« Ni fait, ni à faire » : si vous voulez une synthèse de mon avis sur
La Ilden Lyse, cette formule d’un ami concernant ce nouvel album d’Okkultokrati fera très bien l’affaire.
Mais qu’est-ce qui a pu se passer pour que les Norvégiens passent du statut de groupe majeur – pour quelques personnes dont moi, le projet restant relativement confidentiel malgré une signature sur l’estimé Southern Lord – à celui de coupable de l’accident industriel de l’année ?
Raspberry Dawn, précédent longue-durée de la formation, fait partie de mes œuvres cultes de ces dernières années, synthétisant tout un pan de l’histoire de la musique tout en ouvrant des portes vers l’avenir, son syncrétisme entre punk, metal et musiques gothiques parvenant à trouver le dénominateur commun que tant ont cherché avant lui. Alors que les années 2010 ont été marquées par un retour en arrière stylistique, du post-punk au metal extrême, la bande d’Oslo a montré qu’il était encore possible de jouer avec The Cure, Celtic Frost ou Motörhead et créer à partir d’eux des riffs et atmosphères inédites.
Il est donc incompréhensible qu’Okkultokrati décide de succéder à ce coup d’éclat avec...
ça.
La Ilden Lyse est un disque qui paraît vouloir effacer les innovations et succès de
Raspberry Dawn, voire même stopper net les croquis préparatoires qu’étaient les albums précédents de la formation. Exit la mélancolie cachée derrière les lunettes noires, le cœur battant lourd et fort derrière le perfecto : place désormais à un black metal rock n’roll, répétitif et minimaliste, cherchant visiblement à faire danser les foules jusqu’à atteindre une certaine transe froide.
Problème : Okkultokrati n’est ici pas Satyricon, clairement pas Craft, même pas Watain et ne parlons pas de Darkthrone ou je vais m’énerver. Son optique radicale – c’est, du moins, telle que la présente le groupe – n’accouche que d’une succession de compositions rébarbatives nous tenant loin de toute impression de décoller malgré les invitations constantes de la formation à la rejoindre. On y croit durant « Thelemic Threat », sa batterie rageuse, ses guitares rachitiques frôlant le rockabilly ; on s’étonne de ne pas être encore dans les airs lors de « Grimoire Luciferian Dream » et son riff principal aussi classique qu’entraînant ; on lâche rapidement l’affaire lors de « Loathe Forever » et son absence totale de surprise. Trop sage et mécanique,
La Ilden Lyse joue son rock comme une affaire qui roule, mimant un feu qui peine à s’allumer chez d’autres que lui.
La critique est sévère mais à la hauteur de la déception. Les remises en question personnelles, les allers et retours répétés, n’y changent rien :
La Ilden Lyse est l’œuvre d’un groupe qui se repose sur un son qu’il a magnifié autrefois et qui le répète sans substance, le vidant de toute l’audace qu’il pouvait avoir auparavant, jusqu’à des claviers au son toujours délicieusement vaporeux mais relégués en fond et utilisés simplement comme appui rythmique, telle une fête foraine que l’on entend au loin (oui, le ridicule est quant à lui tout proche). Le plus frustrant dans tout cela étant que l’impression finale reste celle d’un disque contenant malgré tout, en gestation, quelques idées qui auraient pu donner un nouveau hold-up de la part d’Okkultokrati, comme l’entame furieuse de « Freezing Vortex Death Dreamer » les élans rock de « Kiss of Death » ou encore le froid habitant « Mother Superior ».
Mais ces bouts de début de quelque chose n’éteignent pas les bâillements – nombreux – parcourant ces quarante-six minutes bien longues.
La Ilden Lyse, définitivement, est un album raté, mal fini et que l’on espère ne pas rencontrer de nouveau de la part d’Okkultokrati. « Ni fait, ni à faire ».
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