Ironsword - Servants Of Steel
Chronique
Ironsword Servants Of Steel
Ironsword, rien qu’avec le nom, l’on sait déjà à quoi l’on va avoir à faire et je veux bien entendu parler de véritable heavy metal épique, pour ne pas dire bien guerrier dans l’esprit. Cela fait maintenant un quart de siècle que le chanteur guitariste Tann - qui a joué sur les premiers enregistrements de Moonspell à l’époque -, tient tant bien que mal sa barque avec Ironsword, en gardant toujours la formation sous la forme du power trio au grès des changements de batteurs et de bassistes depuis tout ce temps. Surtout, durant les années deux mille, et bien avant que cela ne redevienne à la mode, Ironsword était l’un des rares étendards de ce genre musical alors en activité, proposant des albums bien faits, pour ne pas dire excellents, et vraiment zélotes quant à ses principales influences. Cinq années après le très bon None but the Grave, les Portugais nous reviennent avec leur cinquième album, le bien nommé Servants of Steel, dont on avait eu un amuse bouche quelques mois auparavant avec l’EP In the Coils of Set, très alléchant, au même titre que cette pochette, qui, quand je l’avais découverte, m’avait fait un peu trépigner d’impatience. Souvent, l’on est déçu après avoir autant attendu un disque ce ne sera pas le cas avec Servants of Steel.
Avant de rentrer dans le vif de sujet et comme l’on peut s’en rendre compte autant avec la pochette, qu’avec la typographie utilisée sur cette dernière et les titres même des compositions de cet album: chez Ironsword l’on adore le personnage de Conan le Cimmérien. Au point que tous les titres font références à plusieurs des fabuleuses nouvelles écrites par Robert E Howard. Ce n’est pas la première fois que Tann fait référence à ce personnage emblématique et au monde créé par l’auteur Américain, c’était déjà le cas dès leur deuxième album Return of the Warrior, mais là, le cap a été franchi en se focalisant uniquement sur ces nouvelles, qui ont toutes inspiré les paroles de ces douze titres. Autant dire que lire ces dernières en écoutant cet album est on ne peut plus approprié, quoique potentiellement rendu difficile si l’on se met à headbanguer au lieu de lire, et vu le style pratiqué, c’est on ne peu plus pertinent. L’on est loin du concept foireux, car si c’est assez clichesque en soi, c’est fait avec une réelle dévotion. L’autre aspect important chez Ironsword, c’est que Tann et ses comparses adorent le bon vieux heavy metal épique des familles, notamment Manowar, Omen, Brocas Helm et Warlord, pour ne citer que quelques unes de leurs influences. Aussi avons nous ici un savant mélange de heavy metal, souvent up-tempo avec quelques relents thrash metal dans la manière de jouer et d’exécuter les choses, mais aussi quelques temporisations bienvenues histoire de bien fracasser des crânes d’ennemis qui n’apprécient pas le vrai metal. Et là dessus, pas de tromperie sur la marchandise, il y a de quoi faire sur ces quelques cinquante minutes sans temps morts.
Surtout, chez Ironsword, l’on vénère un groupe en particulier et pas des moindres: Manilla Road. C’est même sans doute l’un des rares groupes qui aura repris dignement le flambeau de la formation du regretté Mark Shelton et qui l’assume pleinement et fièrement, il suffit de voir le code vestimentaire sur les photos à l’intérieur du livret. Ce dernier avait d’ailleurs posé son chant sur trois titres de l’album Overlords of Chaos à l’époque, et cet album lui est dédié. D’ailleurs, c’est Bryan Patrick, chanteur de Manilla Road, qui vient poser ses lignes de chant sur deux titres de cet album: Rogues in the House et Red Nails, ce qui n’a rien de surprenant et passe très bien sur ces compositions. Cela étant dit, toute personne qui adore Manilla Road, notamment la trilogie mythique des années quatre vingt, va évidemment retrouver son compte sur cet album. Entre les riffs acérés et ultra efficaces, les mélodies parfois étranges, comme ces arpèges sur Keepers of the Crypt ou sur Isle of the Damned, la manière de construire les compositions, beaucoup de choses y font penser. Ce qui est le plus troublant, c’est évidemment le chant clair de Tann qui est très similaire au chant un peu nasillard de Mark Shelton, c’est même parfois à s’y méprendre. Mais cela cadre très bien avec le tableau, surtout qu’il l’alterne avec son chant forcé plus grave et, pour le coup, bien plus barbare dans l’esprit et le rendu. Bref, si vous n’aimez pas le chant haut perché dans le heavy metal, là-dessus Ironsword devrait vous convenir et même vous ravir à souhait, voire plutôt vous conquérir, pour rester dans la vif du sujet.
