Si pour beaucoup
Sarsippius’ Ark fût considéré comme une véritable déception (certes toute relative puisque si pas mal de titres font effectivement grise mine ou présentent assez peu d’intérêt en comparaison de ce que le groupe a pu produire précédemment, d’autres n’ont à l’inverse pas manqué de convaincre ni même de réjouir (je pense toujours à cette délicieuse reprise de "Fame")), les Californiens d’Infectious Grooves n’ont cependant pas tardé à rebondir puisqu’un petit peu plus d’un an après la sortie de ce vrai/faux deuxième album aux allures de compilation un brin fourre-tout, ces derniers revenaient sur le devant de la scène avec sous le bras un troisième essai longue-durée intitulé
Groove Family Cyco. Un retour que l’on aurait tout à fait pu qualifier de prématuré si le succès n’avait finalement pas été aussi retentissant.
Eh oui, après un deuxième album en demi-teinte, Mike Muir et ses acolytes (dont le jeune batteur Brooks Wackerman âgé de seulement 18 ans embauché pour remplacer monsieur Josh Freese) ont décidé de reprendre les choses en main et de frapper un grand coup histoire de marquer les esprits et de rappeler que dans le genre Fusion aux forts accents Metal, les Californiens sont probablement (assurément) ce qui se fait de mieux dans le genre. Un retour aux affaires illustré comme toujours par le guitariste Adam Siegel et qui pour l’occasion révèle une famille de batraciens à l’allure particulièrement menaçante qui évoque chez moi une espèce de version encore un petit peu plus déjantée et vicieuse du célèbre film d’horreur Killer Clowns From Outter Space.
Produit par Michael Vail Blum (Madonna, Cyco Miko, Suicidal Tendencies, Focal Point...) aux Titan Recording Studios de Los Angeles puis mixé et masterisé par Paul Northfield (Gentle Giant, Soft Machine, Rush, Alice Cooper...) et Brian Gardner (Miles Davis, Creedence Clearwater Revival, Kiss, Parliament...),
Groove Family Cyco bénéficie d’une production particulièrement musclée qui encore aujourd’hui s’avère être la plus "Metal" de la discographie des Californiens. Une caractéristique de taille qui, en plus d’un équilibre parfait entre chaque instrument, confère à ce troisième album une puissance de feu phénoménale.
Cette production soignée qui en 2022 n’a d’ailleurs pas pris une seule ride, est ici au service de titres particulièrement "violent" et "funky". Une fusion toujours aussi délicieuse et réjouissante de guitares Thrash / Crossover et de rythmiques tantôt haletantes à la sauce tchouka-tchouka des familles, tantôt bien plus sexy et chaloupées. Alors non, rien de bien nouveau du côté des Californiens si ce n’est une inspiration retrouvée et une succession de compositions toutes plus convaincantes et efficaces les unes que les autres puisque finalement à l’heure de faire les comptes, il apparaît qu’il n’y à là pas grand chose à jeter. Si des titres comme "Violent & Funky" ou "Cousin Randy" ont probablement été un peu trop entendus par ceux ayant découverts l’album à sa sortie, notamment au travers de leurs clips largement diffusés (à des heures tardives) sur M6, MCM et autre MTV,
Groove Family Cyco déborde néanmoins d’autres morceaux incroyablement bonnards. "Boom Boom Boom" et ses mid-tempo au groove extrêmement contagieux ou bien son refrain qui vous rentre rapidement en tête, "Frustrated Again" et ses allures de titre Punk / Hardcore aussi direct que concis, "Rules Go Out The Window" et son ADN Funk évident avec cette basse toujours aussi affolante et ces guitares qui cocottent à tout va, "Groove Family Cyco", "Die Lika Pig", "Do What I Tell Ya!" en réponse au "Fuck You I Won’t Do What You Tell Me" de Rage Against The Machine, "Why?", "Made It"... Bref, je ne mentais pas, il n’y a rien à jeter ici.
Toutefois, ce troisième album n’est pas exempt de reproche. En effet, où sont passés Aladdin Sarsippius Sulemenagic Jackson The Third et ses tirades toujours aussi drôles et subtiles ? Certes, la verve de Mike à travers certaines de ses paroles continue d’entretenir ce ton léger et rigolard qui fait une partie de l’identité de la musique des Californiens mais l’absence de ce personnage à l’égo ankylosé, toujours un petit peu à l’ouest et pas avare en allusions sexuelles se fait tout de même cruellement ressentir. Certes, l’album gagne en efficacité puisqu’ici toutes les compositions s’enchainent sans aucun temps morts mais du coup l’ambiance en prend un petit coup puisqu’au final
Groove Family Cyco n’a pas tout à fait le fun et la légèreté de ses deux prédécesseurs.
Heureusement, rien de grave puisqu’au final ce qu’il ressort de ce troisième album c’est bien le sentiment d’avoir retrouvé le Infectious Grooves de
The Plague That Makes Your Booty Move... It's The Infectious Grooves. Certes dans une version un peu plus virile et musclée et également un peu moins pince-sans-rire mais comme on ne peut probablement pas avoir le beurre et l’argent du beurre, nombreux sont ceux qui ont su s’en contenter. Cependant, si celui-ci a longtemps eu ma préférence plus jeune (le premier album du groupe n’ayant pas vraiment réussi à me convaincre à l’époque), je dois bien avouer qu’aujourd’hui je lui préfère son aîné (premier du nom et non
Sarsippius’ Ark) peut-être justement à cause de cette approche moins "fun". Quoi qu’il en soit, comme évoqué un petit peu plus haut, dans un genre Fusion Funk / Metal ensoleillée (qu’à quelques exceptions près je ne pratique pas beaucoup), Infectious Grooves n’a pas volé ni trahi sa réputation. Certes, la suite ne sera plus jamais aussi éblouissante mais peu importe car ces trois albums (allez, deux et demi) ont suffit pour définir le genre et le marquer à tout jamais.
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