Repuked - Dawn Of Reintoxication
Chronique
Repuked Dawn Of Reintoxication
Agissant dans l’underground le plus crasseux depuis 2007 le quatuor de Stockholm n’a pourtant jamais bénéficié d’une véritable notoriété, malgré une productivité élevée depuis sa création avec quasiment une sortie différente chaque année sous les formats les plus divers. Pourtant depuis la réalisation de son Split avec BONESAW il y’a cinq ans celui-ci n’avait pratiquement plus fait parler de lui, et l’on finissait par se demander s’il était toujours actif, question où l’on peut désormais répondre par l’affirmative avec ce troisième opus, dans la droite ligne des précédents et toujours aussi brut et bas du front. Car les Suédois n’ont jamais prétendu vouloir réinventer la musique, au contraire ceux-ci depuis leurs débuts nous ont habitué à balancer un son grassouillet et putride au possible, digne de leurs compatriotes de DISMEMBER, GRAVE ou ENTOMBED, avec cependant une noirceur plus imposante remplie d’influences gores et de perversions diverses.
Il n’y a qu’à écouter « Livers Bleed » qui ouvre les débats pour s’en apercevoir, tant sa première moitié est portée par une rythmique Doom suffocante qui renforce le sentiment d’étouffement et d’obscurité, notamment par des riffs coupants glauquissimes. Néanmoins afin d’éviter de tomber trop vite dans la redondance le combo a la bonne idée ensuite d’accélérer et de miser donc sur la vitesse pour sa seconde partie, où entrain et long solo sont de la partie, mettant ici en avant son côté Crust/D-Beat et je-m’en-foutiste histoire de proposer de la variété, et de montrer de quoi il est capable avec une bonne part de sa palette technique ici révélée. Pourtant si on a vite fait le tour de ce genre d’album les Scandinaves n’ont pas encore dévoilé l’intégralité de ce qu’ils savent faire, la preuve avec le très bon « Fucking Your Fucking Corpses » qui joue là-encore sur le grand-écart entre lenteur et entrain, mais montre également un certain groove qui donne envie de remuer la tête. Si cette sensation pointait le bout de son nez précédemment, avec « Shitfister » elle se fait plus présente encore via un mid-tempo redoutable ponctué d’accélérations diverses et redoutables, le tout avec un sentiment horrifique renforcé de par une froideur plus pénétrante. Si ce début de galette est relativement classique (mais parfaitement réussi) progressivement cela va se densifier ou alors aller plus loin dans la radicalité, sur ce dernier point le redoutable « Kick Fuck » se révèle être impeccable tant il lorgne vers le Punk (en même temps avec un nom pareil on s’en serait douté), en ne débandant pas un instant durant presque deux minutes. Tout le contraire du différent et agréable « Retribution From Behind » plus posé rythmiquement et porté par des ambiances Doomesques, d’où émergent une légère montée en pression à la fin de cette vitesse bridée et écrasante (où le riffing se fait plus glauque et putride qu’auparavant). Servant de transition avant la pause qui arrive juste après, « Global Burning » se fait quasiment dansant et propice au headbanging, et nul doute qu’avec cette tuerie à la rapidité foudroyante, les gars ont trouvé un de leurs futurs hymnes scénique, à la sobriété toujours impeccable.
Si jusqu’à présent ça baignait en plein dans les années 90 l’interlude « Dawn Of Reintoxication » nous renvoie une décennie en arrière directement dans les 80’s, via un son de claviers très Synthwave dont l’ambiance nous rappelle les vieux films de John Carpenter, et permet de faire une pause bien sympathique. Car la seconde moitié de ce long-format va progressivement un peu tomber en intensité, à cause notamment d’une sensation de pilotage automatique, de plans interchangeables et d’une petite baisse d’inspiration. En effet que ce soit sur l’expéditif et sans surprises « Vodka Til The Grave » (mené tambour battant), ou les répétitifs « Repulsive Erected And Anally Infected » et « Sewer Rain », l’ensemble donne la sensation de tourner en rond même si « Excursion Through Perversity » remonte un peu le niveau, avant la (trop) longue pièce-maîtresse. Avec ses neuf minutes au compteur « Morbid Obsessions » va en effet s’étirer inutilement sur la fin (où retentissent de longs larsens et explosions) tout en n’amenant rien de plus à l’ensemble, vu que ça se contente de reprendre ce qui a été déjà proposé auparavant.
Si cet opus aurait gagné en force et en accroche en étant amputé de quelques plages inutiles le résultat est quand même convaincant et suffisamment bien foutu pour qu’on y revienne de temps en temps. Ne se prenant jamais au sérieux et étant rempli de fougue il propose des moments parfaits pour se défouler et se vider la tête sans se poser de questions, même si l’on a parfois l’impression d’écouter en boucle la même chose. Ponctué d’excellents solos et sentant l’humidité et la bière par tous les pores il démontre que le groupe est un bon artisan de deuxième division, qui sans atteindre l’aura de ses aînés fait office de bonne ouverture de festival ou de tête d’affiche, ce qui est toujours bon à prendre même s’il y’a peu de chances qu’il puisse viser plus haut à l’avenir.
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