Achelous - The Icewind Chronicles
Chronique
Achelous The Icewind Chronicles
Comme dit précédemment, l’epic metal a le vent en poupe ces dernières années, avec pas mal de bonnes sorties et de groupes qui ont émergé un peu partout dans le monde, et pas uniquement de l’autre côté de l’Atlantique. Il n’est donc pas surprenant de voir des groupes en provenance de Grèce émerger durant la dernière décennie et évoluant dans ce style musical, avec des noms tels que Black Sword Thunder Attack, Hercules et Achelous qui nous concerne ici, même si l’on pourrait dire que c’est une scène qui a été active dès la fin des années mille neuf cent quatre vingt, avec des références telles que Battleroar, ou bien encore Alpha Centauri. À son origine, Achelous était le projet de Chris Achelous, qui sortit deux démos instrumentales tout seul, avant d’être rejoint par le chanteur Chris Kappas, puis par d’autres musiciens, même si le turn-over a été conséquent, les menant à sortir un premier EP, The Cold Winds of Olympus, en deux mille quinze, et un premier album Macedon, en deux mille dix huit, assez correct dans l’ensemble, non sans avoir écrit le générique d’un événement de la ligue de catch grecque entre temps. Les Grecs ont depuis lors quasiment stabilisé leur line-up, puisque entre la sortie de Macedon et la sortie du présent The Icewind Chronicles, le guitariste Haris Dinos a été remplacé par Vicky Demertzi. Voilà pour les présentations sommaires du groupe, qui, s’il est assez passé inaperçu pour le moment, pourrait toutefois surprendre avec ce second album.
Pourquoi je dis surprendre, et dans le bon sens du terme, et bien parce que Achelous nous propose ici un album assez plaisant et que, si l’on devait faire une comparaison avec son prédécesseur Achelon, la seule chose qui viendrait à l’esprit c’est celle-ci: plus fort, plus complet et plus mémorable. Le quintet reste ainsi fidèle à son epic metal dévoilé il y a quelques années, et l’on fait ici la part belle à des titres assez simples et directs, non dénoués de moments de bravoures, avec des refrains et des ponts qui restent bien en mémoire. L’on sent bien ici l’influence de grands noms tels que Omen, Brocas Helm, Manowar, et, plus proches de nous, avec les Italiens d’Holy Martyr, avec lesquels ils partagent pas mal de similitudes. À l’instar de ces derniers, l’on est plutôt conteur chez Achelous, et après avoir fait un album centré sur Alexandre le Grand sur Macedon, les Hellènes nous dévoilent ici un album centré sur le personnage Drizzt Do’Urden, le célèbre Elfe Noir des romans de Robert Anthony Salvatore. C’est sans doute cela qui nous donne une certaine fluidité entre les titres, et, surtout, une ligne directrice qui se ressent non seulement au niveau des paroles qu’au niveau musical, c’en est ainsi fini des incartades un peu grossières et hors de propos d’un Gaugamela du précédent effort. Il n’y a rien de tout ceci, et l’on navigue entre titres efficaces et directs, avec souvent des chœurs guerriers, et d’autres titres plus nostalgiques comme sur Mithril Hall et Outcast. Le tout est d’ailleurs porté par une production très opportune pour le genre, assez ample d’ailleurs, et qui rend justice à la musique d’Achelous.