Évidemment, étant donné ce que je viens de décrire, il est sans doute plausible que beaucoup pourraient nier l’intérêt d’un tel album, et pourtant il en vaut vraiment et pleinement le détour. Déjà parce que passé cette petite introduction qu’est Hyborian Scrolls, qui plante bien le décor, l’on enchaîne excellentes compositions sur excellentes compositions, sans temps morts, mais avec suffisamment de variété pour ne pas décrocher et attendre péniblement la fin du disque. Et ce dernier comprend énormément de moments de bravoure, avec déjà des refrains à s’époumoner sous la douche, en caisse, enfin, peu importe où, comme notamment celui de Son of Crom, tellement ils deviennent vraiment entêtants. Surtout, il y a des instants épiques et magiques, comme sur Black Colossus, avec ces arpèges au milieu du morceau avant que le trio ne revienne à la charge. Dans tous les cas, si cela mise plutôt sur l’efficacité de la chose, car au final les compositions sont très accrocheuses et le plus souvent très véloces, le trio a suffisamment de cordes à son arc pour nous tenir en haleine sur cette réalisation. Il y a évidemment les petites nuances mélodiques sur chaque titre, les ponts et autres passages instrumentaux de temps à autres quand le groupe sort du schéma couplet/refrain, et surtout, cette alternance géniale entre les deux types de chants. Une des réussites de cet album est sans conteste le titre Tower of the Elephant, plus nuancé avec des passages bien puissants, comme si nous étions avec le Cimmérien en train d’affronter les créatures cachées dans cet édifice. Mais je pense qu’un tube comme Son of Crom devrait finir par vous faire baisser votre garde.
Mais malgré tout ce que vous avez pu lire précédemment, Ironsword va bien au-delà du simple tribute band, il a sa personnalité et a su reprendre tous les éléments décrits ci-dessus à son compte et réussir, à nouveau, un très bon album. Qu’ajouter à tout ceci si ce n’est que Servants of Steel est une nouvelle réussite de la part des Portugais. Encore une fois, il est question de heavy metal on ne peut plus racé et surtout très puissant, et qui ne ressemble à nul autre pour ce qui est des formations actuelles bien plus en vues. Surtout, il n’y a pas besoin de mille et uns artefacts pour faire passer le message: ici, c’est la voie du Barbare que l’on va suivre, et c’est un très bel hommage au Cimmérien auquel nous avons le droit, et l’idée de se concentrer uniquement sur les nouvelles d’Howard, si elle n’est pas innovante en soi, est très bien portée par les Portugais. Servants of Steel est ainsi une très belle réalisation et une réussite et tient facilement la dragée haute face à toutes ces formations évoluant dans les mêmes sphères et bien plus à la mode actuellement. Ironsword a non seulement mis ici en avant son talent, toute sa personnalité et toute son originalité, mais également une réelle sincérité, - l’on parle d’une formation qui a toujours pratiqué ce style et qui n’est pas là pour profiter de la hype -, et une efficacité à toute épreuve. Évidemment, Ironsword est sans doute plus rustre de primes abords et demeurera malheureusement un plaisir d’initiés, mais cela reste encore en deux mille vingt un fier étendard du heavy metal épique.
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