » ce qu'il signifie vraiment : l'expression d'une partie d'un tout, que les chercheurs ne s'ennuieront pas de continuer à vouloir étudier ici.
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