SI les titres sont assez directs et très efficaces, n’excédant qu’à deux reprises les six minutes, cela ne sombre jamais dans une facilité affligeante. Le groupe a pris le temps pour soigner ses compositions, avec un beau travail aux guitares, les riffs étant bien acérés et les lignes mélodiques sont bien léchées, avec moult leads, harmonisations et soli qui viennent émailler chaque titre. Les tempi sont assez variés, volontiers dans un registre mid tempo, mais il y a suffisamment de variété pour ne pas se lasser, et l’on retrouve un peu cette veine héritée du power metal européen dans ces instants plus véloces, avec passages à la double grosse caisse, je pense notamment à Flames of War. Le groupe maîtrise aussi les passages plus posés et poignants qui sont souvent suivis de passages plus emportés. C’est une recette des plus convenues, mais cela fonctionne toujours aussi bien. Dans tous les cas cela reste très efficace, et il n’y a rarement de parties superflues ou inconvenantes, à part un petit passage vers la fin du titre Outcast. Encore une fois, qui dit simplicité, ne veut pas dire que le groupe se contente de choses frustres. Il a su peaufiner les quelques détails mélodiques qui donnent une belle emphase à ses compositions. Je pense notamment aux acoustiques présentes sur l’introduction de Northern Winds ou bien encore sur Savage King, ce piano sur Outcast qui n’arrive pas comme un cheveu sur la soupe. Autre beau moment sur cet album, cette introduction à la basse acoustique de Savage King, qui viendra nous rappeler aux bons souvenirs des titres épiques d’un Iron Maiden.
Les influences sont ainsi évidentes, mais elles sont très bien digérées et l’on a ici un groupe avec une personnalité affirmée et qui a su prendre du recul par rapport à sa musique pour en corriger ses quelques défauts, et, encore mieux, étoffer ses compositions. Je pense ainsi à plusieurs éléments qui viennent diversifier les titres et rendent ainsi cet album assez attachant. Il y a par exemple ces phrasés plus folkloriques sur Savage King ou sur The Crystal Shard, qui donnent une coloration assez intéressante à l’ensemble, un peu inhérente à son origine géographique si je devais faire des ponts avec d’autres références plus extrêmes. Plus marquant sans doute, ce chant féminin sur Mithril Hall, un titre plus mélancolique, et qui est non seulement très bien tenu par Christina Petrogianni et qui apporte une touche plus nostalgique et un peu rêveuse à l’ensemble, ce qui sera la même chose pour ce qui est de ses interventions sur le titre Outcast. Le chant, c’est souvent ce qui va faire la différence pour ce qui est de l’epic metal. Et dans ce registre Chris Kappas s’en sort très bien avec un chant clair dans un registre médian, mais très puissant et avec une réelle personnalité, qui me rappelle un peu Alessandron Mereu de Holy Martyr, notamment dans ce côté plus granuleux, un peu comme Paul Di’Anno. Et il faut avouer que les compositions, en dehors de leurs forces propres, mettent en valeur sa voix, avec notamment pas mal de refrains ultra accrocheurs. Le groupe a d’ailleurs apporté un soin particulier aux chœurs, présents fréquemment, où les voix sont souvent doublées, parfois avec du chant féminin: ceci apporte ainsi une certaines profondeur à l’ensemble, sans sombrer dans les excès de certaines formations qui en usent et en abusent.
Il va sans dire que tous ces éléments nous donnent un album plus que plaisant et qui a un potentiel de grower au jeu au fil des écoutes, là où une première écoute pourrait laissait croire à quelque chose d’assez quelconque, il n’est en est rien au final. Si sa durée est assez courte, à peine une quarantaine de minutes, The Icewind Chronicles a au moins le mérite de ne point contenir de titres plus faibles, et le tout s’enchaine de manière assez plaisante, et l’on se laisse ainsi prendre rapidement au jeu de ces différentes péripéties de l’Elfe Noir qui nous sont narrées ici. Achelous ne révolutionne aucunement le genre avec cet album, c’est acquis, mais il a pourtant réalisé un album très plaisant avec ses charmes et ses armes et c’est très enthousiasmant de constater qu’il y a encore des musiciens capables de faire une musique sans fioritures et sans un certain côté tapageur, mais qui tient la longueur et sait nous tenir en haleine. C’est cela qu’il faut retenir de ce bel album, ce d’autant que le groupe y affiche de très nets progrès par rapport à sa précédente réalisation, et qu’il devrait ravir tout amateur de heavy metal, épique ou non, car outre le fait de savoir allier efficacité et musicalité, les Hellènes ne sombrent jamais dans le côté pré-mâché et carton pâte de bons nombres de ses contemporains. Et rien que pour cela, The Icewind Chronicles mérite que l’on s’attarde dessus, tant Achelous a su faire preuve d’honnêteté, de travail et d’intégrité dans sa musique.
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